Covid-19 – Qu’est ce que le tocilizumab, le médicament à 800 euros qui donnerait des résultats très prometteur d’après une première étude ?

Publié le 28 avril 2020

À l’heure où les cas de contamination ont franchi le cap symbolique des trois millions, le nouveau coronavirus est toujours au coeur de l’actualité avec de plus en plus de chercheurs qui redoublent d’efforts pour trouver un traitement. Dernièrement, c’est le tocilizumab qui fait parler de lui. Et pour cause, ce médicament aurait montré des résultats jugés prometteurs par des médecins de l’APHP selon nos confrères de BFM TV. Pleins feux sur cette annonce.

Dans un communiqué de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (APHP) publié ce lundi 27 avril, des médecins révèlent des résultats encourageants suite à un premier essai randomisé. Selon leurs informations, le tocilizumab “améliore significativement le pronostic des patients avec pneumonie Covid moyenne ou sévère”. Mais qu’est-ce que ce médicament ?

Une action immunosuppressive

Le tocilizumab est généralement utilisé pour traiter la polyarthrite rhumatoïde, en raison de son action immunosuppressive, à savoir l’inhibition de l’activation du système immunitaire. Dans ce sens, les médecins de l’APHP ont tenté de vérifier à travers un essai si sa prescription pour les patients atteints par le Covid-19 permettrait de prévenir ce que l’on appelle les orages cytokiniques. Un dérèglement de l’immunité qui peut être responsable d’une aggravation de la condition d’un patient, et est susceptible d’entraîner des défaillances mortelles. Dans le cas du Covid-19, les médecins le soupçonnent de conduire à l’insuffisance respiratoire aigüe et au décès, peut-on lire sur le site de l’établissement.

Les orages cytokiniques correspondent à un phénomène généré par la sécrétion de cytokines, des molécules ayant pour but de lutter contre l’agression d’un virus. Lorsque ce dernier s’avère particulièrement virulent, le corps peut être amené à réagir de manière excessive, produisant une quantité trop importante de cytokines qui entraînent une réaction inflammatoire violente et dangereuse pour l’organisme connue sous le nom d’orage, de tempête ou de choc cytokinique. En effet, ce phénomène pousse le corps à cibler tous les tissus sans distinction, incluant également les tissus sains.

Comment s’est déroulée l’étude ?

L’étude en question a été menée sur 129 patients atteints d’une pneumonie moyenne ou sévère due au nouveau coronavirus, indique le communiqué de l’APHP, précisant que ces derniers ne nécessitaient pas de réanimation au moment où ils ont été admis. Parmi eux, 64 ont reçu le traitement habituel et les 65 restants ont reçu ce dernier associé à du tocilizumab.

Les médecins se sont ensuite intéressés à la proportion de patients qui a eu “besoin de ventilation (mécanique ou invasive)” et au nombre de décès enregistrés dans les 14 jours ayant suivi l’étude. Selon Olivier Hermine, professeur en hématologie à l’hôpital Necker, le tocilizumab « a diminué de façon significative le nombre de patients qui vont en réanimation ou qui sont décédés ».

Concernant le mécanisme d’action de ce médicament, le professeur Xavier Mariette qui a participé à l’étude explique lors d’une conférence de presse que « L’interleukine-6 est le récepteur de la cytokine et il apparaît que le médicament tocilizumab, un anticorps monoclonal, permet de bloquer ce récepteur ».

Le prix actuel du tocilizumab avoisine les 800 euros par injection, “un prix élevé mais bien moindre que celui d’une journée d’hospitalisation dans un service de réanimation”, selon les chercheurs dont les propos ont été rapportés par le 20 Minutes.

Des résultats en attente de validation

Si les chercheurs de l’APHP estiment avoir obtenu des résultats encourageants, ces derniers doivent encore être soumis à la validation de leurs pairs. Un processus qui peut prendre environ 3 mois mais au vu de la crise sanitaire, “des accords existent pour accélérer la publication et que ça se compte en semaine et non en mois », soulignent les médecins.

Le communiqué révèle que l’essai sera soumis “pour publication dans un journal à comité de lecture”, précisant que les résultats obtenus doivent encore être confirmés “de manière indépendante par des essais supplémentaires”, avant de conclure: “Compte tenu du contexte de la pandémie, les chercheurs et le promoteur se sont sentis obligés, d’un point de vue éthique, de communiquer ces informations, en attendant l’examen par les pairs tout en continuant le suivi plus long de ces patients”.