Qu’est-ce que le syndrome des ovaires polykystiques ?

Publié le 31 juillet 2018

Certaines maladies ciblant la gente féminine peuvent ne pas impliquer que des symptômes douloureux ou handicapants dans la vie de tous les jours. Il en existe même qui peuvent malheureusement affecter négativement la fertilité voire la saper totalement. C’est le cas justement pour le syndrome des ovaires polykystiques dont les causes exactes étaient, jusqu’à récemment, totalement mystérieuses pour la médecine contemporaine.

De quelle maladie s’agit-il en fait ?

Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est une maladie touchant les femmes, elle est aussi appelée syndrome de Stein-Leventhal en référence aux deux médecins qui en ont fait la description pour la première fois en 1935.

Comme son nom l’indique, cette maladie implique la formation de plusieurs petits kystes autour des ovaires, ce qui n’est bien évidemment visible qu’en échographie. Ces kystes résultent d’un refus de certains follicules d’entamer leur croissance dans le cadre de la dernière étape de la phase folliculaire. Néanmoins, une telle affection se manifeste de diverses manières, ainsi ses répercussions sur la santé peuvent changer d’une femme à l’autre et se concrétiser à des degrés différents de gravité.

L’une des conséquences les plus courantes du syndrome des ovaires polykystiques est l’absence totale d’ovulation, ce qui entraîne une impossibilité de concevoir. Sachant que dans 50% des cas, elle engendre une infertilité primaire, dans 25% il s’agit d’une infertilité secondaire. Ce qui veut dire que l’infertilité est certes présente dans bon nombre de cas mais qu’elle n’est pas systématique pour autant.

Une étude qui pourrait révolutionner la lutte contre le SOPK

Une étude a été publiée dans  Nature Medicine  établissant un lien direct entre le déséquilibre hormonal dans l’utérus et le syndrome des ovaires polykystiques, ce constat cible plus particulièrement l’exposition prénatale à un facteur de croissance nommé « hormone antimüllérienne » (AMH).

L’équipe ayant mené la recherche était dirigée par le Dr. Paolo Giacobini de l’institut français de la santé et de la recherche médicale, a constaté que le taux d’AMH était 30% plus élevé chez les femmes enceintes touchées par le SOPK que chez celles qui n’en souffraient pas. Les chercheurs ont du coup décidé d’enquêter afin de savoir si les femmes possédant ce déséquilibre hormonal donnent naissance à des filles atteintes du syndrome ou pas.

Robert Norman, de l’université australienne d’Adélaïde dit : « nous tenons là un changement radical dans la pensée concernant le syndrome des ovaires polykystiques, ce qui ouvre tout un éventail de possibilités pour des recherches plus approfondies. »

L’expérience devait tout d’abord s’effectuer sur des souris

Dans le cadre de l’étude, les chercheurs ont injecté de l’AMH à des souris enceintes afin qu’elles en aient plus que la moyenne. Celles-ci ont donc effectivement donné naissance à des souris présentant des problèmes de fertilité, d’ovulation irrégulière ou de puberté tardive.

Selon les chercheurs, l’AMH injectée aurait provoqué une hyperstimulation d’un ensemble particulier de cellules cérébrales que l’on appelle « neurones de la GnRH », ces dernières sont responsables de la gestion des taux de testostérone dans le corps. Ce qui veut dire que la progéniture de ces souris présentait des niveaux élevés de testostérone, ce qui implique une « masculinisation du fœtus féminin exposé » une fois qu’elle aura atteint l’âge mature.

Mais le plus incroyable est que l’équipe scientifique n’a pas seulement réussi à déterminer la cause du SOPK, mais elle a aussi pu l’inverser, en tout cas chez les souris. Afin d’y parvenir, les chercheurs ont administré aux souris polykystiques un médicament appelé « Cetrorelix », ce qui a fait disparaître les différents symptômes.

Il s’agit en réalité d’une excellente nouvelle pour les millions de femmes concernées par cette maladie à travers le monde se manifestant bien souvent aussi par une perte de cheveux ou une croissance excessive de ces derniers, l’obésité ou l’acné. Mais bien que les répercussions soient diverses et variées, cette maladie demeure néanmoins une cause courante d’infertilité.

Selon Dr. Giacobini : « Il est question d’une stratégie très intéressante pour rétablir l’ovulation et par conséquent augmenter le taux de grossesse chez ces femmes. »

L’équipe de recherches prévoit donc de passer au niveau suivant de l’étude en testant ceci sur l’Homme. Cette année sera donc témoin de ces nouvelles expériences.