Anévrisme de l’aorte : un test du pouce pour savoir si vous êtes une personne à risque

Publié le 9 juin 2021
MAJ le 15 novembre 2024

Rarement visibles, les symptômes d’un anévrisme aortique peuvent passer inaperçus. Se traduisant par la dilatation localisée des vaisseaux sanguins, cette condition peut se développer sans que la personne atteinte ne le réalise. Pour élargir les pistes de diagnostic, des chercheurs américains ont suggéré un test à réaliser avec la paume et le pouce. Selon leurs résultats relayés par nos confrères de Medisite, cela pourrait aider à savoir si une personne est à risque.

Lorsqu’on parle d’un anévrisme aortique, on fait référence à une dilatation localisée de l’aorte, due à une diminution de fibres élastiques dans la paroi artérielle. Son risque principal : une rupture qui provoque le décès du patient. Pris en charge de manière précoce, le traitement consiste habituellement à gérer l’hypertension artérielle. Dans le cas contraire, une intervention chirurgicale peut être de mise pour le traiter au plus vite.

Anévrisme aortique, ce qu’il faut savoir

L’anévrisme aortique se produit lorsque la paroi de l’aorte subit un élargissement localisé, avec une augmentation d’au moins 50% de son diamètre. Cela peut être un anévrisme de l’aorte abdominale, au niveau du ventre, ou l’aorte thoracique, au niveau de la poitrine. Le risque de rupture d’anévrisme constitue la séquelle la plus mortelle, car en cas de renflement significatif, le tissu artériel peut se rompre et donner lieu à une hémorragie interne grave. Généralement, des douleurs localisées peuvent annoncer cette condition mais souvent, la présence d’un anévrisme aortique est détectée trop tard, révèle Medisite. Dans la moitié des cas, la personne victime d’une rupture décède avant d’arriver aux urgences. Si elle arrive aux soins, ses chances de survie sont de 50%.

Risque d’anévrisme – Source : Medisite

Qui est à risque de souffrir d’un anévrisme aortique ?

L’anévrisme de l’aorte, qui peut toucher plusieurs segments de cette artère, concerne surtout les hommes âgés de plus de 65 ans et dans quelques cas, des femmes ou des personnes plus jeunes. On estime que la prévalence est de 4 à 8% chez l’homme après 60 ans et de 1 à 3% chez le sexe féminin. L’obésité, le tabagisme et les régimes hypercaloriques peuvent augmenter les risques de développer un anévrisme de l’aorte. L’athérosclérose, que l’on associe souvent à l’hypertension artérielle, peut également provoquer une modification de la paroi des vaisseaux sanguins, de même qu’un rétrécissement et un durcissement des artères. Plus rarement, l’anévrisme de l’aorte peut aussi être causé par une infection vasculaire.

Les anévrismes de l’aorte thoracique peuvent provoquer des complications thromboemboliques sévères au niveau des reins, des membres inférieurs, du tube digestif, voire de la moelle, indique le CHIRVTT, service de chirurgie vasculaire thoracique et transplantation pulmonaire de l’hôpital Bichat. Si le diagnostic peut être réalisé à l’aide d’une simple échographie, la majorité des personnes touchées n’effectuent pas cet examen. Compte tenu du caractère quasiment asymptomatique de la maladie, ils s’en rendent généralement compte trop tard. En France, près de 5000 cas de rupture d’anévrisme soudaine sont recensés chaque année, avec près de 90% de mortalité. 

Test Paume-Pouce – Source : Reformed Bully/Twitter

En quoi consiste le test du pouce ?

Présenté dans une étude parue sur l’American Journal of Cardiology, ce test consiste à lever la main devant soi, en gardant la paume à plat. Une fois en position, étirez le pouce le plus loin possible, comme si vous cherchiez à toucher votre petit doigt. S’il atteint le centre de la paume, le test est considéré négatif. Dans le cas où le pouce dépasse le bord de la main, les chercheurs considèrent que le résultat est positif et pourrait suggérer un risque d’anévrisme de l’aorte. La consultation d’un médecin est alors recommandée. 

En effet, cette mobilité importante du pouce pourrait témoigner d’une longueur importante des os longs et d’une hyperlaxité des articulations, ces deux marqueurs pouvant indiquer une pathologie du tissu conjonctif. Ce dernier est responsable de la cohésion des vaisseaux sanguins, des muscles et des organes. Lorsqu’il est fragilisé, la croissance tissulaire en pâtit. Les doigts deviennent plus fins et plus longs et les parois artérielles ont plus de risques de se déformer. Résultat : l’anévrisme a davantage de chance de se loger dans la cavité de l’aorte. 

Image partagée par l’université de Yale – Source : Yale University

Le test n’apporte pas un diagnostic définitif

Bien que ce test ait été mis en avant par les chercheurs, ces derniers insistent sur le fait qu’il ne permet pas de poser un diagnostic définitif. Un résultat positif ne signifie pas avec certitude que la personne souffre d’un anévrisme aortique, et il en va de même pour le résultat contraire et l’absence de cette maladie. Pour les scientifiques, cela signifie simplement que la probabilité d’héberger un anévrisme est très forte et doit être évaluée par un médecin. Dans ce sens, ils en appellent à inclure ce test aux examens physiques standards, notamment chez les personnes ayant des antécédents d’anévrisme dans la famille. Quels sont les symptômes d’un anévrisme de l’aorte ?

Généralement détecté durant une radiographie thoracique systématique, l’anévrisme de l’aorte thoracique peut se manifester par quelques symptômes. Selon le Dr Mark A. Farber, chef de division de chirurgie vasculaire et le Dr Federico E Parodi, professeur associé en chirurgie, ces derniers impliquent : 

  • Une dyspnée ou un sifflement dans les poumons
  • Une toux
  • Une dysphagie (difficulté à avaler)
  • Des douleurs thoraciques
  • Un syndrome de compression de la veine cave supérieure
  • Une voix enrouée 

Dans de rares cas, s’il y a une érosion ou une compression de la trachée ou des voies respiratoires à proximité, la personne peut cracher du sang. 

Pour les anévrismes de l’aorte abdominale, la maladie est asymptomatique, indique le Dr Adrien Boutin, chirurgien vasculaire, et ne produit des symptômes qu’en cas de rupture. Ces derniers impliquent une douleur aigüe au niveau de l’abdomen qui peut aussi s’étendre au dos. Le pronostic vital est engagé et le risque de décès est important.

Comment traite-t-on un anévrisme de l’aorte ?

En cas d’anévrisme de l’aorte, il est essentiel de limiter les facteurs de risque et d’avoir recours à une intervention chirurgicale en cas de rupture ou lorsque sa taille est supérieure à 5 cm. Après une incision abdominale, le traitement chirurgical classique implique de couper l’anévrisme et de poser une prothèse synthétique aortique. Moins invasif, le traitement endovasculaire consiste également à renforcer la paroi de l’artère en mettant en place une prothèse dans l’aorte. La taille et la localisation permettront de déterminer la technique la plus adaptée. Les suites opératoires peuvent être conséquentes.

Selon le Dr Laurent Sitruk, cardiologue, 30% des anévrismes de l’aorte sont détectés durant un examen comme une échographie de la prostate. Souvent asymptomatiques, ces derniers sont découverts la plupart du temps lors de la rupture. Pourtant, il est impératif d’agir en amont, d’où l’intérêt du dépistage chez les personnes à risque. Les personnes diabétiques de plus de 50 ans par exemple sont appelées à effectuer un examen par doppler de l’aorte. Les personnes dont deux parents proches ont souffert d’une rupture d’anévrisme doivent également passer une IRM ou un scanner. 

Quelles sont les mesures à prendre pour rester en bonne santé ?

Maintenir ses vaisseaux sanguins en bonne santé est essentiel pour limiter les risques de souffrir de cette pathologie. A cet effet, la Fondation Suisse de Cardiologie conseille de :

  • Contrôler régulièrement la tension artérielle, la glycémie et la lipidémie
  • Arrêter le tabagisme
  • Avoir une alimentation variée et équilibrée
  • Eviter le stress permanent
  • Avoir une activité physique régulière
  • Faire une échographie de dépistage de l’aorte à partir de 55 ans pour les hommes hypertendus et fumeurs

Selon la Fondation, il est également recommandé de réaliser un examen de dépistage à partir de 65 ans pour les hommes.