La transmission asymptomatique du coronavirus est-elle “très rare” ? Une responsable de l’OMS explique
Alors que le monde entier s’interroge toujours au sujet de la Covid-19, de nouvelles actualités surgissent continuellement à mesure que les autorités sanitaires ont accès à plus d’informations. C'est dans ce contexte que Maria Van Kerkhove, responsable technique de la cellule chargée de la gestion de la pandémie à l'Organisation mondiale de la Santé a révélé qu'après l'examen des données fournies par plusieurs pays, il semblerait que la transmission du virus par des personnes asymptomatiques soit “très rare”. Une information qui peut surprendre et qui n'a pas manqué de faire réagir une partie de la communauté scientifique. L'information a été relayée par nos confrères de l’Express.
A ce jour, le nouveau coronavirus a entraîné plus de 400 000 décès dans le monde. Les cas de contamination ont franchi la barre des six millions avec 188 pays et territoires touchés par le virus Sars-CoV-2. Et pour cause, la maladie s’est propagée à une vitesse inattendue depuis son apparition à Wuhan. Pour prévenir les risques de contamination, de nombreux gouvernements ont donc instauré des mesures de distanciation sociale et des gestes barrières pour protéger la santé des citoyens. Des précautions salutaires à l’heure où il n’existe encore aucun vaccin ou médicament spécifique au nouveau coronavirus.
En effet, en l’absence de traitement, la prudence est indispensable, notamment lorsqu’on sait que certaines personnes peuvent s’avérer asymptomatiques. Mais selon le Dr Van Kerkhove, les risques de transmission par cette voie seraient relativement rares. L’information qui a été communiquée lors d’une conférence de presse à Genève ce lundi a rapidement fait réagir les scientifiques. A cet effet, la responsable de l’OMS a tenu à apporter des clarifications concernant ces propos, évoquant ce mardi 9 juin un “malentendu”.
Des propos qui prêtent à confusion
C’est lors d’une conférence de presse virtuelle que Maria Van Kerkhove a tenu des propos qui ont suscité une certaine confusion. En évoquant des études menées dans plusieurs pays, la responsable a déclaré que la transmission du Sars-CoV-2 par une personne asymptomatique semblait “très rare”. L’information a été vastement relayée sur les réseaux sociaux, entraînant de vives réactions chez certains scientifiques. En effet, les propos du Dr Van Kerkhove semblent contredire les informations fournies auparavant par les organismes sanitaires, notamment les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC). Comme le révèlent nos confrères de CNN, ces derniers avaient souligné qu’environ un tiers des infections au coronavirus pourraient être asymptomatiques, estimant par ailleurs que 40% des transmissions se produiraient avant que les personnes ne se sentent malades. Le professeur Gilbert Deray, médecin à la Pitié-Salpêtrière s’est d’ailleurs exprimé sur son compte Twitter, révélant que « Contrairement à ce que l’OMS a annoncé il n’est pas scientifiquement possible d’affirmer que les porteurs asymptomatiques de SARS-CoV-2 sont peu contaminants ».
Lundi soir, Maria Van Kerkhove a réagi sur cette même plateforme, apportant plus de précisions à ses propos. La responsable a alors écrit que “les « Les études complètes sur les personnes asymptomatiques sont difficiles à mener, mais les preuves disponibles à partir du traçage de contacts fournies par les Etats membres (de l’OMS) suggèrent que les personnes contaminées et asymptomatiques sont beaucoup moins susceptibles de transmettre le virus que celles qui développent des symptômes ».
“Il y a beaucoup d’inconnues”
Suite à cette défense jugée maladroite par l’Express, l’OMS a organisé une session question/réponse pour dissiper tout amalgame. Le Dr Van Kerkhove évoque un malentendu et tient à apporter une “clarification”. Pour la scientifique, il ne s’agissait en réalité que d’un nombre modeste d’études, “deux ou trois” répond la scientifique à un journaliste au cours de cette discussion disponible sur le compte Twitter de l’Organisation. Celle-ci assure qu’elle n’expose pas une position formelle de l’organisme de santé et souligne que l’expression “très rare” a été utilisée à tort. “C’est un malentendu de dire que les transmissions asymptomatiques sont globalement très rares, je faisais référence au petit groupe d’études », a-t-elle précisé.
A ses yeux, la transmission asymptomatique du virus est une “grande inconnue”. “La majorité des transmissions que nous connaissons concernent des personnes avec des symptômes qui transmettent le virus à d’autres via des gouttelettes infectieuses – mais il y a un sous-ensemble de personnes qui ne développent pas de symptômes, et pour identifier réellement leur nombre, nous n’avons pas encore de réponse” explique Maria Van Kerkhove.