Non, le virus n’arrêtera pas d’évoluer avec l’arrivée du vaccin alertent les scientifiques

Publié le 2 décembre 2020
MAJ le 17 novembre 2024

La perspective d’un vaccin imminent donne une lueur d’espoir dans la lutte contre la pandémie de notre temps. Seulement, deux experts appellent les chercheurs à faire preuve de vigilance. Dans un article publié par PLoS Biology, David A. Kennedy et Andrew F. Read, de la Pennsylvania State University préviennent qu’un futur vaccin ne constitue pas pour autant un frein à l’évolution du nouveau coronavirus. Leurs observations ont été relayées par le New York Times.

Les deux chercheurs ne se veulent pas alarmistes, mais soulignent que l’évolution du virus sur le long terme n’est pas à exclure. Selon eux, il y a toujours une chance, bien que minime, que le virus puisse développer une résistance au vaccin. Pour cette raison, ils appellent à faire montre de prudence en surveillant ses effets et la réponse virale, rapporte le New York Times.

« Un vaccin efficace est crucial »

Pour les deux auteurs de l’article paru dans la revue PLoS One le 9 novembre 2020, « le vaccin ne mettra pas un terme à l’évolution de ce coronavirus » et il y aura toujours une chance minime que ce dernier développe une résistance au vaccin. Les scientifiques parlent de ce phénomène avec le terme « fuite virale ». C’est pour cette raison qu’ils en appellent à une surveillance constante des recherches.

Le Dr Kennedy précise toutefois : « Rien de ce que nous avançons ne suggère qu’il faille ralentir le développement des vaccins. Un vaccin efficace est de la plus haute importance. Veillons simplement à ce qu’il le reste  ».

Cellule apoptotique

Cellule apoptotique (verte) fortement infectée par des particules de coronavirus (violet) . Source : NIAID/New York Times

Pour ce faire, les auteurs appellent les fabricants à exploiter les résultats des tests PCR sur les volontaires pendant les essais. L’objectif ? Surveiller « le potentiel d’évolution de la résistance » du nouveau coronavirus. En faisant référence à une précédente analyse du Dr Kennedy et du Dr Read sur la différence de la résistance entre les vaccins et les antibiotiques, le New York Times indique qu’il y aurait plus de raisons de se montrer optimiste. « Ni les bactéries ni les virus ne développent de résistance aux vaccins aussi facilement qu’avec des médicaments  » ont écrit les chercheurs. Ils rappellent par ailleurs  l’exemple du vaccin contre la variole qui, lui, n’a pas perdu de son efficacité, au même titre que celui de la rougeole et de la polio.

rats de laboratoire

Le gouvernement danois a récemment annoncé l’abattage de millions de visons en raison d’une variante du virus – Source: Mads Claus Rasmussen/EPA, via Shutterstock

L’évolution du virus aura-t-elle un impact sur de futurs vaccins ?

C’est une question légitime qui a d’ailleurs fait l’objet d’un article de l’AFP Factuel le 17 novembre dernier.  Et selon la vérification des faits établie par l’agence de presse, aucune mutation observée jusqu’à présent n’empêcherait le vaccin de fonctionner. L’explication des scientifiques est que le Sars-CoV-2 mute en permanence, une évolution normale pour un virus, mais aucune conséquence notable pouvant impacter le vaccin n’a été identifiée. Comme le souligne l’AFP,  le virus se réplique après avoir pénétré une cellule afin de se propager, ce qui explique ces variations permanentes. Pour autant, elles ne sont pas forcément significatives, précise cette même source, qui indique que ces erreurs sont similaires à « un bug informatique ».

« Pour le moment, il n’y a aucune indication que ces mutations puissent avoir un impact dans la capacité des vaccins à reconnaître et protéger contre ces (variants de) virus », a indiqué Marie-Paule Kieny, virologue et présidente du comité scientifique vaccin Covid-19 France. En revanche, « ça ne veut pas dire que ça n’arrivera pas », précise l’experte. « On peut arriver à un moment où les mutations sont trop importantes et il faudra arranger, modifier la formule du vaccin comme on le fait chaque année ou presque chaque année pour le vaccin contre la grippe »,  a-t-elle conclu.