Un cardiologue affirme que les statines font plus de mal que de bien

Publié le 26 février 2019

Les médecins prescrivent souvent des statines aux personnes ayant un taux de cholestérol élevé afin de réduire leur cholestérol total et de réduire leur risque de crise cardiaque ou d'accident vasculaire cérébral. Cependant, comme relayé par nos confrères de l’Express, elles ont été associées à certains effets secondaires, notamment des douleurs musculaires, des problèmes de digestion et une confusion mentale chez certaines personnes.

Les statines

Les statines comprennent plusieurs types : l’atorvastatine, la fluvastatine, la lovastatine, la pitavastatine, la pravastatine, la rosuvastatine et la simvastatine.

Avoir trop de cholestérol dans le sang augmente le risque de crise cardiaque et d’accident vasculaire cérébral. Les statines bloquent une substance dont le foie a besoin pour fabriquer du cholestérol. Cela amène alors le foie à éliminer le cholestérol du sang.

Cependant, une analyse de plusieurs études a montré que ceux qui souffrent de maladie cardiaque et qui prennent une pilule quotidienne anti-cholestérol pendant cinq ans augmenteront leur espérance de vie de quatre jours seulement.

Une analyse sur l’efficacité réelle des statines

Une analyse d’études scientifiques vient jeter un nouveau doute sur l’efficacité des médicaments pour le cœur et relance le débat sur leur valeur réelle.

Une coalition d’experts britanniques et américains a uni ses forces pour déclarer qu’il n’y avait aucune preuve cohérente que ces médicaments réduisent le taux de mortalité. Ils ont affirmé que le lobby pro-statines est financé par des géants du secteur pharmaceutique et qu’il se base simplement sur une « science sélective ».

Les médecins experts suggèrent que le moyen le plus simple et le plus sûr d’avoir un cœur en bonne santé est de manger sain et de faire plus d’exercice physique.

D’après le docteur Aseem Malhotra, cardiologue consultant et auteur de l’analyse, il est clair que des changements adéquats en matière de style de vie donnent des résultats bien plus impressionnants que ceux des médicaments actuels, sans avoir d’effets secondaires et avec un coût bien moindre.

Il a également ajouté qu’il ne semble pas y avoir de réduction nette de la mortalité par maladie coronarienne dans les pays d’Europe occidentale en utilisant des statines, pour prévention primaire pour les patients à risque faible et prévention secondaire pour les patients à risque élevé.

Les statines sont utilisées par des millions de personnes et une grande partie d’entre elles se plaignent d’effets secondaires, notamment de douleurs musculaires, de perte de mémoire, de problèmes rénaux et de troubles du sommeil.

Le rapport de l’analyse en question, qui a porté sur des dizaines d’études sur deux décennies, a été publié dans le Clinical Pharmacist et conclut que le cholestérol en soi ne provoque pas de maladie cardiaque.

Parmi les études sur lesquels ces experts se sont basés, nous trouvons une étude publiée en 2015 dans World Journal of Cardiology. Elle montre que le fait de baisser le taux de cholestérol ne baissait pas obligatoirement le risque de maladies cardiovasculaires. Les chercheurs ont également conclu que les bienfaits des statines sur la mortalité étaient faibles.

Une autre étude publiée en 2017 dans le Journal of the American Medical Association, a également fait partie des études analysées. Elle a porté sur l’effet des statines sur les personnes âgées dans la prévention des maladies cardiovasculaires. Les chercheurs ont conclu que les statines n’ont eu aucun effet de prévention primaire chez les personnes âgées atteintes d’hyperlipidémie et d’hypertension modérées.

Les avis des experts

Des experts scientifiques ont partagé leur avis concernant cette analyse et se sont exprimés auprès de nos confrères de L’Express.

Selon Esther van Zuuren, chercheuse senior, il est temps d’examiner les preuves et d’arrêter de laisser les sociétés pharmaceutiques et l’industrie alimentaire nous couvrir les yeux.

Le Dr Malhotra, du Lister Hospital de Stevenage, dans le Hertfordshire, et Robert Lustig, de l’Université de Californie, ont déclaré qu’il existe 44 essais contrôlés randomisés portant sur des interventions médicamenteuses visant à réduire le cholestérol dans la littérature de prévention primaire et secondaire, qui ne montrent aucun bénéfice pour la prévention de la mortalité.

Ils ont ajouté que la plupart de ces essais n’ont pas réduit les problèmes cardiovasculaires et plusieurs ont signalé des dommages importants. Pourtant, ces études n’ont pas reçu beaucoup de publicité.

Le Dr Scott Murray, cardiologue consultant, du Royal Liverpool Hospital, le professeur Chris Oliver, de l’Université d’Édimbourg, et Dr Sir Richard Thompson, ancien médecin personnel de la reine et ancien président du Royal College of Physicians, ont appuyé l’analyse concernant les statines.

Selon le docteur Sir Richard, la théorie qui dit que le cholestérol dans le sang est l’ennemi et qu’il doit donc être abaissé à tout prix, a détourné l’attention de l’augmentation anormale de la consommation de sucre qui a une plus grande influence sur l’obésité, le diabète et les maladies cardiovasculaires.

Le professeur Mark Baker, du National Institute for Health and Care Excellence, a déclaré que les maladies cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux font un mort sur trois et en invalident bien d’autres. Il a ajouté que pour progresser dans la lutte contre les maladies cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux, il faut encourager l’exercice physique, l’amélioration de l’alimentation et l’arrêt du tabagisme.

Il a également indiqué que les gens doivent privilégier les changements de mode de vie plus que le fait de prendre des statines. Ce n’est qu’ainsi qu’ils peuvent diminuer le risque de maladies cardiovasculaires.