“La pilule contraceptive ne marche pas bien sur les grosses”, alerte une fat activist
Suite à un rapport sexuel non ou mal protégé, les deux partenaires peuvent se retrouver face à une situation délicate. Si le préservatif a été mal utilisé, s’est déchiré pendant l’acte, ou si la femme a oublié sa pilule contraceptive, cette dernière s’expose à un risque de grossesse non désirée. Pour éviter de subir cette expérience, elle peut opter pour une contraception post-coïtale qu’on appelle communément pilule du lendemain. Toutefois, une fat activist a fait couler beaucoup d’encre en affirmant que “la pilule du lendemain était moins efficace chez les grosses”.
Une contraception d’urgence peut être envisagée après une relation sexuelle avec ou sans pénétration. Bien qu’il existe plusieurs façons d’éviter une grossesse non désirée, à l’efficacité variable, les femmes qui ont eu un rapport sexuel mal ou non protégé ont souvent recours à une contraception d’urgence. Or, d’après une fat activist qui a partagé son expérience dans une tribune pour Vice, la pilule du lendemain pourrait ne pas avoir l’effet escompté chez celles qui présentent un surpoids.
“Je suis tombée enceinte trois fois”
L’activiste détient un compte Instagram anti-grossophobie sous le pseudonyme Corps cools où elle a choisi d’ouvrir le débat sur ce sujet. “Je suis tombée enceinte trois fois. Trois grossesses non désirées. Et ce, malgré la prise d’une contraception d’urgence, ou pilule du lendemain, les trois fois”, raconte-t-elle. La femme, qui a du se faire avorter pour mettre un terme à ces grossesses, a “toujours trouvé ça un peu bizarre d’avoir vécu trois fois ce truc”. En effet, elle ne comprenait pas pourquoi la pilule du lendemain ne fonctionnait pas, et se disait que c’était probablement une femme plus fertile que les autres ou qu’elle avait un désir inconscient de grossesse. Mais un jour, alors qu’elle regardait la série Shrill, elle a eu une sorte de révélation. “J’apprends dans une série télé, à 29 ans et après trois avortements, que la pilule du lendemain, ça ne marche pas vraiment sur les gros-ses”, indique-t-elle.
En effet, c’est dans une scène de la série qu’une pharmacienne a déclaré que la contraception post-coïtale était moins efficace sur les corps qui pèsent plus de 75 kilos. “Ça m’a rendue un peu zinzin”, précise-t-elle.
Un manque d’informations sur le sujet
Dès lors, elle a fait de nombreuses recherches sur le sujet pour briser ce mystère, mais elle indique qu’elle ne trouve pas assez d’informations, à l’exception parfois, d’une mention qui la laisse sur sa faim : “poids corporel ou IMC élevés : données limitées, mais non concluantes, d’une baisse d’efficacité”.
En continuant ses investigations, elle finit par trouver une étude menée en 2011 par la gynécologue et endocrinologue J. Berdah. Cette dernière atteste d’une “diminution claire de l’efficacité contraceptive quand l’IMC augmente”. L’activiste invite tout de même à prendre ces résultats avec des pincettes, indiquant qu’on ne sait pas si ces contraceptions d’urgence ont été prises à temps ou de manière correcte par exemple. Aussi, elle souligne bien qu’elle ne souhaite pas tomber dans des propos complotistes ou alarmistes, précisant qu’à priori, l’efficacité de la pilule du lendemain reste supérieure à 95%. Mais compte tenu du manque d’informations au sujet des IMC supérieurs à 25, la fat activist souhaite encourager les gynécologues à se montrer transparents face aux patientes en surpoids pour leur éviter de prendre certains risques.
En 2014, Le Figaro révélait que contrairement à ce qu’affirmaient de précédentes études, l’Agence européenne du médicament assurait que la contraception d’urgence fonctionnait quelque soit le poids de la femme qui la prend.
La “grossophobie” du corps médical, une réalité poignante
L’obésité correspond à une accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle. L’indice de masse corporelle (IMC) est un outil médical qui permet de calculer le poids en fonction de la taille. Lorsque l’IMC est compris entre 30 et 39,9, on parle d’obésité. Quand cet IMC dépasse 39,9, on parle d‘obésité morbide. Mais alors que l’obésité expose les patientes à de nombreux risques pour la santé, il semblerait que le corps médical soit moins tolérant envers les personnes en surpoids, indique Le Figaro.
Ainsi, certaines patientes mettent en exergue la grossophobie des soignants, qui peuvent asséner des remarques d’une extrême violence. Dans un récit poignant intitulé “lettre ouverte d’une fille grosse aux toubibs” et publié sur le site Steepress, une jeune femme raconte les expériences douloureuses qu’elle a vécu avec des médecins grossophobes. En réalité, elle a constaté une apathie et une absence de bienveillance de la part du corps médical. “L’obésité a toujours l’image du gourmand qui s’adonne à une jouissance solitaire, d’une personne qui se place en dehors du circuits des adultes sur un mode régressif”, explique le Dr Bernard Waysfeld, psychiatre et vice-président du Groupe de réflexion sur l’obésité et le surpoids.
Par ailleurs, une étude menée par l’Inserm en 2010 et relayée par Le Monde indique que les femmes obèses de moins de trente ans ont plus de risques d’avoir des grossesses non désirées et de recourir à des avortements que les femmes du même âge qui ont un poids normal. Ce phénomène peut être dû à la pression sociale que ces femmes subissent, à la non acceptation de leur corps mais aussi au fait qu’elles consultent moins les professionnels de santé pour des questions d’ordre sexuel.