Produits ménagers : pourquoi-faut il impérativement les remplacer par des produits naturels ?

Publié le 27 juillet 2021
MAJ le 17 novembre 2024

Le paradoxe des produits ménagers, qui prétendent être les rois de l’hygiène, c’est qu’ils sont surtout de gros polluants : propres en apparence, mais sales pour la planète et pour votre santé ! Un grand coup de balai s’impose dans nos placards pour chasser ces toxiques. Car des alternatives plus saines existent, avec des économies à la clé.

Avons-nous vraiment besoin, pour faire le ménage, de tous ces produits qui s’entassent sous notre évier ? Liquide pour le sol, nettoyant cuisine, spray anticalcaire, lingettes multi-usages, mousses pour salle de bains, détachant moquette, gel W.-C., « pschitts » magiques… Au rayon ménage, on nous fait miroiter tout un tas de bénéfices et de facilités dont on pourrait très bien se passer. Car deux ou trois produits naturels suffisent pour nettoyer sa maison de manière efficace, et surtout sans prendre de risques pour sa santé !

Une toxicité multiple Savez-vous qu’un flacon de lessive peut contenir plus de 200 substances chimiques, même si elles ne figurent pas sur l’étiquette ? « 283  substances chimiques différentes ont été identifiées et évaluées lors de de notre essai comptant 108 produits ménagers », explique la revue 60 millions de consommateurs, dans un bon dossier publié en septembre 2019. Parmi elles : des sulfates, des allergènes et sensibilisants, des biocides, des perturbateurs endocriniens et autres substances suspectées d’être cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques… ! Tous les ingrédients ne sont pas forcément nécessaires et l’industrie pourrait facilement s’en passer. C’est le cas des isothiazolinones, des conservateurs irritants, allergisants et sensibilisants, le cas aussi de certains ammoniums quaternaires qui aggravent le triste phénomène de résistance des bactéries aux antibiotiques. Parmi les autres substances préoccupantes : le butylphénylméthyl-proprional ou lilial, utilisé comme parfum. Pour les tensioactifs, l’ingrédient principal des produits détergents, il est en revanche difficile de s’en passer. Si les bons fabricants utilisent des substances d’origine naturelle, les mauvaises marques emploient des produits chimiques dérivés de pétrole. La revue 60 millions de consommateurs défend la nécessité de mettre en place une étiquette plus claire pour s’y retrouver, un peu comme les scores nutritionnels pour les denrées alimentaires. Elle a créé un classement, le Ménag’Score (score ménager), pour calculer le risque chimique global d’un produit en tenant compte des menaces de chaque ingrédient pour la santé et l’environnement. Le classement Ménag’Score de nos flacons du commerce s’avère décourageant : seule une infime minorité des produits obtient la lettre A (inoffensif). Les autres sont à utiliser avec parcimonie voire à bannir, car particulièrement toxiques (les lingettes, les sprays désodorisants et les blocs W.-C.). « Mal notés, les produits pour le sol sont souvent insuffisamment dilués et non rincés. Attention si vous avez des enfants qui se promènent au ras du sol et respirent ces surfaces ! », commente la revue. La pression des associations de consommateurs a finalement décidé l’État à réagir. Le « toxi-score », annoncé en mai  2021, aura pour objectif de signaler la nocivité des produits ménagers. Les premiers pourraient être étiquetés dès 2022. Mais l’affichage ne sera pas obligatoire, du moins dans un premier temps.

Des étiquettes indéchiffrables

Ce qui est frappant avec les produits ménagers, à la différence des aliments ou des cosmétiques, c’est l’aspect très lacunaire des étiquettes. On voit bien que tous les composants n’y figurent pas. Malgré la patte blanche marketing, l’étiquette brille par un manque de transparence. Et il s’avère bien inutile de sortir sa loupe pour étudier la composition des produits ménagers. D’une part parce que les appellations des substances sont trop barbares, il faudrait être chimiste pour savoir ceux qui sont toxiques et ceux qui sont sans danger. D’autre part, une même substance peut porter plusieurs noms ! La réglementation sur les détergents n’impose par ailleurs d’indiquer que les grandes familles de composants, sans rentrer dans les détails, avec leur fourchette de concentration. Pour avoir la composition complète et précise de ces produits, il faudrait se connecter au site du fabricant ou envoyer une demande écrite. Mais les journalistes de 60 millions de consommateurs ont essayé et parfois échoué : liens qui ne marchent pas, requête postale sans réponse… C’est pourquoi, pour un risque zéro sanitaire et pour ne pas perdre de temps au rayon des produits ménagers, il est plus rapide de choisir uniquement ceux qui présentent un écolabel ou de s’orienter vers des produits naturels anciens qui ont fait leurs preuves.

Ces indispensables qui nettoient tout

L’heure est au naturel. Ne vous faites pas avoir par des allégations marketing trompeuses, comme « naturel », « sans résidus agressifs », « au savon de Marseille »… Sans la garantie d’un écolabel, les fraudes sont nombreuses. Cela vaut aussi pour les allégations du style « nettoie sans frotter » : mieux vaut déployer un peu d’huile de coude avec un produit moins agressif que de déléguer sa tâche à des produits chimiques qui veulent notre peau ! Pour toute la maison, j’utilise pour ma part du savon noir comme nettoyant multi-surfaces, du vinaigre blanc pour les vitres, les sanitaires, le réfrigérateur et enfin une pierre d’argile pour récurer les surfaces très sales et rénover les cuivres. Voici en détail ces principaux super nettoyants écolos.

Savon de Marseille – Getty Images

Savon noir ou de Marseille

Le processus de fabrication des deux savons est assez similaire. Pour les produire, il faut mélanger de l’huile d’olive, de l’huile de coco, du sel et une base pour la saponification des huiles : pour le savon noir, la potasse (qui le rend mou), pour le savon de Marseille, la soude (qui permet de durcir). Je vous recommande le savon de Marseille pour la lessive, à condition de choisir un savon sans glycérine et sans huile de palme, c’est‑à‑dire un savon pur (par exemple la marque Marius Fabre). On jette les copeaux directement dans le tambour de la machine à laver. Quant au savon noir, il fera tout le reste du nettoyage des sols et des surfaces, sauf vitrées. Il remplace une dizaine de produits ménagers. Choisissez-le pur, donc sans ajout de solvant, colorant ou parfum.

Bicarbonate de soude – Getty Images

Bicarbonate de soude

100 % écologique, le bicarbonate de soude est un produit polyvalent qui ne coûte presque rien. Je le préfère de qualité alimentaire, car il me sert aussi de dentifrice, de déodorant ou d’ingrédient de cuisine. Le bicarbonate de soude s’utilise comme désodorisant (en spray sur les canapés ou dans l’atmosphère), comme poudre à récurer (évier, carrelage, baignoire), nettoyant (four, cuisine). Cette poudre blanche peut remplacer une partie de la lessive et agir comme un adoucissant et blanchissant. Pour cela, ajoutez une tasse de poudre directement dans le tambour de la machine à laver et versez deux à trois cuillères dans le compartiment prélavage ou lessive. Pour récurer les plaques de cuisson, il suffit de faire une pâte en ajoutant un peu d’eau. On applique ensuite le mélange sur la surface en laissant agir, puis en rinçant. Dans la salle de bains, associé à du sel, c’est un bon anticalcaire. Si vous avez des animaux qui s’oublient parfois sur le tapis, vous pouvez saupoudrer de bicarbonate de soude pour neutraliser tâches et odeurs.

Pierre d’argile ou pierre blanche

À base de matières actives 100  % d’origine naturelle et notamment d’argile, la pierre d’argile a l’avantage d’être compacte et très économique : 15  € environ pour 8  mois d’usage. Elle se présente dans un pot que l’on humidifie avec une éponge imbibée d’eau pour l’appliquer à toutes les surfaces intérieures et extérieures qui peuvent se laver à l’eau. C’est un produit tout terrain, qui convient aussi aux gros travaux : vaisselle, casseroles, évier, robinetterie, plaques de cuisson, four, grilles, baignoire, W.-C., mobilier extérieur, voitures… Elle fait aussi merveille sur les cuivres sans dégager d’odeur !

Vinaigre blanc parfumé à l’écorce d’orange – Getty Images

Vinaigre blanc

Ce produit est pour moi tellement incontournable que je l’achète désormais en bidon de 5 litres. Anticalcaire, il détartre les toilettes, les bouilloires, les robinets sans aucun effort. Pour le réfrigérateur, il est idéal en assainissant, antibactérien, et anti-odeur. C’est un excellent lave-vitre qui ne laisse pas de trace. Enfin, quand on a une eau calcaire, on peut l’incorporer dans le compartiment adoucissant. Comptez 1 € le litre en non bio et 2 à 3 € le litre en biologique.

Terre de Sommières ou savon de Fez

Efficace et naturelle, la terre de Som– mières est une poudre argileuse ultrafine découverte au XIXe  siècle dans le village de Sommières, à proximité de Montpellier. Ce produit 100 % naturel et économique, avec une moyenne de 9 euros par kilo, absorbe les taches issues de corps gras sans laisser de marque. Il suffit de saupoudrer une couche généreuse de poudre de terre de Sommières, de laisser agir pendant 1 à 3 heures, puis de passer l’aspirateur. Idéal pour les canapés, moquettes, tapis… bref, tout ce qui se nettoie à sec.

Une lessive maison avec les cristaux de soude

Je n’ai pas le temps de faire ma lessive maison et je privilégie les alternatives prêtes à l’emploi disponibles en magasin bio. Mais c’est très facile à fabriquer en associant des copeaux de savon de Marseille avec des cristaux de soude. Voici la composition exacte trouvée sur un site2 original, « Éloge de la curiosité », qui propose des recettes de produits ménagers faciles à composer : « Mélangez dans une casserole 1 litre d’eau du robinet, 5 à 10 cuillères à soupe de savon râpé selon l’intensité souhaitée (attention plus on met de savon, plus on prend le “risque” de voir le résultat final figer dans son contenant), 2 cuillères à soupe de cristaux de soude. Faites chauffer sans bouillir, en remuant, le temps que tous les ingrédients se dissolvent et que le mélange devienne homogène. Attendez que le mélange refroidisse un peu, ajoutez, si vous le souhaitez, une vingtaine de gouttes d’huile essentielle de votre choix. »

Décrypter les labels écolos

Nature & Progrès

C’est le must des labels. Les ingrédients de synthèse sont interdits. Quant aux ingrédients d’origine agricole, ils sont eux aussi certifiés bio ou Nature et Progrès. Tensioactifs biodégradables. Phosphates, huile de palme et ses dérivés interdits. Vente en vrac et consigne encouragés.

Ecocert (EcoDétergent)

95 % des ingrédients sont d’origine naturelle et entre 10 % et 95 % sont bio pour la version biologique du label. Isothiazolinones, phosphates et phosphores interdits. Malheureusement le critère de non-toxicité et de biodégradabilité des ingrédients n’est que de 60 %. Ce n’est pas la panacée en matière de sécurité sanitaire et environnementale, mais c’est déjà une bonne garantie pour les produits des supermarchés conventionnels. Personnellement, pour la lessive liquide en vrac, je fais confiance à la marque BioCoop labellisée EcoDétergent.

Écolabel européen

Produit garanti biodégradable. Certaines substances potentiellement toxiques sont bannies. Efficace à 30 °C et suremballage évité. L’huile de palme est autorisée, si issue d’une filière durable. « Face à l’offre croissante de produits écolabellisés, nous avons regardé si les labels Écolabel ou Écodétergent étaient corrélés à un bon Ménag’Score, précise la revue 60 milions de consommateurs. Si c’est le plus souvent le cas, certains produits écolabellisés écopent tout de même d’un score C, comme les liquides multi-surfaces Étamine du lys, Apta ou Univert. »

Sustainable cleaning

À éviter. C’est une appellation mise en place en 2005 par l’AISE (Association internationale pour les savons et les détergents). Les fabricants s’autoattribuent le logo et adhèrent simplement à une « Charte pour le nettoyage durable »… Mais aucune garantie sur la qualité environnementale intrinsèque des produits !