Ce qu’il faut savoir sur les violettes
Les violettes ne sont pas toutes violettes : il y en a des blanches et des jaunes. Toutes les violettes ne sentent pas la violette… Et pour compliquer le tout, les pensées sont également des violettes ! Suivez-moi à la découverte de ces charmantes plantes.
Êtes-vous certains de bien connaître la violette ?
La plus connue des violettes est sans aucun doute la violette odorante, même si ce n’est pas, loin de là, la plus commune. C’est une petite plante vivace de 5 à 15 cm, légèrement velue, remarquable par ses jolies fleurs odorantes, qui forme des colonies plus ou moins étendues. Les feuilles, munies d’un long pétiole, sont arrondies, largement ovales ou en forme de rein, obtuses au sommet et en cœur à la base. Elles sont bordées de dents arrondies et sont d’un vert sombre. Les fleurs, caractéristiques, présentent 5 pétales d’un violet intense ou parfois blancs. Généralement odorantes, contrairement à celles d’autres espèces, ces fleurs sont stériles. Elles s’épanouissent de fin février à mai. De petites fleurs verdâtres, cachées sous les feuilles, se développent tardivement et, sans s’ouvrir, assurent la formation des graines. On rencontre souvent la violette odorante dans les buissons et les lisières. Ses jolies fleurs parfument sirops et desserts, miels et vinaigres « violats ». Pour le plus grand plaisir des fins gourmets, on en confectionne des gelées et des confitures. De plus, elles restent belles lorsqu’elles sont confites au sucre, et colorées artificiellement, pour servir de décoration en pâtisserie.
Pourquoi faut-il avoir des violettes à la maison ?
Quelle que soit l’espèce, les fleurs de violette sont appréciées depuis des temps reculés pour leurs vertus adoucissantes dues à leur importante teneur en mucilage. Elles faisaient d’ailleurs partie, avec la mauve, la guimauve, le tussilage, le coquelicot, le bouillon-blanc et le pied de chat, de la tisane connue en herboristerie sous le nom de « quatre fleurs pectorales » (bien qu’il y en ait sept, allez comprendre…). On les utilisait couramment contre les rhumes, les bronchites, les fièvres éruptives et les maladies inflammatoires. Elles calment les irritations, favorisent l’expectoration et sont aussi légèrement sudorifiques et laxatives. Les feuilles renferment de grandes quantités de mucilage et possèdent sensiblement les mêmes vertus que les fleurs. Leur cueillette est plus rapide et l’on peut les récolter en toutes saisons, car elles résistent généralement fort bien aux froids de l’hiver. Elles peuvent être ajoutées crues aux salades, ou cuites de diverses façons. Dans le sud des États-Unis, les Noirs avaient coutume de préparer des soupes épaissies avec les feuilles de violettes locales. Le mucilage des violettes produit un peu l’effet du tapioca. On peut appliquer un cataplasme de feuilles broyées sur les irritations de la peau qu’elles adoucissent.
La racine est expectorante à dose modérée, mais se montre vomitive en plus grande quantité. On l’a employée à ce titre dans les cas d’indigestion ou d’intoxication alimentaire afin de libérer l’estomac de son contenu. La violine que renferment en abondance les racines est proche de l’émétine de l’ipéca (Carapichea ipecacuanha), plante sud-américaine jadis très employée comme vomitif.
Mais la Viola n’est pas unique dans son genre
Le genre Viola se divise en deux : d’une part les violettes, dont les fleurs ont les deux pétales latéraux dirigés vers le bas, et de l’autre les pensées, chez qui les pétales latéraux sont dirigés vers le sommet de la fleur. Parmi ces dernières, la pensée sauvage (Viola tricolor) est une jolie petite plante vivace de 10 à 30 cm qui se rencontre ça et là dans les prairies, les champs, les vignes et parfois les décombres.
Les pensées présentent par rapport aux violettes la particularité de renfermer du salicylate de méthyle qui leur confère une odeur particulière lorsqu’on les froisse, semblable à celle de la reine des prés (Filipendula ulmaria). Elles contiennent également dans toutes leurs parties du mucilage, des saponosides et des flavonoïdes. La pensée des champs était appréciée, sous forme de tisane, pour ses vertus dépuratives. On l’utilisait contre les rhumatismes, mais surtout contre toutes les maladies de peau : dartres, eczéma, herpès, acné, psoriasis, furonculose, etc. Elle était également renommée contre les croûtes de lait et l’impétigo des enfants. Ses vertus expectorantes peuvent être mises à profit contre la bronchite et la coqueluche.
En montagne, on utilisait de même la pensée des Alpes, que l’on considérait plus forte et « bonne pour le sang ». La décoction de l’une de ces deux plantes, selon les lieux, était utilisée pour laver le visage des enfants atteints de croûtes de lait.
Dans les montagnes suisses, les fleurs de la pensée des Alpes étaient cueillies dès leur apparition, séchées à l’ombre et utilisées l’hiver, en tisane, contre les refroidissements. On les mélangeait souvent à celles du tussilage (Tussilago farfara), de la primevère officinale (Primula veris) et du rhododendron (Rhododendron ferrugineum).
Une grande famille multicolore
Parmi nos 22 espèces du genre Viola, seules deux autres possèdent également des fleurs odorantes : il s’agit de la violette blanche (Viola alba) et de la violette remarquable (Viola mirabilis), des forêts claires, aux fleurs blanches. Les autres sont inodores. Les plus courantes sont la violette des marais (Viola palustris), des prairies humides, la violette hérissée (Viola hirta), des prairies sèches, la violette des chiens (Viola canina), des prairies maigres, la violette des forêts (Viola reichenbachiana) et la violette de Rivinus (Viola riviniana), toutes deux des forêts. Leurs fleurs décorent joliment les salades ou d’autres plats, et même si leur odeur n’a rien d’extraordinaire, on en prépare un intéressant consommé d’une jolie couleur bleutée.
Recette
Salade de violette et de céleri-rave aux fleurs de violette et de pissenlit
Ingrédients
200 g de feuilles de violette,
1 beau céleri-rave,
1 cuillerée à soupe de vinaigre de cidre,
1 cuillerée à soupe d’huile de sésame,
10 cl de crème de soja,
Sel,
Fleurs de violette,
Quelques fleurs de pissenlit pour le contraste.
Préparation
Hachez les feuilles de violette et disposez-les au fond d’un saladier.
Râpez le céleri-rave et ajoutez-le par-dessus.
Mixez ensemble le vinaigre, l’huile, la crème de soja et le sel.
Versez sur les légumes et mélangez bien.
Décorez les fleurs de violette et de pissenlit.