« Il ne faut plus jamais se taire »: Omar Sy dénonce l’injustice et demande des changements
Suite à la mort de George Floyd aux Etats-Unis, Omar Sy à l’instar de nombreuses personnalités, a dénoncé la violence policière dont cet homme afro-américain a été victime. Mais ce drame est loin d’être le premier à faire réagir le comédien. En effet, celui qui a été élu personnalité préférée des Français est le premier à avoir apporté son soutien à la famille Traoré suite au décès d’Adama en juillet 2016 à la gendarmerie de Persan. Aujourd’hui, il prête sa voix à une cause qu’il juge universelle. Dans une démarche qu’il souhaite “fédératrice”, il publie “Réveillons-nous” dans les colonnes de nos confrères de l’Obs. Un appel à la solidarité et à l’engagement contre les violences policières et la discrimination.
Après avoir marché aux Etats-Unis pour dénoncer l’injustice dont George Floyd a été victime, un autre nom résonne dans la tête d’Omar Sy. Adama Traoré, 24 ans, mort le 19 juillet 2016. Arrêté par la police pour un contrôle, il a pris la fuite avant d’être rattrapé par les officiers. Il meurt quelques heures plus tard à la gendarmerie de Persan. Se pose alors une seule question pour le comédien, “la seule qui compte”: “ces hommes seraient-ils morts s’ils n’avaient croisé la route des forces de l’ordre ?”.
Des vies perdues “pour rien”
George Floyd, connu sous le nom de “Big Floyd” est mort le 25 mai 2020 à Minneapolis. Soupçonné d’avoir tenté d’écouler un faux billet de 20 dollars, cet homme noir a été arrêté par quatre policiers blancs. L’un d’entre eux l’a alors immobilisé au sol en plaçant un genou sur son cou. Un geste qu’il maintiendra pendant plusieurs minutes alors que George Floyd gémit et répète “je ne peux pas respirer”.
Malheureusement, le drame ne tarde pas à suivre. L’homme finit par mourir d’une asphyxie par pression prolongée. Un aboutissement tragique qui suscitera la colère et l’indignation du monde entier. Pourtant, ce n’est pas la première fois que la violence policière fait polémique.
Quatre ans plus tôt, en France, c’est Adama Traoré qui défraie la chronique. Le jeune homme est arrêté pour un contrôle, mais n’ayant pas ses papiers sur lui, décide de prendre la fuite. La police finit par le rattraper, avant de le conduire à la gendarmerie. Quelques heures plus tard, son décès est annoncé sans que la cause exacte ne puisse être identifiée. Des expertises médico-légales se succèdent et se contredisent. Certains évoquent la combinaison de plusieurs facteurs, d’autres indiquent une mort par asphyxie due à une fragilité cardiaque.
Mais pour sa famille, Adama est mort à cause des gendarmes. Ce 2 juin, une nouvelle expertise ordonnée par ses proches est venue s’ajouter à la bataille d’experts menée depuis 2016. A la lumière de ses résultats, Adama Traoré serait mort en raison d’un “plaquage ventral” effectué par les autorités. Une conclusion que réfute totalement Rodolphe Bosselut, l’avocat de deux des gendarmes impliqués dans l’affaire.
Face à ces faits tragiques et au contexte actuel qui a entraîné de nombreuses manifestations, Omar Sy se révolte et dénonce l’injustice. « La mort d’Adama Traoré est aussi injuste et indigne que celle de George Floyd », écrit l’acteur avant de poursuivre: « À lui, comme à George Floyd, la justice a inventé ‘une cardiopathie’, des cœurs défaillants”.
Un appel aux Français
“Réveillons-nous”. C’est la tribune d’Omar Sy pour sensibiliser les citoyens français à un fléau loin d’être exclusif au pays de l’oncle Sam. Alors qu’il accompagne Assa Traoré, la soeur d’Adama, depuis quatre ans dans sa quête de justice, la star d’Intouchables ne renonce pas à une cause qui lui tient à coeur. Celle de la vérité et du changement. “Tenons bon à notre tour, armons-nous de courage, soyons vigilants, ne laissons plus passer quatre années pour demander des comptes.
La mort d’un homme dans le cadre d’un usage disproportionné et abusif de la force doit être réprimée”, martèle Omar Sy puis d’ajouter : “George Floyd et Adama Traoré avaient des points communs : ils étaient tous deux noirs, de grande carrure, leurs vies ont basculé dans l’horreur en quelques heures. Pour rien”, déplore le comédien. “Je mesure 1,92 m, je suis noir, je leur ressemble. Est-ce qu’il peut m’arriver la même chose qu’à eux demain ? Est-ce que cela risque d’arriver demain à mes enfants ? A vos enfants ?” s’interroge-t-il dans cette tribune qui dénonce la peur de “mourir entre les mains des forces de l’ordre”.
“Il ne faut plus jamais se taire”
Omar Sy lance alors une pétition qui appelle les Français à agir pour dénoncer les violences policières. Pour le comédien, la mobilisation est essentielle pour changer un système qui a bafoué le droit de nombreuses familles. Malik Oussekine, Lamine Dieng, Babacar Ibrahima Bah, Rémi Fraisse, Sabri Choubi, Ali Ziri…L’acteur rappelle les noms de ceux qui n’ont pas pu bénéficier de la justice. Une “liste tristement longue” qui met en exergue le sort de familles qui “se sont écroulées sous les coups d’une justice sourde à leurs demandes”, précise l’homme originaire de Trappes.
“Qu’importent les menaces ou les pressions qui s’exercent en retour, il ne faut plus jamais se taire”, martèle Omar Sy. “J’appelle au changement, à la remise en cause d’un système qui ne peut prétendre à la justice sans mettre fin à l’impunité organisée qui sévit depuis des décennies. Cet ordre établi n’est plus tenable”, conclut le comédien.