Le vaccin anti-covid-19 est-il dangereux ?
Alors que les laboratoires pharmaceutiques se démènent pour fabriquer des vaccins contre le coronavirus, leur arrivée précoce inquiète et suscite des interrogations quant à leur efficacité. Nombreux sont les Français qui demeurent réticents et se posent la question sur le bénéfice-risque à se faire vacciner. Une peur soutenue entre autres par les effets secondaires inhérents au vaccin.
Le délai rapide de la conception des vaccins contre le Covid-19 apporte de l’espoir mais aussi de l’inquiétude. La sécurité de ces vaccins est-elle assurée, y aurait-il des effets secondaires ou des effets indésirables graves ? Ouest-France tente de faire le point sur la question.
La méfiance des Français face à la vaccination
Selon le sondage Ifop publié dans Le Journal du dimanche, 59% des Français sont rétifs au vaccin. Les autorités sanitaires européennes et françaises n’ont pas encore accordé leur validation et pourtant de nombreux débats et fantasmes tournent autour de la sécurité des vaccins et une mouvance anti-vaccin se développe de plus en plus. Une méfiance alimentée entre autres par la crainte des effets secondaires.
Oui, ces effets secondaires existent et comme précisé dans le site de Europe 1, près de 40% des patients ayant testé les deux doses du vaccin Moderna ont ressenti une légère douleur, de la fièvre, de la fatigue, des douleurs musculaires ou encore des frissons. Par ailleurs, pour le vaccin AstraZeneca, un seul cas sur les 40 000 a enregistré un effet indésirable. A ce propos, Arnaud Fontanet, membre du Conseil scientifique explique : « C’est une paralysie transitoire des membres inférieurs. La personne a récupéré depuis ». Selon le spécialiste, il s’agit d’accidents rarissimes qui se produisent en général autour de 1 pour 50 000 ou 1 pour 100 000.
La méfiance des Français est stimulée aussi par l’inconnu autour de ces vaccins. Leur technologie suscite des interrogations, d’autant plus qu’ils ont été conçus avec une grande rapidité en seulement quelques mois. A ce propos, Liliane Keros, virologue et membre de l’Académie nationale de pharmacie, déclare qu’au vu de la rapidité de la structure du virus , des mois et des années ont été gagnés.
L’arrivée précoce des vaccins suscite la méfiance des Français
Comme relayé par Ouest-France, la mobilisation des laboratoires pour trouver un vaccin ne partait pas de zéro. Les anciennes épidémies, notamment du SRAS en 2003 et du MERS depuis 2012, ont permis de fournir des données intéressantes sur les réponses immunitaires. Ce qui a eu pour effet d’accélérer les essais cliniques. Quant au bénéfice-risque, il faut savoir que tout médicament tient dans cette balance et la vigilance sera d’autant plus accrue pendant au moins deux ans. Les contrôles seront multipliés et une visibilité sera donnée sur les premiers vaccins.
Un autre point sur la technique des vaccins ARN suscite des interrogations. A ce propos, Jean-Daniel Lelièvre, membre du Comité technique des vaccinations de l’HAS indique « Elle est développée depuis une dizaine d’années. Il y a eu beaucoup d’études sur Zika ou Ebola », Pour le spécialiste, ces essais n’ont pas abouti en vue de la baisse des épidémies.
Les experts estiment que certaines rumeurs n’ont aucun fondement
De nombreuses rumeurs circulent autour des vaccins à ARN messager, quant à leur éventuelle modification de l’ADN. Les laboratoires Pfizer et BionNTech ont d’ores et déjà déposé une demande d’autorisation auprès de l’Agence européenne du médicament à des fins de commercialisation de leur vaccin. Ce dernier utilise la technique de l’ARN messager et est estimé efficace à 95%, selon ces laboratoires.
Le principe de ce vaccin consisterait à injecter une partie du matériel génétique d’un virus dans l’organisme afin d’obtenir une réponse immunitaire. Jusque-là beaucoup de fantasmes et de rumeurs ont circulé sans aucun fondement ni preuve tangible et réelle. Arnaud Fontanet, membre du Conseil scientifique explique : « Il n’ y a pas d’éléments connus de la biologie qui permette d’imaginer qu’il puisse intégrer le génome, ils sont amenés à se détruire rapidement ». Selon l’expert, il ne devrait pas y avoir de raisons d’avancer que les vaccins Pfizer et Moderna engendrent des effets indésirables graves.
En tout état de cause, le vaccin contre le Covid-19 ne sera pas obligatoire comme l’avait annoncé le président de la République, Emmanuel Macron, lors de son allocution télévisée. Dès la validation des autorités sanitaires compétentes, les premiers vaccins pourront être administrés, probablement à la fin du mois de décembre ou au début du mois de janvier 2021.