Les familles de « délinquants » bientôt privées de leur droit aux aides sociales ?
La criminalité et la délinquance persistent dans de nombreuses régions et face à elles, les mesures oscillent entre prévention et répression. À Caudry, une initiative a été lancée afin de rompre les aides sociales municipales aux familles de délinquants et réduire le taux de criminalité dans la commune.
À Caudry (Nord), les familles de « délinquants » pourront se voir privées de leurs droits en termes d’aides sociales, révèle le Huffington Post. Une décision qui a été présentée par Frédéric Bricout, maire de la ville et adoptée par la CCAS (Centre Communal d’Action Sociale) le mardi 13 avril.
Une recrudescence de délinquants mineurs et d’incivilités
Lors des délibérations présentées par l’homme politique, également président de la CCAS, il explique que la ville pâtit de plusieurs actes d’incivilités et de violence et ce, depuis « plusieurs mois ». D’autre part, la commune endure un « non-respect de la tranquillité publique, du confinement et des règles sanitaires », entre autres indispositions.
Frédéric Bricout met également en avant l’augmentation des actes de délinquance, souvent perpétrés par des mineurs. Ainsi, il a été décidé que certaines familles pourraient se voir privées des aides facultatives du CCAS. Des prestations qui concernent notamment une aide au paiement de certains frais, l’accès à l’épicerie sociale ou encore l’aide pour la cantine scolaire qui peut s’élever à 260 euros.
Face à la délinquance, une « nouvelle attitude » est sollicitée
En vertu de cette délibération, les familles visées par la mesure restrictive seront celles « dont un membre aura fait l’objet d’un rappel à l’ordre ou pour lequel l’accompagnement parental proposé par le Conseil des Droits et devoirs des Familles (CDDF) (…) aura été refusé ou aura fait l’objet d’un jugement définitif suite à une infraction troublant l’ordre public ou objet d’un préjudice à l’égard de la commune ».
Frédéric Bricout précise néanmoins que la suppression des aides en question ne sera mise en place qu’en dernier recours. D’abord, les personnes seront reçues au CDDF et il sera demandé au mineur de revoir son attitude. Si celui-ci ne cède pas à la demande, la mesure proposée par le maire sera alors considérée.
Le maire a déclaré ne pas avoir lésiné sur les moyens pour mettre fin à la délinquance. Toutefois, les mêmes profils « reviennent toujours ». Sophie Desreumaux, opposante de gauche au conseil municipal, a quant à elle jugé que la décision prise par le maire « revient à mettre en danger l’enfance. On ne retire pas le pain de la bouche d’un enfant, quoi qu’il ait fait », estime-t-elle. Elle doute ainsi du bien-fondé d’une telle sanction, pensant que l’augmentation des défis financiers n’est pas la meilleure idée pour responsabiliser les familles.
Les facteurs de vulnérabilité qui peuvent mener à la délinquance juvénile
D’après un rapport du Ministère de la justice, il existe 3 types majeurs de délinquance chez les jeunes. La délinquance pathologique, en lien avec des difficultés familiales ou individuelles, la délinquance initiative, associée à l’adolescence et enfin la délinquance d’exclusion, cette dernière étant liée à une situation économique précaire. Souvent, la délinquance juvénile doit être mise en relation avec des facteurs de vulnérabilité qui interagissent ensemble, notamment :
- L’échec scolaire
- La fréquentation d’autres délinquants mineurs
- Une relation fragile avec les parents
La structure familiale, recomposée ou monoparentale, n’est pas en soi considérée comme un facteur de vulnérabilité. Pour autant, la qualité des relations avec les parents et leur capacité de vigilance sont considérées en tant que telles. Ce dernier facteur serait en outre corrélé aux horaires de travail décalés et à la pauvreté. Sans oublier la déscolarisation et l’échec à l’école qui peuvent impacter l’estime de soi, favoriser le sentiment d’exclusion sociale et pousser à une recherche de reconnaissance auprès d’autres groupes.