Boire du lait de vache augmente-t-il le risque de cancer du sein ?

Publié le 29 février 2020

Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez la gent féminine. En France, il provoque la mort de 12 146 femme chaque année. Bien que le taux de survie des personnes atteintes de cette maladie soit en progression, il semblerait que certaines habitudes augmentent considérablement le risque d’en souffrir. Selon La Dépêche, Medisite, Fox 2 Detroit et International Business Times, une nouvelle étude américaine révèle que “boire du lait de vache pourrait augmenter l’incidence du cancer du sein de 70 à 80%”.

Autrefois considéré comme un aliment sain riche en protéines et en calcium, le lait de vache est aujourd’hui pointé du doigt par les adeptes de la nutrition santé. Ce breuvage, qui fait partie des habitudes alimentaires de nombreux Français, a fait l’objet de diverses controverses. Dernièrement, les résultats d’une étude américaine portant sur un lien entre cette boisson et le risque de cancer du sein ont été relayés par plusieurs médias.

“Deux à trois tasses de lait entier pourraient augmenter les risques de cancer de 70 à 80%”

Une équipe de chercheurs américains de Loma Linda University Health a estimé que le lait de vache pouvait être impliqué dans le cancer du sein. Menée sur un échantillon de 52 795 femmes en bonne santé dont l’âge moyen était 57,1 ans, l’étude visait à mettre en exergue la fréquence de consommation de certains aliments. Les sondées devaient d’abord remplir un questionnaire pour spécifier plusieurs paramètres susceptibles d’influencer les résultats. Ainsi, elles devaient indiquer leurs antécédents familiaux de cancer du sein, les traitements médicaux qu’elles prenaient, leur pratique sportive, leur consommation d’alcool et leurs antécédents de dépistage de cancer du sein.

8 ans de suivi

Pendant huit ans, les femmes interrogées, étaient suivies par les dirigeants de l’étude. À la fin de cette expérience, les résultats parus dans l’International Journal of Epidemiology auraient révélé une corrélation entre la survenue du cancer du sein et la consommation de lait de vache. « Consommer seulement 1 /4 à 1/3 de tasse de lait entier par jour était associé à un risque de cancer du sein de 30% », a déclaré Gary E. Fraser, directeur de l’étude. « En buvant jusqu’à une tasse par jour, ce risque passe à 50% et pour ceux qui boivent deux à trois tasses par jour, ce risque augmente encore jusqu’à atteindre 70 à 80% », ajoute l’expert. Par ailleurs, les chercheurs ont rappelé que les autorités alimentaires américaines préconisaient de consommer trois tasses de lait par jour, une directive que Fraser remet en question suite aux conclusions obtenues. Selon le professeur, “les consommateurs devraient faire preuve de prudence quant à ces recommandations”. Les résultats fournissent des « preuves assez solides que le lait de vache ou d’autres facteurs étroitement liés à la consommation de lait de vache sont une cause du cancer du sein chez les femmes ».

Il a également ajouté que « les données ont prédit une réduction marquée du risque associée au fait de remplacer le lait de vache par le lait de soja », en expliquant que ce lien pourrait être dû à la présence d’hormones sexuelles dans le lait animal. Le lien de cause à effet entre le cancer du sein et le lait de vache n’a toutefois pas pu être établi, l’étude étant essentiellement basée sur des observations. Pour le Pr Fraser, il n’est pas question de dénigrer “certaines qualités nutritionnelles positives” du lait de vache, mais ce dernier urge la communauté scientifique à approfondir les recherches et à établir des études supplémentaires.

Des interprétations qui ne font pas l’unanimité

Dans un article de Futura Sciences, la présentation des résultats de cette étude dans les médias a été remise en question. Selon ses auteurs, déduire que “boire du lait de vache augmente le risque de cancer du sein” est une information erronée car “la corrélation entre lait de vache et cancer du sein devient positive uniquement lorsqu’on ajuste celle-ci par rapport à la consommation de soja dans leur cohorte. Seule, elle ne l’est pas”. On retrouve d’ailleurs ce même commentaire en conclusion de l’étude.

Ils soulignent également la nécessité d’interpréter les résultats des chercheurs en prenant en considération le corpus d’études déjà réalisées sur le sujet. Selon leurs remarques, les méta-analyses que l’on retrouve dans la littérature scientifique “aboutissent à la conclusion qu’il n’existe aucune corrélation” entre le risque de cancer du sein et la consommation du lait de vache.

Autre limite de l’étude selon cette même source: la recherche d’une cause sans fait établi. Déterminer si un cancer se serait manifesté ou non chez ses femmes, indépendamment de la consommation (ou non ) de lait de soja ou de vache, devrait prendre en considération l’incidence de base de la maladie sur ce segment de la population.