« le coronavirus pourrait ne jamais disparaitre » avertit l’OMS
Belgique, Allemagne, France, Italie etc. De nombreux pays lèvent progressivement le confinement. Mais le déconfinement ne sonne pas la fin de l’épidémie. Le virus continue de circuler et il est plus que jamais nécessaire de respecter les règles de distanciation sociale afin de les limiter les risques de transmission et de contamination. La question qui se pose alors est : quand le coronavirus disparaitra-t-il. A cette interrogation, l’OMS apporte une réponse pour le moins pessimiste. Le Parisien rapporte qu’un responsable de l’organisation onusienne prévient que le virus « pourrait ne jamais disparaitre ».
Cynique ou simplement prudente, l’OMS semble en tout cas envisager le pire. Pour Michael Ryan, directeur des questions d’urgence sanitaire de l’Organisation Mondiale de la Santé, le Sars-cov-2 « pourrait ne jamais disparaitre ». Lors d’une conférence de presse virtuelle tenue à Genève, l’expert a prévenu qu’il était possible que le virus « devienne endémique dans nos communautés ». Et pour cause, le nombre d’inconnues qui subsistent cinq mois après l’apparition de l’infection au nouveau coronavirus en Chine.
Pour l’OMS un seul mot d’ordre : Prudence
Si pour beaucoup de personnes le déconfinement a été synonyme d’espoir, l’OMS tient à rappeler que nous sommes loin d’être sortis d’affaire. Pour l’agence spécialisée, il est nécessaire de se préparer à toute éventualité.
A l’heure où le virus qui a émergé à Wuhan a fait plus de 300 000 morts à travers le monde, Michael Ryan se montre peu rassurant. Encore inconnu il y a quelques mois, le nouveau coronavirus est encore loin d’avoir dévoilé tous ses mystères à la communauté scientifique. Et en l’absence de connaissances plus approfondies, il est pour le scientifique impossible d’affirmer sans équivoque que cette maladie ne va pas se transformer en « un problème de longue durée ».
Principale inconnue : l’immunité
Pour Michal Ryan, si la meilleure solution pour mettre fin à cette épidémie est la découverte d’un vaccin, plusieurs paramètres garantissent sa réussite. Parmi eux, la bonne « volonté politique ». « On avait des vaccins efficaces contre la rougeole (…) Mais par manque de volonté politique et par manque de détermination pour enquêter sur les systèmes de santé (…) nous n’avons pas pu éliminer cette maladie » précise-t-il.
Une affirmation soutenue par Soumya Swaminathan, scientifique en chef de l’OMS. Dans un entretien avec le Financial Times, elle explique que même dans le cas de l’élaboration d’un vaccin contre la covid-19, rien ne garantit son efficacité, sa sécurité, sa production et sa distribution équitable, reprends le Parisien. Pour la chercheuse, l’épidémie pourrait mettre du temps à être sous contrôle. « Quatre ou cinq ans » estime-t-elle.
En l’absence d’un vaccin, seul l’immunité collective pourrait stopper la propagation du virus. Mais encore une fois, cette condition revêt plusieurs zones d’ombre. Interrogée par France info, Karine Lacombe, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine à Paris est revenue sur le phénomène des « rechutes ». Elle explique que si c’est une « réinfection », c’est-à-dire que si le patient rétabli est infectée une seconde fois, c’est qu’il n’a pas développé d’anticorps protecteurs. Auquel cas, il serait impossible de développer une immunité collective. Toutefois, l’infectiologue tempère en précisant qu’en « l’état actuel des connaissances, il semblerait qu’il s’agisse plutôt de rechutes que de réinfections ». En d’autres termes, la personne infectée de guérit pas et les symptômes disparaissent pour réapparaitre quelques semaines plus tard.
De son côté, l’OMS insiste sur le fait que l’immunité grégaire ne devrait pas être une piste à privilégier. « Les humains ne sont pas des troupeaux » a rappelé Michael Ryan. De ce fait, l’application des mêmes normes aux êtres-humains pourrait conduire à « une arithmétique très brutale qui ne place pas les personnes, la vie et la souffrance au centre de l’équation ».