Chaque année, des millions d’enfants sont obligés de manger leurs légumes – il est temps d’arrêter
Ce n’est pas un secret, les enfants ne sont pas vraiment friands de légumes ! Dès leur plus jeune âge, dès qu’ils se doivent de se soumettre à la diversification alimentaire, les parents essaient tant bien que mal de les astreindre à un régime alimentaire incluant les légumes. Alors d’où vient ce rejet d’aliments pourtant indispensables au bon fonctionnement de l’organisme humain ?
L’aversion des enfants pour les légumes serait avant tout un réflexe naturel ! En effet, les êtres-humains sont génétiquement programmés pour ne pas être attirés par les légumes pendant leurs premiers mois de vie et l’acidité et l’amertume que l’on peut retrouver dans certains aliments et notamment dans les légumes, en sont en partie responsables. Cette aversion s’explique également par un mécanisme d’autodéfense humain naturel pour se protéger des dangers que peut provoquer l’ingestion d’aliments potentiellement dangereux.
Un scientifique se fonde sur une étude sur le café pour expliquer l’aversion pour les légumes
Russell Keast, professeur de sciences sensorielles et alimentaires et Directeur du Centre de science sensorielle à l’Université de Deakin, affirme que l’aversion des enfants ou même des adultes pour les légumes serait liée à des réactions protectrices naturelles ancrées dans l’ADN humain.
Il appuie sa théorie sur une étude qu’il a menée sur le café qui présente un goût amer. En d’autres termes, en raison de l’évolution de l’espèce humaine, celle-ci a appris qu’il était extrêmement important de ne pas consommer quelque chose de potentiellement dangereux et l’amertume en elle-même est l’un de ces signaux d’avertissement ; le système cognitif identifie des dizaines de milliers de composés, et tout ce qu’il suggère, c’est que le produit amer peut contenir quelque chose qui cause des dommages, d’où le rejet de certains aliments présentant un goût amer dont certains légumes..
Réponses protectrices naturelles
Il soutient sa théorie en avançant qu’il est fréquent que les aliments végétaux contenant des composés pouvant être nocifs, déclenchent des réponses protectrices naturelles ancrées dans notre ADN envers certains aliments plus amers, comme les choux de Bruxelles ou le brocoli. Mais ceci peut varier en fonction des personnes et de leur sensibilité à l’amertume parce qu’ils possèdent des récepteurs de goût amer qui réagissent à un composé spécifique dans le brocoli. Alors que d’autres personnes n’ont pas ce récepteur et, par conséquent, ne ressentent pas l’amertume du brocoli.
Il ajoute même qu’à notre époque, nous avons à disposition des aliments développés à notre goût, donc l’espèce humaine n’a plus besoin de ces réponses primaires, mais elles sont enracinées dans l’ADN ; il faudra ainsi des milliers d’années pour qu’elles évoluent.
Selon lui, plus l’être humain développera son attrait pour certain aliments y compris ceux présentant de l’amertume, comme certains légumes, plus son système sensoriel s’y habituera et l’intégrera de façon progressive à son alimentation quotidienne.
Comment intégrer des légumes dans l’alimentation des enfants sans les forcer ?
Evidemment, plus les parents inciteront leur(s) enfant(s) dont le système gustatif n’est pas encore fonctionnel, à consommer coûte que coûte des légumes, moins ceux-ci s’y exerceront.
Une étude portant sur l’examen de la prévalence de la consommation forcée et son rôle dans le rejet ultérieur des aliments, met en évidence la nocivité de forcer les enfants ou adolescents à consommer de la nourriture dont ils n’ont pas envie. 70% des sondés ont déclaré avoir consommé de la nourriture forcée pendant leur enfance et la plupart on eut des conséquences négatives sur leur comportement, telles que des sentiments de colère, de peur, de dégoût, de confusion et d’humiliation ainsi que des ressentis d’impuissance et de manque de maitrise.
La meilleure façon de procéder si l’on suit la théorie de Russell Keast, est de prime abord opter pour la répartition des responsabilités en matière d’alimentation qui implique de permettre à l’enfant de choisir parmi les légumes ce qu’il va manger et en quelle quantité ; jusqu’à ce qu’il enregistre ce modèle et l’intègre pleinement à son comportement alimentaire. Ensuite, de varier son alimentation en y incluant pas seulement que des légumes, mais également des aliments qu’il affectionne.
Il est aussi important de lui montrer l’exemple en consommant les mêmes aliments au cours des mêmes repas, sans omettre de l’impliquer dans la préparation de ceux-ci.