« Totalement inefficaces » Didier Raoult condamne les mesures adoptées pour faire face au Covid-19
Didier Raoult, comme à son habitude, frappe fort pour condamner la politique du gouvernement face à la crise sanitaire du Covid-19. Découvrez les explications du médecin provençal célèbre. Elles lui valent de dire que les mesures face au coronavirus sont « totalement inefficaces ».
Relayés par nos confrères du site régional Midi Libre, les propos du professeur que l’on ne présente plus sont encore polémiques. Pour lui, toute la politique pour se protéger du coronavirus n’a aucun intérêt pour le combattre. Afin d’étayer cette théorie, il s’appuie sur une étude scientifique. Pourtant, cette dernière a été remise en question à plusieurs reprises.
Didier Raoult condamne les mesures prises pour gérer la crise sanitaire
Dans une vidéo publiée sur sa chaîne Youtube le mardi 23 février, le célèbre Didier Raoult a un message à faire passer. Sa mise en garde ? Les mesures restrictives établies en France ou ailleurs n’ont pas tenu leurs promesses. Pour prouver cette opinion, il s’appuie sur une étude menée par un professeur de l’université de Stanford. Une recherche loin de faire l’unanimité parmi ses confrères au vu de sa méthodologie et de la taille de son échantillon. Il rebondit à l’actualité au lendemain de l’annonce d’un confinement dans le département des Alpes-Maritimes et la ville de Dunkerque. L’homme à la renommée nationale fustige les mesures de plus en plus sévères adoptées par la France. Comme il le dit sur le site de partage de vidéos dans son support IHU Méditerranée Infection, ces mesures sont « totalement inefficaces ». Une opinion qu’il partage avec le chercheur de la précitée université. Ce n’est pas la première fois que l’expert a des opinions à contre-courant. Il a affirmé que la gestion de crise était « la plus grande manipulation de tous les temps ».
« Il n’y a pas de mesure de contraintes sociales qui ait fait la preuve de son efficacité »
En faisant référence à l’étude, Didier Raoult, fervent défenseur de la chloroquine, défend cette fois son confrère John Ioannidis, professeur de l’université de Stanford. Le médecin marseillais commente : « Elle montre, en comparant de pays à pays […] qu’il n’y a pas de mesure de contraintes sociales qui a fait la preuve de son efficacité ». Ces conclusions scientifiques publiées le 5 janvier dans la revue European Journal of Clinical Investigation comparent l’évolution des contaminations dans deux catégories de pays. Parmi eux, huit pays « restrictifs » où l’on peut compter les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France et de l’autre côté des territoires plus souples tels que la Corée du Sud ou la Suède. Résultat de l’étude : ces mesures n’ont pas empêché pour autant la montée des cas d’infections au coronavirus. Pour autant, cette investigation scientifique n’est pas sans limites dans les approches de recherches et est considérée biaisée.
La méthodologie présenterait plusieurs lacunes
Malgré la parole d’autorité que représente un professeur de médecine, d’autres spécialistes donnent leur critique de cette étude qui établit l’inefficacité des mesures de restriction. Relayé par nos confrères du Parisien, un article publié sur PubPeer donne le son de cloche d’un expert épidémiologiste australien, Gideon Meyerowitz Katz et du chercheur du même pays Loni Besançon. Les reproches des scientifiques : la comparaison de l’évolution des contaminations sur 10 pays seulement.
Ainsi dans cette étude, des pays tels que la Suède et l’Iran sont comparés. Une chose qui n’a pas lieu d’être selon ceux qui ne partagent pas la théorie de Didier Raoult. Ils reprochent tous deux à la recherche de ne pas tenir compte des différences culturelles, sociales et politiques entre les pays qui pourraient avoir un impact sur le nombre des cas pendant cette crise. Et ce n’est pas le seul problème posé par ces conclusions scientifiques.
Le second groupe a bien mis en place des restrictions
Pour les opposants à l’idée de Didier Raoult et de John Ioannidis, le second groupe mis en lumière pose également un problème. Le reproche fait à cette étude est le parallèle entre les premiers pays avec la Suède et la Corée du Sud. Selon les conclusions parues dans le journal scientifique, ces deux derniers n’ont pas mis en place de restrictions. Pourtant des mesures ont été mises en place dans le territoire européen. Dans l’article, nous pouvons lire qu’il a « enregistré moins de cas au début de la pandémie simplement parce qu’il avait l’un des plus faibles nombres de tests dans tous les pays [ndlr : ceux de l’étude] ». Autre bémol de cette enquête : la comparaison du nombre de cas entre la Suède et l’Italie. Gideon Meyerovitz-Katz condamne cette opposition car « on ne tient pas compte des disparités dans le nombre de tests dans leur pays ». Une limite de taille pour ceux qui s’inscrivent en faux contre l’affirmation du professeur de Stanford car on ne prendrait pas en compte le nombre de cas confirmés dans chacun des territoires. Les scientifiques reprochent également des facteurs négligés tels que l’âge et l’état de santé des malades ou encore le taux d’urbanisation des pays.
Le professeur Ioannidis assurait que le coronavirus ne ferait pas plus de 10 000 morts aux Etats-Unis
Comme expliqué précédemment par les scientifiques australiens, la Suède et la Corée du Sud ont bien instauré des mesures pour limiter les effets de la crise sanitaire liée au Covid-19. Si les deux pays n’ont pas été aussi stricts que la France et le Royaume-Uni, ils ont décidé d’appliquer plus largement le télétravail. La fermeture de leurs écoles était plus longue et le contrôle des malades était bien plus appuyé. Et le professeur Ioannidis a également affirmé des hypothèses qui se sont plus tard avérées fausses. Selon lui, le virus ne serait pas si dangereux et il estimait qu’aux Etats-Unis, il n’y aurait pas plus de 10 000 morts. A l’heure où nous écrivons, il y’en a eu plus de 535 000. En outre, la revue scientifique où est parue l’étude a vu John Ioannidis comme rédacteur en chef, un élément qui peut éclairer le contexte de l’opinion du professeur de Marseille. Sur Cnews, ce dernier avait déclaré que le Covid-19 n’était pas une maladie plus mortelle que la grippe.