Le coronavirus a muté encore une fois. Qu’est ce que nous risquons ?
Londres doit faire face au « Noël le plus dur depuis la guerre ». En cause ? Une nouvelle souche du coronavirus détectée au Royaume-Uni. Ce nouveau variant serait jusqu’à 70% plus transmissible selon les autorités britanniques. Cette mutation est-elle plus dangereuse ? D’autres pays sont-ils touchés ? Pourrait-elle compromettre l’efficacité du vaccin ? Réponse.
Les autorités d’Outre-Manche ont récemment jeté un pavé dans la mare. Le 14 décembre dernier, Matt Hancock, ministre de la santé, a révélé qu’une nouvelle souche du Sars-Cov-2 avait été identifiée chez plus de 1000 personnes, principalement dans le sud-est de l’Angleterre. Une mutation qui pourrait expliquer la propagation « exponentielle » du virus dans cette région du pays. En réaction, Boris Johnson a opté pour un reconfinement de cette zone mais également de la capitale britannique, rapporte LCI. Une nouvelle qui a incité leurs voisins européens, notamment la France, à suspendre leurs liaisons vers l’île à quelques jours de Noël.
Ce nouveau variant serait plus facilement transmissible
Selon les scientifiques, cette nouvelle souche rendrait le virus de « 40 à 70% plus transmissible ». Elle serait donc beaucoup plus contagieuse que les précédentes. Patrick Vallance, le conseiller scientifique du gouvernement britannique, a déclaré que cette variante contient 23 changements par rapport au virus jusque-là connu par les chercheurs. Il ajoute qu’en plus de se propager rapidement, celle-ci serait aussi la forme « dominante » du virus et pourrait être impliquée dans la « très forte hausse » du nombre de contaminations récemment recensées. A Londres, 60% des nouvelles infections lui seraient d’ailleurs attribuables. Des chiffres communiqués à la presse, mais qui, comme le rappelle le Monde, ne sont pas officiellement publiés.
Rien ne prouve que cette nouvelle souche soit plus dangereuse
Cette nouvelle souche porte une mutation nommée N501Y. Celle-ci concerne la protéine de la « spicule » du coronavirus. Il s’agit de la protéine que le virus fabrique et qui lui permet de s’attacher aux cellules humaines pour les pénétrer. C’est, en d’autres termes, la clé qu’utilise le virus pour entrer dans les cellules.
Intervenu à l’antenne de BFMTV, Didier Pittet, infectiologue et président de la mission d’évaluation sur la gestion de la crise du coronavirus confirme que le virus semble plus contagieux car son R0 (le taux de reproduction du virus) « est plus dangereux que ne l’était celui du Covid originel ». Le professeur tempère néanmoins en insistant sur le fait que rien ne prouve que cette souche soit plus dangereuseque celles qui l’ont précédé. Pour cause, depuis le début de la pandémie, les scientifiques déclarent avoir identifié plus de 20 000 mutations sur le génome du Sars-cov-2. Si les mutations d’un virus sont courantes, la plupart sont neutres et n’ont aucun impact sur la dangerosité du virus.
Cette variante est désormais identifiée dans plusieurs pays
En Europe, c’est le branle-bas de combat. Alors que de nombreux pays européens ont temporairement fermé leurs frontières au Royaume-Uni, il semblerait que cette nouvelle souche ait déjà réussi à traverser la Manche. A en croire le Dr Julian Tang, de l’Université de Leicester, la nouvelle variante du Sars-CoV-2 « circulait déjà sporadiquement bien plus tôt cette année en dehors du Royaume-Uni ». Elle aurait, selon le scientifique, été repérée au Brésil en avril, en Australie en juin-juillet et aux Etats-Unis en juillet également. Selon Maria Van Kerkhove, directrice technique Covid-19 à l’OMS, un patient infecté à récemment été identifié à l’hôpital militaire Celio de Rome. La responsable de l’agence onusienne ajoute que cette mutation N501Y a également été détectée au Danemark, aux Pays-Bas et en Australie.
Pour le moment, aucun cas n’a été détecté en France
Alors qu’Emanuel Macron a récemment été contaminée par le coronavirus, la France semble pour l’heure épargnée. Aucun cas comprenant cette mutation n’a pour le moment été détecté dans l’Hexagone. Toujours est-il que ce postulat est à prendre avec des pincettes. Il est en effet, « tout à fait possible » que le virus mutant « circule en France » a indiqué le ministre de la Santé Olivier Véran ce matin au micro d’Europe 1. Puis d’ajouter que si ce virus n’a pas été retrouvé sur les souches virales ayant été identifiées et analysées en génétique ces derniers jours, cela ne signifie pas qu’il ne circule pas. Un avis partagé par Etienne Simon-Lorière, directeur du Génomique évolutive des virus à ARN à l’Institut Pasteur à Paris, qui explique au journal le Monde qu’en France, « il faudra encore surement quelques semaines pour savoir si ce nouveau variant apparaît et augmente en fréquence ».
Quid de l’efficacité des vaccins ?
De fait, nombreux sont ceux à s’interroger sur l’efficacité des vaccins récemment mis au point. Dans ce cas précis, la plupart des experts se veulent rassurants. Selon les autorités sanitaires, rien n’indique pour le moment que cette mutation nuise à l’efficacité des vaccins, en faisant notamment référence au vaccin des laboratoires Pfizer/BioNTech, déjà utilisé au Royaume-Uni et dans plusieurs pays dans le monde.