10 infirmiers suspendus après avoir refusé de soigner des patients atteints du coronavirus sans masque de protection
Médecins, infirmiers et aides soignants se mobilisent au quotidien pour vaincre la pandémie. Mais derrière une carapace de héros, le personnel médical peut se sentir dépassé par les événements et submergé par ses émotions. Face à l'afflux de patients gravement atteints par le coronavirus, des décès enregistrés ainsi que des cas de contamination de certains collègues, les professionnels de la santé craignent le pire. Dans un témoignage relayé par CNN, 10 infirmiers ont été suspendus après avoir refusé de soigner des malades du Covid-19 sans masque N95.
La pandémie de coronavirus enregistre actuellement plus de 177 000 décès dans le monde. Les États-Unis, principal foyer de l’épidémie, comptent plus de 40 000 morts. À l’hôpital Santa Monica, en Californie, dix infirmiers et infirmières ont été suspendus après avoir exigé de recevoir des masques N95 pour traiter les patients atteints du Covid-19.
Un manque de protection
Dix infirmiers à l’hôpital Providence Saint John’s Health Center à Santa Monica se sont vus suspendus de leurs fonctions après avoir refusé d’entrer dans les chambres des patients infectés par le coronavirus sans masque N95.
Après qu’une infirmière de l’hôpital ait contracté le Covid-19 en soignant des patients malades avec un masque chirurgical, les infirmiers ont demandé à recevoir une protection adéquate pour assurer leur activité à l’hôpital. Mais leurs supérieurs leur ont suggéré des masques chirurgicaux, déclarant ne pas avoir de masques N95 à leur disposition. Cependant, les infirmiers concernés ont affirmé que de nombreux autres soignants disposaient de masques N95. Ces derniers ont une capacité de filtration de 95%, selon les informations de la Food and Drug Administration rapportées par CNN.
“J’en avais marre et j’ai exigé que mon hôpital fasse mieux et prenne soin de nous”, a déclaré Michael Gulick, un des infirmiers suspendus, à CNN. Il a précisé que les masques chirurgicaux n’étaient pas adaptés aux travail du personnel soignant qui côtoyait tous les jours des patients atteints du Covid-19. Interrogé par la chaîne d’information, l’hôpital en question n’a pas voulu commenter ces allégations, affirmant vouloir protéger la vie privée des employés. “Chacun de nos infirmiers s’occupant de patients positifs au Covid-19 et des patients suspects a reçu une protection appropriée selon les directives du Center of Disease Control, de l’Organisation Mondiale de la Santé et de l’Etat”, a annoncé Patricia Aidem, porte-parole de l’hôpital, dans un communiqué. Les infirmiers ont alors été suspendus, mais reçoivent toujours leur salaire. Une enquête gérée par les ressources humaines devrait décider de leur reprise du travail.
Par ailleurs, Patricia Aidem a indiqué qu’en raison de la forte demande des masques N95 par le personnel soignant, une nouvelle politique a été instaurée. La porte-parole révèle que l’hôpital aurait eu “une augmentation” de ces masques et qu’il a été établi qu’ils seraient désinfectés pour être réutilisés par les soignants qui traitent les cas de coronavirus. Par ailleurs, les infirmiers suspendus ont révélé que les infirmiers de travail et ceux qui sont présents lors de l’accouchement bénéficient des masques N95. Ce à quoi Patricia Aidem a répondu que “tous nos cliniciens reçoivent l’équipement approprié en fonction de l’acuité du patient et conformément aux recommandations du CDC”.
Depuis la suspension des infirmiers, de nombreux soignants manifestent devant les hôpitaux en vue de recevoir les masques adéquats pour traiter les malades.
Le port du masque sera-t-il obligatoire ?
Au début de l’épidémie de coronavirus, nombreux sont ceux qui se sont rués dans les pharmacies pour se procurer des masques de protection. Ainsi, une pénurie a été constatée dans plusieurs pays du monde, dont la France. Mais l’Organisation Mondiale de la Santé avait déclaré que le port du masque n’était nécessaire que pour ceux qui présentent des symptômes du Covid-19 ainsi que les personnes qui s’en occupent. Ainsi, le gouvernement français avait réservé le port du masque en priorité au personnel soignant.
Mais face à l’accélération de l’épidémie et à une meilleure connaissance de ce nouveau coronavirus, les recommandations tendent à évoluer. Le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, a évoqué lors d’un point presse début avril la possibilité d’un port du masque généralisé. “Peut-être qu’un jour, nous proposerons à tout le monde de porter une protection”, a-t-il déclaré en ajoutant “Mais on n’en est pas là. Tout ça se discute avec les experts. (…) On adapte notre position”. L’Académie de médecine a quant à elle indiqué dans un communiqué du 2 avril que lors du déconfinement, plusieurs mesures devront être respectées, précisant que “le port obligatoire d’un masque « grand public » ou « alternatif » par la population devrait être maintenu”.
Lors d’une conférence de presse ce dimanche, le Premier ministre a révélé qu’il serait “probable” qu’à partir du 11 mai, il y ait une obligation de se couvrir le visage dans les transports en commun.