Des comprimés d’insuline pourraient bientôt remplacer les injections

Publié le 7 août 2018

Pour les 300 000 diabétiques insulino-dépendants que compte la France et qui sont près de 22 millions dans le monde, le lot quotidien des injections d’insuline à répétition pourrait bientôt devenir de l’histoire ancienne. Depuis quelques années, des équipes de chercheurs à travers le monde se penchent en effet sur une nouvelle méthode d’administration de l’insuline aux patients : par voie orale, et il se pourrait bien qu’ils soient près de toucher au but.

A quoi servent les injections d’insuline ?

L’insuline est une hormone produite par le pancréas qui permet au glucose sanguin d’être absorbé par les tissus, donnant ainsi de l’énergie aux cellules et permettant le stockage du sucre sous forme de graisse dans les cellules adipeuses. Chez les personnes atteintes de diabète insulinodépendant, ou de type 1, le pancréas ne produit plus ou pas assez d’insuline. Ces personnes doivent donc recourir à un apport extérieur d’insuline, si elles ne veulent pas risquer toutes sortes de complications à long terme liées à l’hyperglycémie, telles que la détérioration des vaisseaux sanguins, des nerfs, de la rétine et des reins. L’hyperglycémie peut aussi, lorsqu’elle atteint des niveaux extrêmes, mettre en danger la vie de la personne.

Les injections d’insuline présentent des inconvénients

L’insuline est le plus souvent injectée sous la peau à l’aide d’une seringue, d’un stylo-injecteur à insuline, d’une pompe à insuline, ou d’un injecteur à jet. En dépit de leur utilité immense et indubitable, ces différentes techniques d’administration sont cependant très contraignantes pour les patients dont la qualité de vie est nettement affectée par ces injections quotidiennes et répétées.

Une nouvelle méthode d’administration de l’insuline : par voie orale

Pour permettre aux patients diabétiques dépendants d’un apport extérieur en insuline de gagner en qualité de vie, de nombreuses recherches sont en cours à travers le monde sur de nouveaux moyens de fournir au corps l’insuline dont il a besoin.

C’est notamment la voie orale qui est privilégiée par les chercheurs de par sa simplicité. Cette voie pose cependant certains problèmes aux chercheurs, parmi lesquels le fait que les molécules d’insuline soient rapidement détériorées au niveau de l’estomac du fait de l’acidité de celui-ci.

Des chercheurs de l’université de Harvard sont ainsi parvenus à la mise au point d’un contenant pour l’insuline : une gélule faite d’un matériau résistant à l’acidité qui ne se dégraderait pas lors de la digestion, ne libérant son contenu qu’au niveau de l’intestin grêle.

D’autre part, « lorsqu’une molécule protéique telle que l’insuline pénètre dans l’intestin, de nombreuses enzymes ont pour fonction de dégrader les protéines en acides aminés plus petits. », rapporte la chercheuse Amrita Banerjee. Une difficulté que les chercheurs sont une fois encore parvenus à surmonter en stabilisant l’insuline grâce à une solution ionique. La solution permettrait ainsi à la précieuse hormone de ne pas être détruite par les enzymes digestives et de passer dans la circulation sanguine.

Samir Mitragotri, professeur de bio ingénierie à l’institut d’Harvard en sciences appliquées, affirme au sujet de cette nouvelle gélule : « Notre approche est comme un couteau suisse, une pilule a la capacité de surmonter tous les obstacles qu’elle rencontre ».

Des résultats probants

Lors de tests sur les rats, la gélule d’insuline a permis une réduction efficace de la glycémie. Cette réduction atteignait 62 % dans les deux heures suivant l’administration, puis 55 % après dix heures.

Un effet intéressant des gélules par rapport aux injections est que le résultat de baisse du taux de sucre sanguin semble plus durable, car lorsque l’on injecte par voie sous cutanée de l’insuline en dose plus faible aux rats, leur glycémie baisse rapidement de 50 % pour remonter dans les quatre heures suivantes.

Encore un peu de patience

Ces gélules qui pourraient bien révolutionner le quotidien de millions de diabétiques à travers le monde ne sont cependant pas prêtes de se retrouver sur le marché, car il faut d’abord que les tests sur d’autres animaux puis sur les humains soient effectués afin de bien étudier cette méthode et de s’assurer notamment de son innocuité.