Comment peux-t-on protéger les abeilles ?
Elles pollinisent plus de 170 000 variétés de plantes permettant à tout notre écosystème d’exister. Et pourtant, le taux d’extinction des abeilles est de 100 à 1 000 fois supérieur à la normale. Quelles actions peut-on mener pour les protéger ?
Considérées comme les gardiennes de la biodiversité et des écosystèmes, 84% de la récolte mondiale destinée à la consommation humaine dépend des abeilles ou d’autres pollinisateurs, selon la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture). Il est donc crucial et urgent de chercher, trouver et mettre en œuvre toutes les actions qui sont à notre portée, nous, humains et citoyens pour les protéger. L’effondrement des colonies d’abeilles dans le monde n’est pas un mystère. Parmi les causes, les traitements phytosanitaires à coup de pesticides comme les néonicotinoïdes. Ces derniers bloquent les voies neuronales du système nerveux central des abeilles, ce qui entraîne leur désorientation et l’incapacité de se nourrir. Interdits en France depuis 2018, ces « tueurs d’abeilles » sont pourtant régulièrement autorisés « temporairement », notamment dans les champs de betteraves. Il y a, bien sûr, le réchauffement climatique et sa sécheresse, les nouveaux virus et agents pathogènes, les acariens (varroa destructor), la pollution de l’air et la destruction de l’habitat en raison des monocultures avec un environnement appauvri. Résultat, sans l’action des pollinisateurs, un tiers des plantes à fleurs ne produirait plus de graine tandis que la moitié subirait une réduction de 80 % de sa fertilité, selon une étude parue dans Sciences Advances en 2021.
Faites du buzz dans votre jardin !
Pour s’alimenter, les abeilles ont besoin de nectar, de pollen et d’eau. C’est là que nous pouvons tous intervenir, tout faire pour privilégier un environnement favorable en plantant des fleurs pour couvrir leurs besoins. Peu importe que vous ayez un rebord de fenêtre, un balcon, une terrasse ou un jardin. Dès le printemps, les abeilles partent butiner. Offrez-leur des « plats à emporter » en plantant des fleurs mellifères, celles qui produisent de bonnes quantités de nectar et de pollen de qualité. Multipliez les variétés en veillant à étaler les périodes de floraison des différentes plantations (n’oubliez pas que la fin de l’hiver est le moment de semer les graines pour les plantes de printemps et d’été). Entre les capucines extrêmement faciles à cultiver et qui se déclinent en de nombreuses variétés, la digitale pourprée, les coquelicots qui fleurissent de début juillet jusqu’en octobre, les clématites, ces plantes grimpantes très florifères, la lavande, le crocus, le bleuet, la bourrache (elle fleurit du début du mois de mai jusqu’aux mois d’août septembre), le souci, la marguerite… Enfin, les traditionnels géraniums qui fleurissent en général d’avril à octobre, voire plus. Toutes ces plantes offrent aux abeilles quelques mois assurés de pollen. Un conseil : la culture à partir de graines est la méthode idéale pour créer des habitats favorables aux abeilles, de vraies petites prairies de fleurs sauvages.
Plantez des herbes !
Savez-vous que le romarin, la menthe et les trèfles attirent aussi les abeilles ? Le fenouil est aussi un bon exemple car il produit à la fois du nectar et du pollen. C’est la raison pour laquelle le groupe Pernod Ricard France, a, depuis 2008, lancé la culture du fenouil en Provence pour son approvisionnement en anis. La société, pour comprendre les bénéfices de ces plantations sur l’écosystème local, s’est associée à l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie. Une thèse menée depuis 2018 a montré la richesse en insectes floricoles qui en découle : 38 familles d’insectes contre 6 en moyenne dans un champ de blé, dont cinq d’abeilles ! Et cette diversité en insectes augmente le rendement du fenouil ! Une pelouse dans votre jardin ? Oubliez la tondeuse en laissant une partie pousser plus longtemps afin de donner aux pollinisateurs un abri et un endroit pour se nourrir
N’oubliez pas de les abreuver
Les abeilles ont aussi besoin d’eau potable. C’est une bonne idée de leur fournir une source d’eau sécurisée car elles se noieront souvent dans de vastes étendues d’eau comme les piscines (qui ne contiennent pas l’eau la plus saine pour les abeilles). Les abeilles aiment l’eau qui coule car elles y risquent moins de s’y noyer, pourquoi ne pas installer une petite fontaine à eau qui a un ruissellement doux ou simplement un abreuvoir pour oiseaux en prévoyant d’y disposer quelques objets flottants, écorces de bois ou bouchons de liège, en guise de zone d’atterrissage.
Après le couvert, le gîte !
Les abeilles ont perdu une grande partie de leur habitat naturel au cours des cinquante dernières années. Alors pourquoi ne pas leur en offrir un ? Il existe de multiples façons de créer un hôtel pour les abeilles. Avec des bouteilles en plastique dont on coupe les deux extrémités pour créer un cylindre et dont on ponce les bords pour les rendre lisses. Il suffit ensuite de remplir de brindilles et de tiges creuses. Les abeilles vont assez profondément à l’intérieur des tiges, utilisez donc des longueurs d’au moins 10 cm. Fixez l’hôtel fermement à un mur ou à un poteau, en plein soleil, exposition sud ou sud est, à au moins 1,50 m du sol. Une fois l’automne arrivé et avant l’arrivée des températures froides, il faudra le déplacer pour protéger les œufs d’abeilles qui se trouvent à l’intérieur. Un abri de jardin ou à défaut un endroit sec fera l’affaire, avant de le ressortir en mars.
Parrainez une ruche
Devenir marraine ou parrain d’une ruche est une bonne façon d’agir concrètement pour la préservation des abeilles. De nombreux apiculteurs parrainent des entreprises et des particuliers pour une ou plusieurs ruches, voire plusieurs ruches. En contrepartie, vous pouvez bénéficier d’un certain nombre de pots de miel, selon l’importance du parrainage de la ruche. Vous serez également tenu au courant de la bonne santé de votre ruche et de ses habitantes. Une belle idée de cadeau ! Vous pouvez aussi soutenir des projets qui protègent les abeilles.
Une ruche dans votre jardin
Les amateurs jouent un rôle écologique important puisqu’ils enrichissent le réseau de ruches sur le territoire. Si, il y a quelques années, il était un peu compliqué de se lancer dans l’aventure, aujourd’hui, les informations ne manquent pas et l’apprenti apiculteur pourra même se former auprès des professionnels (voir encadré). Il est facile de créer un petit rucher dans son jardin à condition toutefois de respecter la réglementation qui prévoit le respect d’une distance de 3 mètres minimum avec les maisons voisines. La ruche ne vous demandera pas beaucoup de temps mais surtout, une surveillance régulière.