Quels sont les bienfaits de la pomme ?
Certains arbres sont appréciés pour leur exotisme, leur parfum « d’ailleurs ». C’est tout l’inverse avec le pommier. Que l’on évoque les traditions culinaires, les héros légendaires ou les pratiques populaires, le pommier fait partie de notre mémoire collective. Ouvrons ensemble le livre de cette fabuleuse histoire...
Haut comme trois pommes
Difficile de désigner un ancêtre commun à tous les pommiers ; du plus loin que les investigations remontent, il est toujours question de formes hybrides, le plus souvent issues de Malus sylvestris, un pommier sauvage à partir duquel proviennent la plupart de nos variétés cultivées. Certains auteurs situent son origine en Asie centrale, au cœur du Kazakhstan, mais nul ne peut l’affirmer. Des fragments de pommes et de pépins fossilisés, découverts sur d’anciens sites néolithiques français, attestent de son usage alimentaire. À la différence de son ancêtre sauvage, le pommier cultivé, Malus communis, a perdu ses épines ; son tronc est court (il dépasse rarement 10 mètres) et ses branches vigoureuses. À l’instar des autres Rosacées, ses feuilles sont alternes. Le limbe, arrondi et mat, présente une pubescence marquée sur sa face inférieure. Quand le mois d’avril s’installe dans les vergers, il fait bon contempler sa floraison tendrement rosée. Si les fruits de l’espèce sauvage sont petits et âcres, ceux des cultivars sont plus gros et leur saveur plus douce. La pomme est en réalité un faux fruit, le vrai étant le « trognon ». La partie charnue, juteuse et sucrée que nous consommons correspond au réceptacle de la fleur. Le vrai fruit – botaniquement parlant – est la partie interne, dure et cloisonnée en petites loges dans lesquelles sont répartis les pépins.
Défendu et désirable
Nul autre fruit n’a imprégné aussi « charnellement » notre civilisation que cette sacrée pomme. Si l’Ancien Testament nous la présente entachée de transgression, elle demeure le fruit de l’Arbre de la connaissance du bien et du mal, sans lequel toute évolution de la conscience serait vaine. Le latin malum signifie à la fois le mal et la pomme ; curieux destin !
La mythologie celtique, quant à elle, a rêvé l’île d’Avallon comme le séjour de l’éternelle jeunesse. On la dit plantée de pommiers dont le fruit, merveilleuse nourriture, se renouvelle sans cesse. C’est ici que reposent les héros défunts et le roi Arthur, dans l’attente du retour… Dans la langue bretonne, aval désigne la pomme. Cette racine celte dérivée du gaulois aballo se retrouve dans l’étymologie d’Avallon mais aussi dans celle d’Apollon, dieu grec venu des régions hyperboréennes, souvent représenté une pomme à la main. Ce fruit d’immortalité, porté par un pommier d’or, Héraclès avait tenté de le dérober à Héra, au jardin des Hespérides. Mais ce sont les empereurs de Rome, de Byzance et du Saint Empire germanique qui l’adoptent comme symbole de leur pouvoir temporel et de leur devoir nourricier envers le peuple.
Histoire de femme
La puissance évocatrice de la pomme met en relation sa rondeur, sa douceur avec les valeurs féminines de fécondité, de fonction nourricière sans oublier les rites populaires associés au mariage. Ainsi, la jeune fille qui espérait trouver un mari dans l’année devait réussir à peler une pomme en entier, d’un geste ininterrompu, sans casser la pelure. Les schémas traditionnels de la cuisine aux pommes appartenaient encore dans les années 1950 à une tradition paysanne et familiale de mères et de grands-mères. Quelle femme n’a jamais noté précieusement la fameuse recette aux pommes transmise par sa mère qui la tenait de sa grand-mère, qui elle-même… La pomme est allée jusqu’à s’inviter dans la langue française pour nommer certaines parties de notre anatomie : Les pommettes du visage, la pomme d’Adam des messieurs…
Une panacée à tomber dans les pommes !
Riche en sels minéraux (calcium, magnésium, fer, phosphore, silice), la pomme est un formidable reminéralisant pour accompagner une grossesse, un état de fatigue ou de convalescence. Son cocktail de vitamines (C, B1, B2, PP), d’acides aminés et de pectine diffuse une information régulatrice particulièrement efficace sur le système intestinal. Grâce à son action hydratante et dépurative, la pomme est l’une des meilleures alliées du transit intestinal.
Elle agit aussi bien sur la constipation qu’en cas de diarrhée. De plus, elle favorise la sécrétion d’une diastase bactéricide qui combat la plupart des infections intestinales (colibacilloses) et maintient la qualité du microbiote. Sa consommation quotidienne améliore l’ensemble du travail digestif.
Stimulant et décongestionnant du foie, elle est vivement recommandée aux personnes souffrant de paresse hépatique, de lithiases biliaires ou encore d’hypercholestérolémie. Ici, le rôle de la pectine est primordial, d’où l’intérêt de laisser brunir la chair de la pomme qui traduit son oxydation et signale le développement de la pectine.
Dans le domaine cardiovasculaire, on constate une amélioration de la souplesse, de la tonicité vasculaire ainsi qu’une baisse de l’hypertension artérielle. Les estomacs fragiles auront tout intérêt à inscrire la pomme à leur menu journalier pour calmer les états inflammatoires et renforcer leurs muqueuses. Bref, les vertus de la pomme ne se comptent plus! Il serait dommage de la peler car la peau est un véritable concentré de silice et d’enzymes favorisant la digestion de la pulpe ; il est donc indispensable de l’acheter bio !
Pour bénéficier de ces innombrables bienfaits, consommez tout simplement une pomme crue, râpée, chaque matin à jeun. Et si vous voulez insister sur l’aspect diurétique et reminéralisant, essayez une infusion de pomme séchée ou de pelure (toujours séchée). Comme le dit le proverbe anglais : « An apple a day, keep the doctor away. »
Le goût du danger
En offrant la pomme d’or à Aphrodite – la désignant ainsi comme la plus belle –, Pâris sèmera la zizanie entre les déesses Héra, Athéna et Aphrodite, déclenchant malgré lui la guerre de Troie. L’expression « pomme de discorde » trouve ici son origine. Compromise dans d’autres affaires un peu troubles, la pomme a bien failli coûter la vie à une jeune fille, trop belle elle aussi au goût de sa marâtre : Blanche Neige. La belle s’endormira après avoir croqué dans le fruit empoisonné…
La tisane anti-constipation
- Quartiers de pomme séchée
- Feuilles de plantain major (Plantago major)
- Fleurs de prunellier (Prunus spinosa)
Faites infuser à couvert dans 200 ml d’eau frémissante une cuillère à soupe rase du mélange, pendant 15 min. Prenez 2 à 3 tasses par jour en dehors des repas (environ 30 min avant les repas) jusqu’à amélioration
Le chutney de pommes
1 kg de pommes reinettes, 6 cuillères à soupe de miel, 10 échalotes, ½ litre de vinaigre de cidre, 30 g de gingembre frais, une pincée de muscade, poivre, sel, 3 clous de girofle, 3 pincées de piment d’Espelette, 2 g d’agar-agar
Pelez et coupez les pommes en quartiers. Mettez-les à cuire dans une cocotte avec les échalotes émincées et le vinaigre. Portez doucement à ébullition puis ajoutez le miel, le gingembre râpé, les épices, le sel et le poivre. Laissez frémir tout en remuant pendant 30 min. Vérifiez l’assaisonnement (sel et poivre). Diluez l’agar-agar dans un peu d’eau froide avant de l’ajouter à la préparation et laissez encore frémir 10 min. Mettez en pot et dégustez avec une tarte salée, une terrine de légumes, un poisson ou une viande blanche…