La vie en quarantaine vous rend insomniaque ? vous n’êtes pas seuls. Explications et solutions

Publié le 3 mai 2020

Notre rythme de vie est chamboulé à l’ère du coronavirus où plusieurs pays du monde adoptent le confinement pour lutter contre l’épidémie. Ce changement de rythme pourrait être l’instigateur de nombreux troubles chez certains, dont celui du sommeil. Zoom sur la manière dont le confinement affecte notre sommeil ainsi que sur des alternatives et solutions pour tomber dans les bras de Morphée avec Europe 1.

Le confinement est une période difficile pour bon nombre d’entre nous car plusieurs craintes s’entremêlent et s’ajoutent à l’ennui inhérent au confinement de longue durée ou à la séparation avec ceux qui comptent.

Patrick Rateau, le professeur de psychologie sociale à l’université de Nîmes et co-auteur de « Les peurs collectives », déclare que le premier effet de l’isolement serait la stigmatisation en précisant que la personne concernée pourrait avoir « une impression de rejet de son groupe, de se sentir fautive, de ne pas avoir pris les dispositions nécessaires ». Un sentiment de culpabilité qui ne fait que ronger la santé mentale.

Un bousculement des rythmes biologiques

Selon les observations du Dr Sylvie Royant-Parola, spécialiste du sommeil et présidente du réseau Morphée, il y aurait « un retentissement lié à la fois à l’anxiété ambiante et au confinement lui-même ». Elle explique par ailleurs le chamboulement de la vie des individus qui ne peuvent plus vaquer à leurs habitudes et ce « dans un système sans beaucoup de relations avec les autres ». Cette envie de sortir voir du monde, d’échanger sur les plus anodins des sujets, n’est pas assouvie et la patience est alors plus que jamais nécessaire.

Les troubles observés pas la spécialiste témoignent de ce basculement. À telle enseigne que le réseau Morphée a reçu plusieurs appels de personnes déclarant souffrir de troubles du sommeil depuis le début des mesures de confinement. « Elles veulent savoir si c’est normal d’avoir du mal à dormir, de se réveiller en cours de nuit, d’avoir un sommeil plus court » confie-t-elle. Conclusion, les troubles du sommeil tiennent leur origine d’un bousculement de rythme biologique.

Ainsi, la spécialiste poursuit que notre horloge biologique subirait un dysfonctionnement et ne pourrait alors pas fonctionner comme à l’accoutumé. Si on se couche à des heures irrégulières ou qu’on passe plus de temps au lit, le sommeil serait troublé. Elle ajoute que la situation serait encore plus pénible si ces problèmes apparaissent chez les personnes déjà atteintes de troubles du sommeil ou de troubles anxieux. Elle précise toutefois que durant cette période, tout le monde est en train de vivre le même chamboulement.

Favoriser un rythme régulier

L’invitée d’Europe 1 propose d’adopter un état d’esprit et un rythme structurés afin de se créer une ligne directrice de notre temps du matin jusqu’au soir. Ainsi, au gré d’un emploi du temps que nous aurons effectué, il faut donner un « temps où on s’expose à la lumière, un autre où on fait du sport, et un où on a une activité sociale, en téléphonant à des proches, etc. »

Tirer parti des bienfaits de la lumière

La spécialiste rappelle le rôle vital de deux pôles qui gouvernent la qualité de notre sommeil, à savoir l’organisation de notre horloge biologique d’une part et la fatigue cumulée pendant la journée d’autre part. Mais l’habitude de plusieurs français semble aller à contre-courant avec ce qu’exige leur corps et leur horloge biologique. Nombreux sont ceux qui en plein confinement, passent beaucoup de temps rivés sur leurs écrans dans des petits appartements, des fois, insuffisamment éclairés. « Ils vont complètement tronquer leur horloge biologique, qui ne vas plus trop savoir si c’est le jour ou la nuit, et contribuer à décaler les horaires » précise le médecin.

En outre, à la mesure du possible, il faudrait se donner les moyens de s’exposer à la lumière en profitant de son balcon ou de sortir une fois par jour.