Les champignons hallucinogènes pourraient diminuer la dépression chez les patients atteints du cancer

Publié le 3 février 2020

L’annonce d’un cancer est un évènement traumatisant qui peut être à l’origine de symptômes dépressifs. Asthénie, fatigue, troubles du sommeil sont autant de signes qu’il existe un risque important de souffrir de cette maladie grave et chronique. Seulement, il se pourrait bien que cette corrélation puisse être déjouée par un traitement avec des végétaux non légaux : les champignons hallucinogènes. La raison ? La psilocybine, le principe actif de ces derniers. C’est en tout cas la conclusion d’une étude qui a établi un lien entre ces drogues récréatives et l’amenuisement de la dépression. Une découverte scientifique relayée par Pourquoi docteur, Ouest France, Doctissimo et CNN.

La découverte d’une maladie grave telle que le cancer peut déclencher l’apparition de signes caractéristiques de la dépression. Véritables obstacles pour lutter contre cette cause de mortalité importante, les symptômes dépressifs présentent également une comorbidité conséquente. Ces signes ne seraient potentiellement pas inéluctables puisque l’administration d’une petite dose de psilocybine, un composé actif des champignons hallucinogènes pourrait réduire ce risque selon les chercheurs du NYU Langone Center.

Cancer et dépression : un lien étroit

S’il n’y a pas de lien direct entre cancer et les symptômes dépressifs, il existe un risque conséquent au vu du traumatisme enclenché par l’annonce de cette maladie. Cette dernière peut constituer un réel fardeau pour la gestion du cancer sur le point de vue psychologique et physique. Selon cette étude publiée dans la revue scientifique Oncology Letters, il existe une corrélation entre les deux maladies chroniques. Toujours selon ces conclusions, la dépression touche plus de 10% des patients atteints du cancer. Dans l’optique d’alléger ces symptômes liés à un trouble mental, les chercheurs sont en constante recherche de développer des pistes qui pourraient amenuiser ce risque. Parmi elles : une hypothèse selon laquelle une dose de champignons hallucinogènes pourrait diminuer la dépression.

Soulager l’anxiété et la dépression

Les chercheurs de NYU Langone Medical Center ont conclu qu’une dose de psilocybine, le composé actif des champignons hallucinogènes, combinée à un accompagnement thérapeutique, pourrait réduire l’angoisse mois après mois. Cet essai clinique a été réalisé sur 29 sujets atteints du cancer souffrant d’angoisse depuis plus de 6 mois. 80% des patients ont observé une diminution de ce symptôme grâce à cette substance interdite, qui, pour être utilisée, a nécessité une dérogation des autorités fédérales. Tous les participants avaient déclaré qu’ils ressentaient des effets « modérés à extrêmes » quant à leurs changements de comportements. Ils ont également décrit cette expérience comme la plus significative de leur vie. Cette étude a également été appuyée par les résultats d’une recherche britannique qui a, au même titre, testé la substance sur des patients atteints de cancer.

Une étude britannique

Selon les conclusions de scientifiques britanniques, nous devrions l’efficacité de ce produit hallucinogène à son composé actif : la psilocybine. Leur essai clinique a prouvé que cette substance à une dose de 1 à 3 milligrammes pouvait réduire les symptômes anxieux et dépressifs chez les sujets avec un cancer qui engage le pronostic vital. Toujours selon leurs essais, les chercheurs ont découvert que ce produit issu des champignons hallucinogènes pouvait augmenter la qualité de vie ainsi que l’optimisme. Ces végétaux pourraient également amenuiser l’anxiété liée à la peur de mourir. Des résultats qui en appellent toutefois à la prudence puisque le professeur Phillip Cowen de l’université d’Oxford soutient que les résultats sont « prometteurs mais pas tout à fait convaincants ». Une découverte à nuancer, donc, dans l’attente que la psilocybine soit reconnu comme une molécule officielle pour soigner la dépression.

Des expériences diverses

Si ces conclusions en appellent à la prudence et ne sont pas appuyées par toute la communauté scientifique, certains usagers ont été à l’initiative de véritables expériences avec les champignons hallucinogènes. C’est le cas pour Gwyneth Paltrow, créatrice de l’émission The Goop Lab [ndlr : un programme sur Netflix], qui a été l’instigatrice d’une expérience inédite à la télévision. Dans le premier épisode, nous pouvons voir l’actrice et son équipe se rendre en Jamaïque, un pays où ces végétaux sont légaux, pour les consommer sous la supervision d’un professionnel. Le pilote de l’émission livre le témoignage d’une septuagénaire qui a relaté son expérience avec le cancer à l’université de New York. Selon ses propos, la psilocybine l’aurait aidée à être moins anxieuse et de ne plus appréhender la récidive de sa maladie.

Rappelons que ces expériences ont été menées sous surveillance médicale est que l’automédication n’est en aucun cas indiquée chez les personnes malades souffrant de dépression.