Pourquoi percer les oreilles de votre bébé n’est peut-être pas une bonne idée
Si certains considèrent qu’il devrait y avoir un âge minimal pour percer les oreilles d’un enfant, d’autres ne voient pas d’inconvénient à cette pratique. Ainsi, la question de faire des trous dans les oreilles d’un bébé ne fait pas toujours l’unanimité. Comment savoir s’il a le bon âge ? Quels sont les risques à connaître ? Quid des soins requis si l'on décide de franchir le pas ? Découvrez toutes les réponses dans cet article.
De nombreuses personnes percent les oreilles de leur bébé durant les premiers mois. Pour autant, ce sujet peut faire l’objet de controverses car plusieurs facteurs entrent en jeu dans cette décision. Certains refusent tout simplement de le faire et ne considèrent cet acte que si l’enfant en formule la demande. Ce geste n’est toutefois pas anodin et doit répondre à certaines conditions pour préserver la santé des plus jeunes. Arnault Pfersdorff, pédiatre à Strasbourg, révèle les choses à connaître à ce sujet.
Quel est l’âge minimum pour percer les oreilles d’un enfant ?
Pour répondre à certaines traditions, par souci esthétique ou par simple choix parental, certains choisissent de percer les oreilles de leur bébé quelques mois après sa naissance. Pour autant, il faut éviter cette intervention lorsque ce dernier est encore très jeune, selon le Dr Pfersdorff. “Un bébé va explorer son corps à partir de l’âge de 4-5 mois”, indique le spécialiste. Une phase où il est difficile de contrôler ses gestes et où il aura tendance à se toucher les oreilles. Le risque d’infection est également présent, puisqu’à un jeune âge, l’enfant peut arracher la boucle d’oreille. Son conseil ? Attendre 18, voire 24 mois. “C’est l’âge convenable, au plus tôt, pour faire le perçage”.
Interrogée à ce sujet, Catherine Salinier, ex-présidente de l’Association française de pédiatrie ambulatoire explique que les recommandations françaises en la matière ne définissent pas d’âge particulier. Ainsi, les parents doivent être tenus au fait des risques encourus mais restent libres de leur décision.
“Ce qu’il faut éviter, c’est la contrainte chez l’enfant. Ce qui n’est pas bon, c’est de lui faire quelque chose, et après de lui interdire de toucher ses oreilles« , explique le Dr Pfersdorff. Ce dernier doit comprendre ce qui l’attend, avec des mots simples adaptés à son âge. Cela permet aussi de maintenir la relation de confiance qui le lie à ses parents. Idéalement, il est donc préférable d’attendre que l’enfant soit en mesure de comprendre qu’il ne doit pas toucher ses oreilles percées.
Le médecin émet même son avis personnel et explique qu’il vaut mieux attendre que ce dernier en formule la demande, notamment à l’adolescence. “C’est son corps, on le laisse réfléchir, on peut l’accompagner. Mais faire percer les oreilles d’un tout petit bébé, ça pose toujours un peu question”, note l’expert. En effet, le pédiatre Arnaud Fernandez considère qu’on parle plutôt d’ “effraction de la barrière cutanée” en cas de piercing et qu’il est impératif d’attendre 24 mois avant de percer les oreilles d’un enfant.
Quels sont les risques du piercing à l’oreille ?
Pour le Dr Salinier, les risques sont les mêmes, indépendamment de l’âge. “Il n’y a pas plus de risques, il n’y en a pas moins non plus, si l’enfant a 6 mois ou 3 ans”, explique-t-elle. Dans un premier temps, il faut savoir que c’est une douleur que le bébé ressent de la même manière qu’un adulte. Ensuite, il existe trois risques à connaître selon la spécialiste :
- Arracher la boucle d’oreille, ce qui peut donner lieu à un traumatisme
- Une allergie cutanée (notamment au nickel) au contact du bijou
- Une infection car l’enfant peut toucher des bactéries et toucher ensuite son oreille
Un avis rejoint par le Dr Pfersdorff qui ajoute aussi que lorsque l’enfant est trop jeune, le risque d’ingestion suite à l’arrachage de la boucle d’oreille existe. Par ailleurs, la matière du bijou peut être responsable d’eczéma de contact et augmenter les risques de surinfection. Un traitement antibiotique local sera alors nécessaire, mais ces cas restent relativement rares lorsque les conditions d’hygiène sont respectées.
Quelles précautions prendre si l’on décide tout de même de percer les oreilles d’un enfant ?
Tout d’abord, il faut choisir un bijoutier et vérifier que ce dernier travaille avec du matériel stérile et jetable. “Il faut que ce soit fait dans des conditions d’asepsie maximale” avertit le pédiatre. Le perceur doit également être un professionnel certifié, utiliser des gants, avoir une bonne hygiène et une salle exclusive à cette pratique. Un avis rejoint par son confrère qui explique que pour les parents qui veulent percer les lobes d’oreilles de leurs enfants, il est impératif que la boutique dispose de deux espaces séparés pour limiter les risques d’infection. A savoir qu’il est également possible de se rendre chez un médecin ORL capable de réaliser le perçage.
Que se passe-t-il après le perçage des oreilles ?
Etant donné que le lobe de l’oreille contient plusieurs vaisseaux sanguins, une désinfection totale de la plaie est capitale, tout en faisant très attention à ne pas créer de lésions ou à accrocher le bijou. Arnault Pfersdorff conseille d’utiliser un nettoyant antiseptique après la procédure, puis d’utiliser du savon lorsque la croûte disparaît pour nettoyer la boucle et l’oreille. La cicatrisation prend généralement quelques semaines, avec la pose d’un bijou provisoire au début. Lorsque la peau a cicatrisé, il est préférable d’opter pour une paire de petites boucles d’oreilles pour limiter les risques d’accrochage.
Le Dr Fernandez appelle également à se montrer prudent les jours qui suivent le perçage. “Il faut être très précautionneux sur le suivi du piercing. En cas de picotements, de rougeurs, de gonflements, de douleurs ou d’écoulements, il faut immédiatement retirer le matériel et consulter en urgence un spécialiste”, précise le médecin.
Il souligne aussi que ceux qui pensent à opter pour des boucles d’oreilles à aimants doivent se montrer prudents. Et pour cause, ces dernières ne s’infectent pas mais peuvent finir par être inhalées en raison de leur petite taille.
Il reste préférable d’attendre que l’enfant en fasse la demande
Idéalement, c’est l’option à privilégier. Pour le Dr Salinier, ce qui touche au physique de l’enfant nécessite d’abord son accord, lorsqu’il sera en âge de s’exprimer à ce sujet. Elle fait également référence à la cicatrice qui peut marquer la peau après que le trou se soit refermé. “En tant que médecin, je n’y suis pas favorable car il ne s’agit pas d’une pratique médicale. Ce geste n’est ni anodin, ni indispensable”, révèle-t-elle.
Un avis partagé par Arnault Pfersdorff qui souligne aussi qu’il faut voir si l’enfant a réellement envie de se faire percer les oreilles avant de donner son feu vert en tant que parent. Selon lui, c’est vers 9-10 ans que cette demande peut vraiment être formulée. Mais cela ne suffit pas. Pour le pédiatre, il faut se montrer à l’écoute, entendre le souhait de l’enfant mais ne pas se précipiter. Pour donner son accord, “attendez de voir s’il va le demander plusieurs fois, demandez-lui pourquoi il a envie de le faire”, conseille le spécialiste. En effet, il arrive que les enfants émettent des requêtes pour faire “comme leurs copains”, explique le docteur. Dans ce sens, il est préférable de prendre son temps, d’écouter les arguments de l’adolescent sans émettre d’interdiction, puis d’y réfléchir avant de donner sa réponse.