Pourquoi le sexe peut être douloureux ?

Publié le 13 juin 2021
MAJ le 19 novembre 2024

Les rapports sexuels douloureux constituent souvent un motif de consultation médicale. Que ce soit chez l’homme ou la femme, le sexe peut parfois ne plus être un moment de plaisir puisque ce désagrément peut gâcher les ébats sexuels et rendre le sexe inconfortable.

La dyspareunie qui se caractérise par des douleurs ressenties pendant l’acte sexuel, est désagréable, voire handicapante et peut être liée à des causes diverses. Découvrons les raisons susceptibles d’engendrer cette gêne avec le Dr Pascal de Sutter, sexologue.

Les rapports sexuels peuvent parfois être douloureux. Source : l’Express

Quand le rapport sexuel est douloureux chez la femme

Certaines femmes peuvent ressentir de la douleur pendant le sexe et ne pas en parler à son partenaire ou encore à son gynécologue. Elles mettent souvent ce mal sur le compte du fameux « ça va passer ». Sauf que des fois, ça ne passe pas et ces douleurs qui apparaissent durant les rapports sexuels peuvent pousser à fuir toute relation sexuelle et à perdre le désir et la libido.

La dyspareunie peut avoir différentes causes

Cette douleur peut survenir lors de la stimulation des organes génitaux comme la vulve, le clitoris et pendant la pénétration, explique le Dr Pascal de Sutter. La dyspareunie peut être superficielle et se manifester à l’entrée du vagin ou profonde lorsqu’elle survient durant la pénétration au fond du vagin. Brûlures, frottements douloureux ou encore sensation de coup de couteau, il existe une variété de douleurs, et lorsque celles-ci l’emportent sur le plaisir, la femme arrête tout rapport sexuel qui devient insupportable, précise le sexologue.

Lorsque les douleurs persistent et ne sont pas seulement occasionnelles, elles doivent alerter. Selon le spécialiste, lorsque la dyspareunie se manifeste après un accouchement, en cas de stress ou d’infection vaginale entre autres, elle peut être momentanée. Mais lorsqu’elle perdure dans le temps, elle doit être un motif de consultation car le souci peut être médical.

Alors que la plupart des personnes pensent que les dyspareunies ont une origine psychologique, ces dernières peuvent souvent trouver une cause médicale, explique le sexologue. Il ajoute que le milieu médical peut sous-estimer ce mal et le diagnostiquer à tort comme un mal psychologique, lorsqu’on ne détecte rien à l’œil nu lors de l’examen vaginal.

Par ailleurs, Diane Winaver, gynécologue psychosomaticienne, explique que les dyspareunies peuvent être profondes en cas d’endométriose, de malformation du vagin, d’infection des trompes, d’un kyste à l’ovaire, d’infections de la vulve, des vulvovaginites (infections du vagin) ou de mycoses. On ressent dans ces cas, des démangeaisons, des brûlures et une sécheresse vaginale.

D’autres raisons peuvent expliquer la douleur ressentie lors d’un acte sexuel :

– Le vagin n’est pas lubrifié

De nombreuses femmes rencontrent un manque de lubrification à un moment donné de leur vie. Allaitement, accouchement ou encore la ménopause peuvent en être la cause. Cette dernière entraîne la sécheresse vaginale qui provient de troubles hormonaux. Diane Winaver, tente de rassurer les femmes à ce propos car durant cette période délicate, elles rencontrent un souci hormonal qui entraîne un souci mécanique. Cette sécheresse vaginale peut être traitée par un traitement médicamenteux incluant des ovules qui fortifient la muqueuse vaginale. Les lubrifiants sont également efficaces pour contrer ce désagrément qui gâche le plaisir sexuel.

– L’absence des préliminaires

Lorsque les préliminaires sont bâclés lors de l’acte sexuel, le sexe peut être douloureux pour la femme, engendrant ainsi un rapport sexuel désagréable, voire insupportable dans certains cas. Un minimum d’excitation est requis pour se préparer à des rapports intimes et à une meilleure pénétration. A ce propos, Pascal Sutter précise que les préliminaires sont importants. Le corps de la femme a besoin d’être stimulé pour aboutir à l’excitation. Souvent, des maladresses sont commises dans le feu de l’action. Le spécialiste ajoute à ce propos que le plaisir ne vient pas seulement de la pénétration mais d’un pénis qui pivote dans le vagin.

– L’allergie à certaines substances

Certaines allergies peuvent se manifester lors de l’utilisation des lubrifiants, des sextoys ou encore des préservatifs. Pour cela, il est conseillé d’utiliser des lubrifiants à base d’eau ou de silicone permettant d’hydrater le vagin sans coller et qui peuvent être utilisés avec des préservatifs. Les lubrifiants à base de vaseline sont à éviter car ils peuvent causer une irritation des muqueuses.

– Un mal psychosomatique

Hormis les causes médicales, certaines femmes peuvent souffrir d’une douleur psychosomatique. Pour Diane Winaver, certaines personnes stressées auront mal au ventre, au dos ou dans les zones génitales. Dans certains cas, des femmes peuvent souffrir de vaginisme qui est un trouble psychologique ou physique ayant un effet direct sur la vie sexuelle. Les muscles de la paroi vaginale se resserrent rendant le rapport sexuel douloureux et la pénétration impossible. La spécialiste ajoute que certaines femmes ont la phobie de la pénétration et redoutent d’avoir mal, ce qui occasionne un vaginisme. Les infections urinaires ou le changement hormonal peuvent également être la cause de cette condition.

– Les relations sexuelles sont espacées

Le sexe lorsqu’il est pratiqué d’une façon régulière, permet d’éviter les douleurs au moment de la pénétration. A contrario, lorsqu’on attend longtemps avant de faire l’amour, surtout en période de ménopause, une dyspareunie peut apparaître rendant toute pénétration vaginale douloureuse voire impossible.

Qu’en est-il des douleurs sexuelles masculines ?

Les hommes peuvent également avoir des rapports sexuels douloureux. Source : Le Journal des Femmes

Les douleurs ressenties lors des rapports sexuels ne sont pas l’apanage des femmes. Les hommes aussi peuvent en souffrir. Au niveau de la verge, des testicules…Elles sont dues à plusieurs facteurs. Le Dr Vincent Hupertan, urologue et sexologue à Paris, explique que la douleur chez l’homme peut être liée à l’érection et à l’éjaculation.  

Au niveau de l’érection

– La maladie de Lapeyronie ou le « pénis tordu » qui est la plus fréquente, se caractérise par une déviation du pénis en érection. Dans ce contexte, l’urologue précise que ce n’est pas seulement la pénétration qui est douloureuse mais également l’érection elle-même.

– Le priapisme qui est une érection persistante pouvant durer plus de 4 heures, sans stimulation sexuelle. Une intervention d’urgence est requise afin d’éviter des lésions irréversibles.

Au niveau de l’éjaculation

– L’inflammation de la prostate et des voies spermatiques entraîne le plus souvent des douleurs au moment de l’éjaculation. Une infection prostatique peut être à l’origine de ce mal, aussi, un examen bactériologique serait de rigueur.

– Le phimosis se caractérise par des douleurs de l’extrémité du pénis au niveau du gland et du prépuce. Le phimosis peut être de naissance et disparaître mais peut être causé par le diabète ou le lichen scléro-atrophique.

Au niveau du pénis

Une mini thrombose des veines peut entraîner des douleurs chez l’homme. Bien qu’elle se manifeste rarement, elle concerne le plus souvent les hommes qui ont une vie sexuelle solitaire et qui se masturbent à outrance, explique le sexologue.

Au niveau des testicules

La douleur au niveau des testicules constitue un motif fréquent de consultation. Aigüe ou chronique, elle ne doit pas être prise à la légère. On cite la torsion du testicule, lorsque le sang n’atteint pas le testicule, la torsion de l’hydatide testiculaire, l’infection du testicule ou encore le traumatisme du testicule. La douleur peut toutefois être chronique et souvent due à une dilatation des veines du testicule, explique le Dr Vincent Hupertan.

Quelles solutions pour une sexualité plus heureuse ?

Souvent, les femmes n’osent pas toujours consulter un spécialiste lorsque ces douleurs se manifestent pendant l’acte sexuel. Pour autant la dyspareunie doit être un motif sérieux de consultation, qu’elle soit superficielle ou profonde, explique June Pla dans son livre Jouissance Club. Un changement de contraception comme la pilule ou le retrait d’un stérilet peut faire disparaître les douleurs. L’autrice propose également le recours aux médecines alternatives comme l’ostéo, la kinésithérapie, l’acupuncture ou autres…La communication avec le partenaire peut aussi améliorer la condition de la femme en détectant l’origine du problème. Ce dernier peut être maladroit pendant l’acte ; il sera ainsi en mesure d’ajuster ses gestes et d’être plus attentif aux besoins de sa partenaire.

En tout état de cause, June Pla propose d’écouter son corps et de ne jamais se forcer à avoir des rapports douloureux au risque d’aggraver le problème et mettre à mal son bien-être.