Une femme arrive au pouvoir au malawi, annule plus de 3000 mariages d’enfants et renvoie les jeunes filles à l’école
L’enfance est une période importante de la vie où plusieurs facettes de la personnalité d’un individu se forment. C’est pourquoi il est extrêmement important de tout faire pour que cette période se passe dans les meilleures conditions possibles et que l’enfant reçoive une éducation à la hauteur. Toutefois, dans certaines régions du monde, certains enfants sont arrachés à leur enfance de façon prématurée afin d’être mariés de force et se retrouvent parfois eux-mêmes parents avant d’atteindre l’âge de la majorité. Consciente du mal que cela fait aux enfants, une chef au Malawi a utilisé son pouvoir afin de mettre fin aux mariage des enfants et renvoyer ces derniers à l’école pour qu’ils reçoivent une éducation appropriée. Cette histoire inspirante nous est relayée par nos confrères de France Info.
Cela peut paraître étonnant que la lutte pour la protection de l’enfance soit encore nécessaire en 2020, mais c’est pourtant le cas dans plusieurs régions du monde. Que ce soit par faute de moyens ou encore pour des raisons culturelles, de nombreux enfants sont encore mariés de force dans de nombreux pays du monde. Consciente du mal que cela fait aux enfants, Theresa Kachindamoto a oeuvré, dès son arrivée au pouvoir dans un district du Malawi, pour mettre fin à cette pratique, annuler les mariages d’enfants qui avaient eu lieu précédemment et renvoyer ces derniers à l’école.
Plus jeune enfant de sa famille, Theresa Kachindamoto n’avait jamais pensé à devenir chef
Lorsqu’elle a été désignée il y a 16 ans comme chef traditionnel du district de Dedza, au Malawi, Theresa Kachindamoto dit être tombée des nues et avoir demandé : “Pourquoi ? Pourquoi moi ? Je suis une femme, et vous dites qu’une femme ne peut pas être chef. Alors pourquoi maintenant ?” Elle venait d’un autre village et avait plusieurs frères et soeurs plus âgés qu’elle, mais elle avait été choisie pour sa bonté : “Ils m’ont répondu : on vous a choisie parce que vous êtes bienveillante envers les gens, alors nous voulons que vous deveniez leur chef”.
Dès son arrivée au pouvoir, elle a lutté pour mettre fin aux mariages d’enfants
Theresa Kachindamoto a raconté que la première chose qui l’avait frappée en arrivant dans son nouveau district était le nombre de filles de 12, 13, 14 ou 15 ans qui étaient mariées et avaient déjà deux enfants : “J’ai dit non, c’est trop ! Je dois faire quelque chose !”.
Dans ce sens, la chef du district au grand coeur a tout fait, dès son élection, pour que plus aucun mariage d’enfants ne soit pratiqué dans sa communauté. Elle a ainsi utilisé son pouvoir non seulement pour interdire ces mariages, mais aussi pour annuler plus 3000 mariages d’enfants qui avaient eu lieu avant son arrivée au pouvoir.
Elle a renvoyé ces enfants à l’école et interdit les pratiques portant atteinte à leur enfance
Theresa Kachindamoto a renvoyé tous les enfants précédemment mariés à l’école afin qu’ils puissent recevoir l’éducation dont ils avaient été privés, et a interdit le “kusasa fumbi”, qui était une pratique consistant à envoyer des jeunes filles, dès l’âge de 7 ans, dans des camps afin de les initier aux actes sexuels pour qu’elles puissent satisfaire leurs maris potentiels.
Elle a également lutté contre les chefs qui autorisaient le mariage des enfants
Theresa Kachindamoto a menacé de renvoyer tout chef qui autoriserait ces pratiques, et l’a fait dans le cas de 4 chefs qui étaient à la tête de zones où les mariages d’enfants étaient monnaie courante. Cela lui a valu de recevoir des menaces de mort mais cela ne l’a tout de même pas arrêtée : “Je m’en fiche, ça ne me pose pas de problème. J’ai dit qu’on pouvait discuter, mais que ces filles allaient retourner à l’école”.
Le mariage d’enfants, de nombreux risques
Reconnu comme sujet phare dans le cadre de la Protection de l’enfant contre la violence, l’exploitation et les abus par l’Unicef, le mariage d’enfants est un fléau qui sévit dans de nombreux pays mais affecte particulièrement les filles.
L’organisme met en lumière de nombreux risques pour leur santé physique, notamment la mortalité maternelle. Chez les filles de 15 à 19 ans, celle-ci serait une cause importante de décès en cas de grossesse ou pendant l’accouchement.
En outre, l’Unicef rappelle que pour une mère de moins de 18 ans, les risques de mort du nourrisson sont 60% plus élevés que pour une mère à un âge plus avancé. Le bébé risque d’être en sous-poids, de souffrir de sous-nutrition et de subir un “retard de son développement physique et cognitif”.
Sans oublier les conséquences psychologiques que le mariage d’enfants implique, puisque celui-ci expose l’enfant à la violence, à l’exploitation et à la maltraitance. De manière plus directe, cette union précoce prive également les plus jeunes de leur famille et leurs amis, leur ôtant toute liberté pour participer à une vie communautaire indispensable à leur bien-être.