« L’hypoxie heureuse » une complication grave et silencieuse du Covid-19

Publié le 19 mars 2021
MAJ le 15 novembre 2024

Ce phénomène est surnommé l’ “hypoxie heureuse” mais en réalité, le terme adéquat est l’hypoxie silencieuse. Cette manifestation du Covid-19 n’est pas sans risques pour la santé. Et pour cause, ceux qui en souffrent peuvent être en insuffisance respiratoire sans s’en rendre compte.

Relayée par Femme Actuelle, une étude menée aux Etats-Unis a observé que certains malades du Covid-19 présentaient une faible saturation en oxygène, sans que cela ne se manifeste par une détresse respiratoire. Ce signe étrange peut passer inaperçu, entraînant des répercussions sur la santé du patient s’il n’est pas pris en charge.  

Un signe étrange de la maladie  – Source : Istock

Un phénomène mystérieux lié au Covid-19

Si la détresse respiratoire et l’essoufflement liés au nouveau coronavirus rendent généralement les malades comateux, parfois jusqu’à l’inconscience, il semblerait que d’autres ne ressentent qu’une gêne respiratoire, malgré une saturation très faible en oxygène. Cette manifestation étrange a notamment été mise en avant par une étude parue dans la revue américaine Science, donnant lieu à l’expression d’ “hypoxie heureuse”. Compte tenu de la gravité de ce symptôme, cette désignation a toutefois été jugée inadéquate. Le phénomène est donc caractérisé d’hypoxie silencieuse. 

Qu’est-ce que l’hypoxie silencieuse ?

Christian Lehmann, médecin et auteur d’une chronique pour Libération fait référence au caractère insidieux du Covid-19 et met en avant les risques encourus par les patients souffrant de ce symptôme. Il explique : “Le Covid est d’autant plus sournois que la baisse de la saturation sanguine en oxygène ne sera quasiment pas ressentie par le patient qui présente ce phénomène particulier d’”hypoxie heureuse” caractéristique”. En effet, vu que l’essoufflement ne se produit pas, le malade suffoque mais sans le réaliser. Par ailleurs, “Ces patients avec signes respiratoires présentent un risque d’aggravation survenant classiquement sept à dix jours après le début des symptômes”, ajoute le Dr Lehmann. Ainsi, il estime qu’une surveillance dans un cadre hospitalier est essentielle, d’autant plus que la désaturation en oxygène est brutale et peut se produire en moins de 10 minutes. 

“Des patients alertes et éveillés”

Interrogé par CNN, Le Dr Levitan, médecin urgentiste aux Etats-Unis explique quant à lui qu’il a eu affaire à des patients avec un taux d’oxygène dans le sang tellement bas que cela aurait dû mener à l’inconscience. “Ils ont tous dit qu’ils étaient un peu malades depuis des jours et que ce n’est que récemment qu’ils avaient remarqué soit un essoufflement, soit de la fatigue, soit autre chose”, poursuit le spécialiste Pourtant, ces derniers agissaient normalement, certains d’entre eux étant parfaitement alertes et éveillés, en dépit d’une saturation en oxygène à 50%. Pour rappel, la norme est située entre 95 et 100%. En-dessous de 90%, on considère qu’elle est anormale. 

Les malades manquent d’oxygène sans s’en rendre compte – Source : Istock

“Lorsqu’ils arrivent à l’hôpital, ils sont déjà à la limite de leurs capacités”

D’un point de vue général, le docteur Véronique Mondain, cheffe du service d’infectiologie au CHU de Nice, constate que les malades hospitalisés suite à une infection au Covid-19 sont moins âgés qu’il y a quelques mois. 

En moyenne, ils ont 10 ans de moins que les patients accueillis durant la première vague et ne présentent que peu ou pas de pathologies sous-jacentes, poursuit-elle. Pourtant, le fait d’être en bonne santé semble parfois compliquer la prise en charge, car paradoxalement, ils se considèrent en forme et tardent donc à réagir. “Ils sont sujets à ce qu’on appelle l’hypoxie heureuse : ils sont en insuffisance respiratoire mais ne s’en rendent pas compte. Si bien que lorsqu’ils arrivent à l’hôpital, ils sont déjà à la limite de leurs capacités”, explique-t-elle.

Même son de cloche au centre hospitalier de Toulon. Selon le Dr Audigier-Valette, pneumo-oncologue, ces malades sont trompeurs car sur le plan physique, ils parviennent à mieux supporter une insuffisance en oxygène et récupèrent plus rapidement que d’autres. Pour autant, l’effort entraîne un essoufflement, et ce n’est qu’après avoir effectué une gazométrie que la diminution de l’oxygène dans le sang est remarquée. Le risque étant qu’ils soient renvoyés chez eux pour “décompenser”. 

Face à cette évolution quelque peu différente du Covid-19, avec des symptômes plus précoces mais une aggravation plus tardive, le Dr Mondain se veut tout de même rassurante. “Dans la majorité des cas, le pronostic vital n’est pas impacté”, indique-t-elle. “Mais c’est dommage de subir un séjour en réanimation quand on pourrait s’en passer. On y laisse toujours quelques plumes…” déplore le médecin.