Comment se soigner avec du cannabis ?
Malgré la frilosité du corps médical, de nombreux patients soulagent leurs douleurs avec de la marijuana. Et espèrent un assouplissement de la législation. Mais le cannabis peut-il soigner et atténuer certains symptômes de maladies ?
On l’appelle ganja, kif, marijuana, chichon, haschich, shit ou beuh… Mais le cannabis est une seule et même plante, le chanvre. En dehors de son usage récréatif, la médecine s’intéresse aujourd’hui à son potentiel thérapeutique.
Aux Etats-Unis, le cannabis à usage thérapeutique est légalisé depuis 1997 dans 18 Etats, et l’usage récréatif est légalisé à Washington et dans le Colorado. En Europe, les coffee-shops d’Amsterdam attirent de nombreux touristes….
Au Canada, il peut être délivré depuis 2001 pour la sclérose en plaques, en cas de cancer ou lorsque les traitements conventionnels ont échoués, aux Pays-Bas depuis 2003, en Espagne depuis 2004 et en Allemagne depuis 2008… Quant à l’Italie, elle vient tout juste de légaliser la marijuana pour l’usage thérapeutique.
Dans l’Hexagone, une substance de synthèse, le dronabinol a été mise sur le marché en 2002. Mais elle ne peut être délivrée que dans des cas précis, sur autorisation temporaire (nausées liées à une chimiothérapie, glaucome, etc.). A ce jour, Moins de 100 patients en ont bénéficié.
Les usages thérapeutiques
Mais que sait-on des effets thérapeutiques du cannabis? Des études ont confirmé qu’il diminuait nausées et vomissements pour les patients sous chimiothérapie. Il stimule également l’appétit, soulage certaines douleurs, a des effets décontracturants dans les spasmes musculaires (sclérose en plaques, myopathie) et atténue certains troubles digestifs causés par les traitements médicamenteux
En 2011, des chercheuses de Toronto (Canada) ont compilé les études sur l’effet du cannabis contre la douleur comparé à un placebo et un analgésique. Les patients souffraient de neuropathies liées au VIH, à une polyarthrite rhumatoïde ou à une fibromyalgie. Coté avantages, elles ont relevé une diminution de la douleur, modeste mais réelle et un meilleur sommeil.
Côté effets secondaires, elles ont noté de la fatigue, des nausées, des troubles de la concentration. Mais aucun n’a poussé les patients à arrêter le traitement. A l’inverse, 33 % de ceux qui prenaient un opiacé connue la morphine ont abandonné.
Les avancées scientifiques
L’usage médical de la marijuana se heurte à des limites. Car outre les effets indésirables, il s’agit de mettre au point du cannabis en spray ou en gélule pour ne pas avoir à le fumer, en raison des lésions possibles sur le système respiratoire. Problème, la substance active, le THC agit moins vite que par inhalation. D’autres part, les bienfaits ne sont pas les mêmes selon les variétés d’herbe et de résine : certaines ne contiennent pas autant de cannabidiol (CBD) qui, par ses propriétés anxiolytiques et décontractantes, atténue les effets anxiogènes du THC.
Par ailleurs, le cannabis figure toujours dans la liste des Nations-unies des drogues n’ayant aucune propriété thérapeutique. D’où un manque de financement dans les recherches scientifiques et le manque d’informations sur les propriétés réelles et ciblées de la marijuana. Impuissants devant la douleur de leurs patients, certains praticiens leur conseillent d’acheter de l’herbe.
Mais ces derniers n’attendent pas toujours un avis médical pour s’y mettre. Ainsi, Sarah, 46 ans, qui souffre d’une sclérose en plaques s’approvisionne à Amsterdam et se dit soulagée, tant au niveau physique qu’au niveau moral, par le cannabis. Des effets secondaires? «Je ne suis jamais stone et cela ne m’empêche pas de conduire», répond-elle.
Pour elle, le traitement s’avère plus efficace que le Sativex, qu’elle avait testé en avant-première en Angleterre. Celui-ci soulageait effectivement ses douleurs «aux jambes mais n’avait aucun effet sur le sommeil et le moral.
En France, avec l’arrivée du Sativex, les patients espèrent un assouplissement de la législation. Mais son utilisation reste encore très restreinte avant même sa mise en vente sur le marché. Il ne sera prescrit que par les neurologues et les médecins du milieu hospitalier, dans le cadre du traitement symptomatique la sclérose en plaques des adultes et résistants aux autres traitements. Une estimation qui s’élève au nombre de 2 000 patients potentiels…