Symptômes, diagnostic, traitement : ce qu’il faut savoir sur la thrombose
La thrombose est considérée comme un effet secondaire “très rare” du sérum Vaxzevria d’AstraZeneca. Des cas ont également été identifiés aux Etats-Unis avec le vaccin Johnson & Johnson. Que faut-il savoir sur la formation de ce caillot de sang ? Y a-t-il des symptômes à surveiller ? Réponses avec le Dr Sebastian Marciano, médecin généraliste à Paris.
Suite aux multiples déconvenues subies par le vaccin anglo-suédois, nombre de personnes s’interrogent au sujet de la thrombose. Dans un entretien accordé au Journal des Femmes, le Dr Marciano fait le point sur son diagnostic, ses symptômes et son traitement.
Qu’est-ce qu’une thrombose ?
La thrombose se traduit par la présence inhabituelle d’un caillot de sang qui provoque l’occlusion totale ou partielle soit d’une artère (infarctus ou AVC), soit d’une veine. On parle alors de phlébite ou de thrombose veineuse. La phlébite correspond à la formation d’une thrombose dans une veine au niveau du cerveau, d’un bras ou d’une jambe et est liée à une coagulation anormale. Dans ce cas de figure, le risque est que le caillot de sang (thrombus) provoque une obstruction dans l’artère pulmonaire et donne lieu à une embolie pulmonaire. Cette condition peut engager le pronostic vital car le caillot empêche la bonne vascularisation du poumon et son oxygénation.
Quels sont les facteurs de risque de la formation d’un caillot de sang ?
L’insuffisance veineuse et l’hypercoagulabilité du sang font partie des facteurs de risque mis en avant par l’Inserm. La première se traduit par une performance insuffisante du réseau veineux et concerne près de 18 millions de personnes en France, notamment les femmes. Elle donne souvent lieu à une sensation de lourdeur dans les jambes, à des veines violacées ou bleues sous la peau, ou encore à des varices.
L’hypercoagulabilité du sang qui favorise la formation d’un thrombus peut quant à elle découler de plusieurs causes, dont :
- Des facteurs génétiques
- La grossesse
- Le tabagisme
- L’âge
- L’obésité
- Certains médicaments (corticoïdes, contraception hormonale)
- L’immobilité prolongée (alitement, chirurgie, long voyage, etc.)
Comment reconnaître une thrombose ?
Le thrombus formé par la coagulation du sang peut être localisé dans une veine ou une artère. On parlera donc de thrombose veineuse ou artérielle en fonction du vaisseau sanguin touché. Généralement, cela donne lieu à une douleur inhabituelle au niveau du membre affecté, explique le Dr Marciano. En cas de phlébite, il liste certains signes évocateurs, notamment :
- Une douleur unilatérale au niveau du mollet
- Un gonflement lié à la dilatation de la veine
- Une jambe qui rougit ou grossit (oedème)
Le Dr Amselem, médecin généraliste, cite également la fièvre qui peut parfois apparaître sous forme légère. Si la phlébite se manifeste dans une partie située plus haut, la douleur peut se manifester au niveau du pli de l’aine ou de la cuisse. Par ailleurs, l’expert appelle à se montrer prudent quant à certains signes d’alerte. Essoufflement, toux, douleur thoracique…tout signe respiratoire qui se manifeste chez un individu porteur de phlébite peut être lié à l’embolie pulmonaire, avertit le médecin. Le Dr Marciano compare cette sensation à celle d’un “point de côté” avec des difficultés à respirer et une douleur à la poitrine. Dans ce cas de figure, la consultation d’un avis médical est impérative et doit être faite en urgence.
A savoir qu’il existe aussi des cas de thrombose veineuse superficielle. Également connue sous le nom de périphlébite, elle concerne les veines du réseau superficiel. Elle donne lieu à des douleurs et à une inflammation au niveau de la zone touchée, cette dernière pouvant devenir quelque peu orangée suite à la phase aigüe. Ses complications sont moins sévères que pour une thrombose veineuse profonde, mais elle doit néanmoins être prise en charge, notamment grâce à des traitements ou parfois, au port de bas de contention.
Faut-il s’en inquiéter ?
Si l’on suspecte une phlébite ou en cas de doute sur des signes évocateurs de ce trouble, il est impératif de consulter un avis médical rapidement pour éviter de potentielles complications, dont l’embolie pulmonaire. Généralement, le médecin utilise le score de Wells pour émettre un diagnostic de thrombose veineuse des membres inférieurs et identifier la probabilité qu’une phlébite profonde évolue vers une urgence médicale. Ce score comprend plusieurs facteurs qui prédisent une thrombose dont :
- L’immobilisation, la parésie ou la paralysie du membre suspect
- Une chirurgie importante récente (moins de 3 mois) ou un alitement (plus de 3 jours)
- Un oedème général du membre
- Un cancer actif (diagnostiqué depuis moins de 6 mois ou en cours de traitement)
- L’augmentation de la circonférence du mollet
- Une tension localisée accompagnée de douleurs
- Des antécédents de phlébite
« La majorité des thromboses se traitent en ambulatoire avec des anticoagulants oraux”, explique le Dr Marciano. Si le caillot est superficiel ou de petite taille, le risque que cela s’aggrave en provoquant une embolie pulmonaire est faible mais la consultation reste recommandée par précaution, conclut le médecin.
Quid de la thrombose après un vaccin contre le Covid-19 ?
Très rares, les thromboses liées au sérum VaxZevria d’AstraZeneca auraient une localisation inhabituelle, indique le Pr Marie-Antoinette Sevestre-Pietri, présidente de la Société française de médecine vasculaire. En effet, elles toucheraient plus souvent l’abdomen et le cerveau, mais peuvent également être “multisites” et affecter ces parties ainsi que les membres supérieurs ou inférieurs simultanément. Interrogé par ABC News Australia, Dan Thomas, hématologue et chercheur à l’université d’Adelaïde explique que “les symptômes rares d’une coagulation après le vaccin Covid sont complètement différents d’un caillot formé après un voyage en avion par exemple, car les vaisseaux sanguins impliqués sont plus petits”. Lorsqu’ils sont liés au vaccin, il considère que les signes pourraient inclure :
- Une douleur intestinale sévère 4 à 20 jours après l’injection
- Une sensation de malaise général qui dure plus de 4 jours
- Un mal de tête persistant qui ne s’atténue pas avec la prise de paracétamol
- Des symptômes similaires à un AVC, tels que des convulsions ou des vomissements
Il met néanmoins en garde les personnes qui ont recours à l’automédication en prenant des traitements anticoagulants par peur de souffrir de cet effet secondaire en expliquant que cela peut, au contraire, s’avérer contre-productif. Par ailleurs, il rappelle que si l’on s’inquiète d’avoir cette réaction après le vaccin, une prise de sang permet de vérifier le taux de plaquettes et d’identifier la présence potentielle d’anticorps dirigés contre ces dernières.