Un vagin bionique pourrait voir le jour, selon un professeur basé à Londres

Publié le 2 mars 2018

Le cancer du vagin fait partie de ces maladies qui, en plus d’être très dangereuses pour la santé de la patiente, lui rend la vie particulièrement difficile. Ce cancer peut en effet se manifester par des saignements anormaux, des sécrétions malodorantes ainsi que des douleurs pendant les rapports sexuels. L’un des dangers de cette maladie est qu’elle est très discrète lors de ses premiers stades de développement. Néanmoins, un expert anglais pense être à deux doigts d’aboutir à la solution ultime à ce problème.

Une invention qui pourrait sauver bien des vies

Un chirurgien a annoncé qu’il travaillait à la création d’un vagin bionique qui, en cas de réussite, serait un répit énorme pour les victimes de cancer du vagin et d’autres lésions de cet organe. Ce projet pionnier est dirigé par Alexander Seifalian, directeur et professeur de nanotechnologie et de médecine régénérative à NanoRegMed, qui a construit la première trachée synthétique à transplanter chez un patient. Ce vagin synthétique est développé en utilisant un tissu intestinal de porc couplé à des cellules souches de la patiente. Parmi les bénéficiaires potentielles de ce projet novateur figurent les femmes atteintes du syndrome de Mayer-Rokitansky-Kûster-Hauser (MRKH) dans lequel le vagin ne se développe pas complètement, ou des troubles tels que l’atrésie vaginale, où le vagin est anormalement fermé ou absent.

Le projet est actuellement en cours au laboratoire NanoRegMed à Londres. C’est d’ailleurs l’un des très rares laboratoires spécialisés ayant consacré leurs ressources à la construction d’organes synthétiques personnalisés destinés à être utilisés par des patients souffrant de divers handicaps nécessitant une greffe en raison d’une défaillance organique. Ce produit très attendu se développe régulièrement mais pourrait prendre jusqu’à cinq ans avant d’atteindre un niveau clinique, selon le financement.

Le procédé de développement

Dr. Seifalian a produit un échafaudage en forme de vagin. Le tissu musculaire et les cellules ont été extraits d’une patiente et implantés sur l’intestin d’un cochon. Les nutriments ont été fournis par la suite pour nourrir les cellules et aider à leur croissance afin de faire fusionner le tout, ce qui va donner le tissu vaginal. Il explique : « La réalisation sera prise du bloc opératoire et insérée dans la patiente, elle sera ensuite intégrée dans le tissu environnant et sera un organe normal. »

Des expériences ont montré que les échafaudages à cellules ensemencées, une fois implantés dans le corps de l’hôte, permettent aux vaisseaux sanguins et aux nerfs de se développer à partir des tissus. En outre, comme l’échafaudage est absorbé par le corps, les cellules forment une structure de support qui remplace finalement le matériau d’échafaudage avec un nouvel organe. Plusieurs adolescentes, dont chacune souffrait de vagin non développé et qui ont souscrit à la procédure, ont déclaré qu’elles pouvaient atteindre une fonction sexuelle normale couplée à des rapports sexuels sans douleur et ressentaient un désir sexuel régulier, selon un questionnaire de l’indice de la fonction sexuelle féminine.

L’industrie pharmaceutique, un obstacle de taille

Cependant, Seifalian a affirmé que le plus grand obstacle face au développement de ces nouveaux tissus/organes en ce qui concerne l’avancement de la technologie régénératrice est le manque d’intérêt de la part de l’industrie médicale qui ne souhaite pas commercialiser ni monétiser ces projets ingénieux. Beaucoup dans l’industrie craignent qu’en raison de ces substituts non conventionnels, un certain nombre de produits pharmaceutiques pourraient perdre leur marché.

Il ajoute : « Le principal problème avec la médecine régénérative est que les industries médicales ne sont pas intéressées par sa commercialisation. Elles trouvent cela trop cher et risqué en termes d’assurance et de normalisation du produit en raison des cellules vivantes et de leur comportement. »

Certains, comme le Dr Lana Tatum émettent des réserves concernant cette invention : « Pour moi en tant que médecin, c’est un peu irréaliste, surtout avec ce que nous savons des échecs du génie génétique… Nous pouvons créer chirurgicalement un conduit que nous pouvons faire à partir de n’importe quel muscle ou tissu, mais nous ne pouvons pas prétendre que cette partie va agir comme un vagin, c’est un organe très multifonctionnel. »

Tout ce que nous pouvons faire, c’est espérer que cette invention prouve une fois pour toutes sa pertinence et soit commercialisée afin qu’elle puisse sauver des vies et permettre à plus d’une femme de mener une vie tout à fait normale et saine.