Covid-19 : pourquoi les scientifiques redoutent une vague des cas d’Alzheimer dans 15 ans ?
Si nombre d’entre nous tentent tant bien que mal de visualiser l’après-Covid, certains scientifiques ne sont pas sans redouter quelques mauvaises surprises. Parmi elles, une recrudescence potentielle de troubles neurologiques d’ici une dizaine d’années, dont la maladie d’Alzheimer, révèlent nos confrères de Medisite.
Apparu il y a plus d’un an, le Covid-19 s’est rapidement répandu dans les quatre coins du monde, mobilisant la communauté scientifique face à une maladie nouvelle. Mécanismes d’action, contagiosité, complications…il a fallu plusieurs mois pour lever progressivement le voile sur l’infection liée au virus Sars-CoV-2.
Aujourd’hui encore, bien que les connaissances se soient approfondies à son sujet et que la vaccination apporte une lueur d’espoir pour sortir de la pandémie, des questions persistent. Relayée par Medisite, une étude parue le 5 janvier 2021 dans la revue Alzheimer’s Association s’interroge notamment sur l’impact du virus sur le système nerveux central et ses séquelles potentielles à long terme sur les risques de déclin cognitif.
Faut-il redouter une vague d’Alzheimer dans les années à venir ?
C’est la question qui suscite l’intérêt des chercheurs à l’origine de cette publication, au vu des zones d’ombres qui subsistent au sujet de l’impact du Covid-19 sur le cerveau. Leur objectif : évaluer les répercussions potentielles de ces effets et leur contribution au fardeau global des maladies dans les années à venir. En se basant sur des pathologies antérieures comme la grippe espagnole, Ebola ou le Sras, qui auraient affecté le système nerveux, ces derniers redoutent un scénario similaire. “Il “semble probable que les maladies cardiovasculaires et cérébrovasculaires liées à la Covid-19 contribuent à un risque plus élevé à long terme de déclin cognitif et de démence chez les personnes rétablies”, peut-on lire sur l’étude. Les scientifiques ajoutent aussi que “Plusieurs sources de données suggèrent que les infections virales du cerveau peuvent avoir un impact sur le risque de maladie d’Alzheimer ou de maladie de Parkinson”. Ils soulignent toutefois que “les mécanismes par lesquels ces anomalies neurologiques résultent du Covid-19 restent à être pleinement établis” et en appellent à approfondir les recherches.
Dans ce sens, un consortium international multidisciplinaire a été formé pour collecter et évaluer les répercussions à court et à long terme du virus sur le système nerveux central. Ce programme d’études regroupe des représentants de plus de 30 pays et des scientifiques de l’Alzheimer’s Association, guidés par les conseils techniques de l’OMS. Il a pour objectif de mieux comprendre les conséquences à long terme pouvant avoir un impact sur le cerveau, y compris les mécanismes pouvant contribuer à la maladie d’Alzheimer et à d’autres types de démences.
Que sait-on de l’impact du Covid-19 sur le cerveau ?
Si l’on pensait que le virus entraînait essentiellement des symptômes respiratoires, ce constat a rapidement évolué pour englober des répercussions gastriques, dermatologiques ou en l’occurrence, neurologiques. Selon Medisite, la perte du goût et de l’odorat par exemple a révélé que les zones responsables du traitement des données olfactives pouvaient être endommagées par le virus. Réalisée conjointement avec l’Inserm, une étude de l’université de Yale parue dans le Journal of Experimental Medicine a quant à elle mis en exergue le potentiel neuroinvasif du Sars-CoV-2 et suggérait que ce dernier pourrait se dupliquer dans le cerveau. D’après les chercheurs, c’est qui pourrait potentiellement expliquer certains symptômes tels que les délires, la confusion ou les maux de tête ressentis par certains patients.
Brouillard, confusions et délires
Dans un article portant sur les mystères qui restent à élucider au sujet de la maladie, Ouest-France a également mis en avant les séquelles neurologiques potentielles du Covid-19, citant d’une part l’étude publiée par l’Alzheimer’s Association et d’autre part, les témoignages de patients sur les réseaux sociaux, décrivant une sorte de “brouillard cérébral” et des pertes de mémoire. Nicolas Bergeron, psychiatre du Centre hospitalier de l’Université de Montréal a expliqué à La Presse qu’ “En phase aiguë, beaucoup de gens présentent un syndrome qu’on appelle delirium. Ils sont confus et ont des hallucinations”, ajoutant que “C’est le signe que le cerveau est en souffrance”. Pour autant, les études doivent se poursuivre pour approfondir ces observations et apporter des réponses définitives à ce sujet.