Et si nous pouvions, comme les plantes, nous nourrir de lumière ?
Une petite faim ? Un bain de soleil et nous serions repus. Cette faculté, on vient de découvrir que deux espèces animales la possèdent : une limace de mer et une salamandre. Pour le moment, aucune application humaine en vue. Mais ces découvertes donnent du crédit à une vieille légende bouddhiste.
Jusqu’à récemment, seules les plantes étaient réputées se nourrir de lumière. De très rares espèces animales étaient capables de photosynthèse de manière temporaire. Découvertes récemment, deux en ont fait leur mode de vie : la limace de mer elysiachlorotica et la salamandre ambystoma maculatum. Elysia chlorotica est un mollusque qui réside le long de la côte atlantique nord-américaine, mesure entre 1 et 3 centimètres de long et ressemble étrangement… à une feuille. Il doit sa teinte verte chatoyante à la présence dans son épiderme de colonies de chloroplastes, ces centrales photosynthétiques remplies de chlorophylle que l’on retrouve habituellement chez les végétaux !
Un seul repas pour toute une vie
Cette couleur n’est pas innée. A sa naissance, la jeune limace est de couleur brun translucide tachetée de rouge. Son premier repas est constitué d’une algue, vaucheria litorea dont elle se nourrit jusqu’à ce que son corps passe du brun au vert émeraude. Après ce premier festin, l’animal peut cesser de manger pendant la totalité de ses 9 à 10 mois de vie ! C’est ce qu’a observé en laboratoire biochimiste Mary Rumpho de l’université du Maine (États-Unis), spécialiste du mollusque.
Ils ont copié les plantes !
Connu depuis les années 1960, le prodige ne laissait pas d’interroger les biologistes. En fait, lors de leur ingestion, les chloroplastes de l’algue ne sont pas détruits : ils migrent jusque sous l’épiderme de la limace. Là, ils captent la lumière et fabriquent des matières carbonées qui servent de carburant à la limace. Plus étonnant encore, il s’avère que le mollusque possède en commun avec l’algue vaucheria litorea un gène spécifique le PSBO, indispensable à la photosynthèse.
Le mollusque aurait donc non seulement emprunté à l’algue ses chloroplastes mais également au moins l’un des gènes qui permettent de les faire fonctionner !
Dans l’histoire de la biologie le cas était unique, jusqu’à la découverte dans les cellules de la salamandre Ambystoma maculatum, d’algues photosynthétiques. Dans son cas, la photosynthèse aurait lieu à l’intérieur des cellules de la salamandre et l’approvisionnerait en oxygène et en sucres.
Chez l’homme, lorsqu’un végétal est avalé, ses cellules sont détruites par les enzymes du système digestif. Pourtant, de vieilles légendes hymalayennes rapportent le cas d’un individu chez qui ce mécanisme semblait avoir été inhibé : Milarépa.
Figure du bouddhisme tibétain, Milarépa aurait médité seul pendant de nombreuses années dans des grottes de montagne jusqu’à atteindre l’éveil. Vivant dans un total dépouillement, il ne se serait nourri que d’orties, jusqu’à ce que, d’après la tradition, sa peau prenne une teinte verte. Une histoire à méditer…
Comprise depuis le XIXe siècle, la photosynthèse permet aux végétaux d’utiliser l’énergie lumineuse afin de synthétiser, à partir d’eau et de dioxyde de carbone puisé dans l’air, les matières organiques nécessaires à leur survie. Elle se fait par l’entremise des chloroplastes, des cellules photosynthétiques contenues dans la chlorophylle, le pigment vert présent dans les feuilles des plantes.