Les vertus du bambou
Le bambou interpelle, le bambou intéresse, le bambou fait peur… Cette plante souple et solide redonne de la densité à nos os et de la mobilité à nos articulations. Mais voilà que des plaintes s’élèvent : grand Dieu, cette plante contiendrait des métaux lourds ! Faut-il crier au scandale ?
Parmi les 1 200 espèces de bambou existantes, Bambusa arundinacea est traditionnellement utilisé en Asie pour soulager les troubles articulaires. Ce qui nous intéresse chez cette plante, c’est sa très haute concentration en silice qui avoisine les 93 %. Un vrai record ! Ce minéral précieux se trouve en abondance dans ce que l’on appelle communément sucre ou sève de bambou, logé au niveau des nœuds de la tige. On nomme aussi cet exsudat siliceux le tabashir. Outre la silice, le bambou tabashir est aussi riche en fer, en phosphore ou encore en calcium. Mais à quoi sert la silice au juste ? Sachons-le, la silice intervient sur la synthèse du collagène. Celui-là même qui constitue une grande partie de notre corps comme les os, les cheveux, la peau en encore les ongles. Le collagène est très souvent mis à rude épreuve dans les zones articulaires, et dans ces tissus, il est un facteur de santé essentiel. Le bambou est donc une plante de choix pour favoriser le confort articulaire et prévenir la dégénérescence du cartilage. Mais où va-t-il chercher cette fameuse silice ? Eh bien justement dans des sols propices, riches en minéraux. Mais lorsqu’il pompe généreusement la silice, il s’enrichit au passage d’autres minéraux faisant l’objet du scandale.
Bambou bio ?
Bien enraciné dans le sol, le bambou puise allègrement tout ce qui s’y trouve et le concentre dans sa racine, sa tige, ses feuilles et bien sûr sa sève. Comme l’ortie et la prêle elles-mêmes très riches en silice, le bambou concentre tout ce qu’il absorbe : le bon comme le mauvais. Voilà de quoi est accusé le bambou : de se charger de tous ces éléments présents dans le sol qui, trop concentrés, peuvent devenir indésirables. Alors « faisons du bio ! », me direz-vous. Apportons à nos bambous un humus riche et fertile d’origine biologique. Que nenni, une terre complètement propre et bio, ça n’existe pas ! Vous trouverez inévitablement des traces naturelles de plomb ou encore d’arsenic présents dans la terre. Et le bambou se fera un plaisir de les absorber et de les concentrer. Silice et métaux lourds sont donc indissociables. Mais faut-il pour autant crier au loup ?
Nous ne sommes pas des bambous
Lorsque nous faisons une cure de bambou, notre organisme exploite certes des éléments de reconstruction mais aussi des éléments que l’on pourrait qualifier de polluants. Nous n’y pouvons rien ! Si le bambou pouvait nous parler, il s’amuserait beaucoup de nous voir nous plaindre. Il trouverait que nous sommes gonflés de vouloir profiter de sa silice en reniant son effet de pompage. Et pourquoi pas des bambous OGM pour éviter cela, pendant qu’on y est ! Parce que finalement, la vraie question dans l’histoire, c’est de savoir si prendre du Bambou chargé en métaux lourds est réellement dangereux. À cela le bambou nous répondrait sûrement : « Eh, Fada, tu n’es pas un bambou toi ! Ton corps, il ne prend que ce qu’il a besoin ! ». Je fais l’hypothèse que notre corps est assez intelligent pour prendre ce qui lui convient et rejeter naturellement par les voies digestives ce qui ne lui convient pas, à condition que le système de détoxication soit intègre.
Chez une personne en bonne santé, qui ne présente pas de perméabilité intestinale pathologique, il n’y aura donc à mon sens aucun problème à consommer de la sève de bambou sur une période raisonnable, par exemple de deux mois par an. Surtout lorsque l’apport de silice peut soulager de maux contraignants tels que les douleurs articulaires. Les autres mois de l’année, on pourra faire une cure alternée d’ortie et de prêle pour compléter ses bienfaits. Il serait dommage de se priver d’une telle plante… à cause d’un malentendu.