Les médicaments anti-douleurs à base d’opioïdes tuent chaque jour 3 personnes en France
La France, ainsi que d’autres pays, déploient de plus en plus de moyens afin de sensibiliser les gens face à la tendance mortelle des opioïdes, consommés à travers la prise d’antidouleurs. Selon une enquête menée par « Envoyé Spécial », ces derniers présentent des dangers d’overdose qui tuent des milliers de personne chaque année. France info nous éclaire sur le sujet…
Les opioïdes que l’on retrouve notamment dans certaines drogues, telles que l’héroïne, font la Une de la presse. Et pour cause, les cas de décès par overdose dus à leur usage se multiplient à une vitesse foudroyante. Phénomène désastreux aux États-Unis, où ils font des milliers de morts chaque année, les opioïdes sont accessibles à tous sous forme d’antidouleurs. Loin de ressembler aux profils de toxicomanes que l’on associe à l’usage de drogues dures, les victimes d’aujourd’hui proviennent de toutes les classes sociales et sont dans la majorité des cas des individus lambda.
Que savons-nous de la crise mondiale des opioïdes ?
Substance à la source de 72 000 décès aux États-Unis en 2017, les opioïdes inquiètent de plus en plus les Français. A l’échelle mondiale, ils auraient atteint la santé de 27 millions de personnes en 2016 selon des données recensées par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et les chiffres seraient loin d’être en baisse. Comme l’explique France info :
« Ils sont – et cela se sait moins – la première cause de mort par overdose en France. Trois décès par jour, un millier chaque année »
En effet, l’inquiétude grandissante face à leur usage est notamment liée au fait que les opioïdes sont des substances psychoactives tirées du pavot à opium ou d’autres homologues tels que la morphine ou l’héroïne. De plus, ces derniers sont disponibles à quiconque souhaite en utiliser, à la seule condition de présenter une ordonnance.
Des stupéfiants prescrits par les médecins
Selon le dernier rapport publié en février 2019 par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), près de 10 millions de Français se sont vu prescrire des antalgiques opioïdes en 2015, et selon les derniers chiffres recueillis : en 2017, le tramadol arrive en tête de liste. Comme l’explique le professeur Dematteis à France info, ces médicaments qui associent codéine et paracétamol sont « très fréquemment prescrits en France, pour des douleurs classiques, modérées ». Ils sont considérés comme des opioïdes faibles.
En revanche, les opioïdes forts font également partie du quotidien des Français, bien qu’à moindre dose. D’après ce même rapport, le premier opioïde fort consommé serait la morphine, suivie par l’oxycodone (tout autant consommé), et enfin le fentanyl transdermique et transmuqueux à action rapide.
Aussi, ce n’est pas sans raison que les chiffres présentés par l’ANSM inquiètent :
« Le nombre d’hospitalisations liées à la consommation d’antalgiques opioïdes obtenus sur prescription médicale a augmenté de 167 % entre 2000 et 2017 passant de 15 à 40 hospitalisations pour un million d’habitants. Le nombre de décès liés à la consommation d’opioïdes a augmenté de 146 %, entre 2000 et 2015, avec au moins 4 décès par semaine »
Des mises en garde insuffisantes
Lorsqu’il s’agit de médicaments antalgiques et stupéfiants, le Pr Dematteis s’inquiète du manque de sensibilisation :
« Les patients ont-ils conscience, quand ils prennent un antalgique pour traiter des douleurs, notamment celles associées à un traitement du cancer, de prendre un médicament plus puissant que l’héroïne ? Non »
Selon lui, les mises en garde sur les boites sont loin d’être suffisantes pour transmettre les réels dangers associés à la prise d’opioïdes. Il cite notamment le fentanyl, morphinique de synthèse « cinquante fois plus puissant que l’héroïne », qui ne mentionnerait qu’en lettres minuscules au dos de la boîte : « Stupéfiant. Prescription limitée à vingt-huit jours ».
En effet, les opioïdes consommés à haute dose peuvent entraîner une dépression respiratoire, voire la mort comme l’explique l’OMS, et leur nature addictive pousserait à une consommation croissante plaçant ainsi le patient dans un cercle vicieux. Nathalie Richard, directrice adjointe à l’ANSM le confirme :
« On voit apparaître des catégories de patients à qui on a prescrit ces médicaments pour soigner des douleurs et qui, devenus dépendants, se retrouvent hospitalisés pour une surdose ou un syndrome de sevrage »
L’OMS identifie plusieurs symptômes précurseurs à l’overdose qu’il caractérise de « triade de l’overdose aux opioïdes ». Il s’agit notamment de la contraction des pupilles, la dépression respiratoire et enfin l’inconscience.