Asexualité : Une orientation qui dit « non au sexe »
Dans une société sexualisée, ces personnes sont sujettes à la curiosité. Leur nom ? Les asexuels. Pour eux, les rapports sexuels ne sont pas source de plaisir ou d’intérêt et définissent cela comme une véritable orientation. Découvrez ce que ressentent ceux qui disent non au sexe.
Ils peuvent être en couple mais refusent la sexualité. Méconnue, cette orientation s’appelle l’asexualité et revendique une différence qui va bien au-delà d’un manque de libido.
Qu’est-ce que l’abstinence ?
L’abstinence correspond au choix délibéré d’arrêter le sexe pour une durée déterminée ou non, il en est tout autre pour l’asexualité. Et pour cause, il s’agit comme les prêtres, d’un choix, mais pas seulement. D’autres peuvent également pour des raisons personnelles décider de ne plus faire l’amour. Cette décision peut être délibérée mais le désir charnel est présent. Comme ceux qui ont fait ce vœu de chasteté, tout une doctrine intellectuelle ou des croyances religieuses sont présentes pour ne pas céder à la tentation. Un mode de vie peut également accompagner ce choix qui réside d’une volonté qui n’est pas pour autant toujours en accord avec les envies sexuelles. Alors que certains font le choix de ne pas avoir de relations sexuelles par idéologie, d’autres le revendiquent comme une orientation sexuelle, c’est ce qu’on appelle l’asexualité.
« On ne choisit pas son asexualité »
Ceux qui se revendiquent comme asexuels affirment tout simplement ne pas avoir envie de sexe. Cette minorité ne ressent pas de désir qu’il s’agisse de relations sexuelles ou de masturbation. Interrogé par nos confrères du Figaro Santé, Pierre Desvaux, président du Syndicat national des médecins sexologues parle de cette orientation souvent revendiquée ou subie. « On ne choisit pas son asexualité, pas plus qu’on ne choisit son homosexualité. Il y a probablement des signaux d’ordre hormonaux qui agissent, et peut-être des événements pendant la vie embryonnaire, ou pendant les premières années de vie. Personne n’a de réponse » indique le spécialiste. Il ajoute que l’enjeu est de faire accepter cette identité devant une incompréhension de la majorité. En matière de sexualité, il existe une immense diversité. Les demi-sexuels en font partie.
L’asexualité n’est pas une maladie
Si l’homosexualité était considérée comme pathologique il y’a de cela 30 ans, l’un des plus grands stéréotypes qui entoure l’asexualité est aussi le côté pathologique. Pourtant, il en est tout autre. Joëlle Mignot, directrice du Pôle santé sexuelle, sexologie et droits humains à l’université Paris-Diderot coupe court à ces idées reçues. « Les asexuels disent que le sexe ne les intéresse pas, qu’ils n’ont pas d’élan, pas d’intérêt pour cela. Ces personnes ne renoncent donc à rien, contrairement aux abstinents qui se privent de quelque chose et qui peuvent éprouver du désir » soutient-elle. Elle insiste sur le fait que pour les asexuels, il s’agit d’une identité durable et non d’une privation. Madeleine Gerardin-Toran, aussi sexologue explique que « cela n’a rien de pathologique » et que cette minorité s’épanouit dans une vie sans rapports sexuels. Seulement, cette dernière peut parfois faire ce choix en raisons de certaines expériences ou croyances. Parmi les autres orientations sexuelles, les écosexuels. Ils pensent qu’avoir des relations sexuelles avec la Terre peut la sauver.
L’asexualité englobe des profils différents
Quand parfois l’asexualité est une orientation qui résulte d’une non-privation, cette dernière peut au contraire être provoquée par un dégoût de la sexualité ou du corps de l’autre. « Il y a probablement des profils de personnes très différentes, des sous-populations chez ces groupes d’asexuels, résultant de choix, d’antécédents personnels, d’états subis ou autre » analyse la sexologue. Pour l’experte, une absence totale de relations peut conditionner cette orientation. Une non-connaissance du désir qui alimente cette absence du désir sexuel jusqu’à « s’éteindre ». Cette orientation et identité est un véritable défi lors des relations amoureuses. Il est difficile pour les asexuels qui souhaitent vivre en couple de trouver un partenaire qui accepte de consentir à ne pas avoir de lien charnel. Relayée par nos confrères de LCI, l’expertise du sexologue Patrick Papazian conclut avec précision ce choix qui correspond aussi à quelque chose d’inné. « Un être asexué n’a pas d’organes génitaux. Un asexuel en a et peut parfaitement avoir des rapports sexuels, il peut être homo, hétéro, bisexuel ou peu importe… il peut éprouver des sentiments amoureux mais ne veut tout simplement pas de sexualité génitale » distingue-t-il.