Comment cultiver le chou dans votre jardin ?
Pour étudier le rôle du cholestérol, dans les années 1920, le Danois Carl Peter Henrik Dam soumet des poulets à une alimentation pauvre en matières grasses. Après quelques semaines, les volatiles présentent des hémorragies, et cela même après le retour du cholestérol dans leur ration alimentaire. Le lien avec le chou ? J’y arrive…
Suite à cette expérience, Dam déduit qu’un composé liposoluble est impliqué dans la coagulation. Cette molécule sera baptisée en 1934 vitamine K, pour Koagulationvitamin. En 1936, Dam extrait la vitamine K de plants de luzerne, et avec l’aide du Prix Nobel de chimie Paul Kasser, il obtient sa purification quelques années plus tard. En parallèle, les chercheurs se lancent dans la course à sa synthèse. Ce sera l’équipe d’Edward Adelbert Doisy, un chimiste américain, qui y parviendra la première. En 1943, Dam et Doisy se partagent le prix Nobel de médecine et physiologie pour la découverte et la synthèse de la vitamine K.
On sait, depuis, que cette dernière présente sous ses trois formes K1, K2 et K3 intervient essentiellement dans la coagulation sanguine mais aussi dans le métabolisme des os, par son rôle dans la fixation du calcium. Elle assure la souplesse des artères, le bon état des tendons, des cartilages et des tissus conjonctifs et intervient en cas d’inflammation. Et les choux dans tout ça ?
La vitamine K1 au potager
Les légumes-feuilles sont la source principale de vitamine K1 dont les besoins journaliers varient autour de 75 microgrammes (μg). Avant eux se situent quelques plantes aromatiques. Mais, sauf à se faire des orgies de basilic, de sauge ou de thym séchés (1 710 μg/100 g) ou des ventrées de vrai taboulé libanais à base de persil (1 220 μg/100 g), il est plus raisonnable de consommer du pissenlit (778 μg/100 g), de l’épinard (521 μg/100 g) ou de la poirée (377 μg/100 g). Mais le choix du chou s’impose car on peut en cultiver presque toute l’année au potager !
Voici sa fiche d’identité : plante bisannuelle cultivée comme annuelle au potager. Feuilles larges, arrondies, charnues, disposées en pomme sphérique à pointue, dense, fermée ou légèrement ouverte. Les feuilles sont lisses (chou cabus) ou cloquées (chou de Milan), vertes ou bleutées. Fleurs hermaphrodites, jaunes, solitaires, réunies en épis simples, allongés.
Le chou vert cuit en potée est préférable (109 μg/100 g) car cuit à l’eau ou bouilli il perd toute sa vitamine (9 μg/100 g). En hiver, on peut se permettre une séance de rattrapage avec le chou frisé, comme le chou kale (817 μg/100 g).
La culture
C’est assez simple, l’attention doit surtout se porter sur le planning de production (donc de récolte). Préparez une parcelle de terre riche ; le chou est très exigeant mais évitez les fumures fraîches (du compost ou du fumier pas complètement décomposé par exemple), elles favorisent la hernie du chou.
Semez clair en vous aidant d’un semoir à main car les petites graines noires sont fines. Tassez légèrement et arrosez en pluie fine si besoin, selon la période. Au stade 2 ou 3 feuilles, repiquez en place définitive en laissant 60 cm entre deux choux. Au moment du repiquage, éliminez les rares qui n’ont pas d’œil (de bourgeon) au centre. Sarclez, binez et arrosez régulièrement au pied et déposez un épais paillage au sol en été. Récoltez lorsque les pommes sont bien formées, au fur et à mesure de vos envies.
Maladies et ravageurs
La liste peut effrayer le débutant, mais elle est surtout théorique. Appliquez la rotation des cultures est généralement suffisant : attendez quatre à cinq ans avant de cultiver de nouveau le chou à la même place.
En revanche, au printemps et en été, ce petit papillon blanc qui tournicote autour des choux est la bête noire des jardiniers : la piéride du chou pond ses œufs jaune vif sous les feuilles, que ses chenilles vertes grignotent, ne laissant que les nervures. Écrasez les œufs et les chenilles et pulvérisez des suspensions de Bacillus thuringiensis autant de fois que nécessaire.
Les bonnes variétés
Les choux se répartissent en deux grandes sortes : les choux cabus, à feuilles lisses vertes, blondes ou rouges, donnant une pomme bien fermée, et les choux de Milan, à feuilles cloquées, vert bleuté, à pomme sphérique ou conique dont les feuilles extérieures s’ouvrent davantage. Le choix se fait en fonction de la période de la récolte envisagée. Les variétés anciennes sont nombreuses, ajoutons-y une grande quantité d’hybrides F1, et tous les choux sont bons ! Voici une petite sélection.
Les choux de printemps
Semez en pépinière vers mi-août et jusqu’à fin septembre, repiquez, puis mettez en place définitive en automne. Récoltez de fin avril à juin
Les choux cabus | Les choux de Milan |
Nantais hâtif
Pied très court, on le croirait posé à même le sol. Pomme ronde, dense, vert foncé. Convient très bien aux climats doux de l’Ouest. Variété précoce ne supportant pas le froid.
Cœur de Bœuf Moyen de la Halle ou Cœur de Bœuf des Vertus.
Pomme volumineuse, conique, très serrée, de 40 cm de haut, portée par un pied court. Variété hâtive de bonne qualité gustative.
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Ils passent très bien l’hiver une fois qu’ils sont « finis », en revanche, si on les repique à l’entrée de l’hiver, les plants ne le supportent pas. C’est pourquoi, en général, on ne les conseille pas. Néanmoins, on peut proposer F1 Famosa : petite pomme arrondie, de 800 g à 1,3 kg, feuilles vert foncé, très cloquées. À cultiver toute l’année en réalité. En dehors de la période froide, il est hâtif et produit en seulement 60 jours. |
Les choux d’été et d’automne
Semez en février-mars sous abri ou de mars à juin en pépinière. Récoltez entre début août et décembre.
Les choux cabus | Les choux de Milan |
Quintal d’Alsace
Ancienne variété déjà mentionnée dans le VilmorinAndrieu de 1885, appelée aussi « Quintal de Strasbourg ». Pomme large, aplatie, très grosse et très ferme, de couleur vert pâle légèrement cendré. Chou tardif rustique et très productif, un des meilleurs pour la choucroute !
Tête noire Variété traditionnelle, hâtive à pied court, très rustique, à récolter d’août à novembre. Pomme ronde, très serrée, rouge foncé, petite à moyenne. Délicieuse en crudité.
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Gros des Vertus
Pomme volumineuse, large et épaisse, serrée et aplatie à son sommet, aux feuilles nettement cloquées. Tardive et très productive, c’est une variété qui supporte bien les premières gelées.
Hâtif d’Aubervilliers Variété hâtive de culture facile, très productive. Pomme aplatie portée par un pied court, feuilles finement cloquées, vert-bleu et jaune-vert à l’intérieur. Très tendre. |
Les choux d’hiver
Semez de mars à juin en pépinière, transplantez en juin-juillet, et récoltez d’octobre à mars.
Les choux cabus | Les choux de Milan |
De Vaugirard d’hiver
Ancienne variété parmi les plus rustiques au froid. Pomme rouge violacé à l’extérieur. Peut rester en place tout l’hiver.
Cœur de bœuf Rustique et productif. Pomme conique, compacte, de 1,5 kg environ. Pour récolte tardive d’hiver au printemps suivant.
Ruby Perfection F1 Variété très précoce de très bonne qualité. Pomme ronde, de taille moyenne, rouge très foncé.
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D’hiver de Pontoise
Grosse pomme serrée, vert bleuté, légèrement teintée de rouge ou de violet sous l’effet du froid. Variété très rustique permettant des récoltes tout au long de l’hiver.
Roi de l’Hiver Pomme ronde, feuilles finement cloquées. Très résistant au froid. Avec la baisse du thermomètre les feuilles deviennent d’un beau rouge violet. À récolter jusqu’en mars. |