La vaccination sera-t-elle obligatoire prochainement ?
La vaccination contre le Covid-19 sera-t-elle obligatoire ? C’est une question qui a souvent été mise sur le tapis, notamment depuis l’annonce des laboratoires Pfizer et BioNTech au sujet de l’efficacité de leur vaccin, ce lundi 9 novembre. Pour autant, rien n’a encore été tranché car pour l’heure, le débat semble prématuré. Interrogé par le Journal du Dimanche, Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, a indiqué que la “question se posera”, mais cela ne pourra se faire qu’en ayant plus de données. On vous en dit plus.
Si le gouvernement fait montre de prudence au sujet d’un vaccin obligatoire pour les Français, c’est parce qu’il subsiste encore de nombreuses inconnues à ce sujet. La première d’entre elles étant qu’il n’y a pas un, mais plusieurs vaccins à l’étude, chacun doté de caractéristiques qui lui sont propres. Une réalité mise en avant par Gabriel Attal, interviewé par le JDD.
“La question se posera quand on connaîtra les propriétés des vaccins »
S’il estime que les données sont encourageantes, le porte-parole du gouvernement appelle à la prudence. Les études se poursuivant encore, le plus important reste l’anticipation pour être prêt à l’arrivée des premiers vaccins. Pour l’heure, Gabriel Attal indique que l’on ne connaît pas encore leurs propriétés, ce qui ne permet pas d’apporter une réponse immédiate à la question d’un vaccin obligatoire. “Nous devons intégrer le fait que nous aurons un recul limité”, a-t-il précisé, révélant par ailleurs que plusieurs contrats sont en cours de discussion, trois d’entre eux étant signés, avec “en moyenne 30 millions de doses par contrat”. Des questions de logistique se posent aussi, en termes de transport et de stockage. En outre, la Haute Autorité de santé (HAS) devrait bientôt rendre son avis sur les personnes considérées prioritaires. Le comité consultatif national d’éthique sera quant à lui “saisi sur le dispositif d’appel à la vaccination”, révèle Gabriel Attal.
Des vaccins élaborés à l’aide de différents procédés
Parmi les candidats-vaccins à l’étude dans la lutte contre le Covid-19, trois d’entre eux ont récemment été mis en avant et ont fait l’objet d’annonces enthousiastes. Le premier, indique Le Monde, est le vaccin développé par Pfizer et BioNtech. L’annonce qui date du 9 novembre a révélé une efficacité de “90%”, basée sur des résultats intermédiaires positifs. Le deuxième candidat-vaccin est développé par l’Institut russe Gamaleya, qui a annoncé une efficacité de “92%”. Enfin, le troisième est le vaccin développé par la biotech américaine Moderna, avec une efficacité à “94,5%”.
Chacun doté de caractéristiques qui lui sont propres, ces vaccins ont été développés à l’aide de procédés différents. Ainsi, celui de l’Institut de recherche russe est à “vecteur viral”, ce qui signifie qu’il utilise un autre virus modifié pour pouvoir lutter contre le Sars-CoV-2. Ceux de Moderna et Pfizer utilisent quant à eux la technique de “l’ARN messager”, ce qui implique l’utilisation de “morceaux de matériel génétique modifié”.
Plusieurs inconnues qui ne fournissent pas assez de recul
Pour autant, ces chiffres prometteurs qui indiquent une efficacité potentielle des candidats-vaccins sont en réalité plus complexes qu’il n’y paraît. En cause, un manque de recul pour connaître l’immunité conférée à un individu sur le long terme, car les résultats mis en avant ont été obtenus dans les semaines suivant la seconde injection du vaccin. Une autre inconnue concerne le type de protection octroyée par les vaccins, explique le quotidien. En effet, on ne sait pas encore si ces derniers préviennent uniquement les cas graves, en protégeant l’individu vacciné contre la maladie du Covid-19 et ses symptômes, ou s’ils empêchent également une transmission du virus. Sans oublier que l’efficacité des vaccins n’a pas encore été établie sur différents types de publics.
Pour nos confrères du Monde, deux scénarios peuvent être distingués parmi les nombreuses hypothèses. Le premier étant que les futurs vaccins soient dotés de caractéristiques conformes à une vaccination “dite de masse”, avec pour objectif de diminuer de manière très importante, voire d’éradiquer la circulation du virus. Le deuxième scénario, serait que les vaccins ne garantissent pas suffisamment l’immunité collective. En revanche, ils pourraient s’avérer intéressants pour protéger à titre individuel les personnes considérées à risque face à la maladie.
Compte tenu de ces données qui relèvent pour l’heure d’hypothèses, Olivier Véran avait révélé sur BFM TV que la HAS aura pour rôle d’identifier “les publics prioritaires en matière de vaccination”, mais que cela ne pourra se faire qu’avec des données scientifiques à l’appui. En outre, il y aura également des défis logistiques à relever concernant l’acheminement des doses de vaccin. Même si la France anticipe pour être prête à entamer la vaccination début 2021, imaginer l’étendre à toute la population au début reste prématuré, poursuit le journal Le Monde.
La transparence, une valeur absolue
De nombreuses personnalités politiques se sont prononcées en faveur d’un vaccin obligatoire pour les Français, mais la question divise profondément et est loin de faire l’unanimité. Le Premier ministre Jean Castex avait confié au quotidien sa crainte que les citoyens ne se fassent pas suffisamment vacciner, sans pour autant plaider pour un vaccin obligatoire. Par ailleurs, un sondage réalisé par l’Institut Elabe pour BFM TV a révélé que “seuls 4 Français sur 10 envisagent de se faire vacciner contre le Covid-19”, une proportion qui aurait diminué de 5 points depuis fin octobre.
Pour Gabriel Attal, le plus important reste la transparence vis à vis des citoyens pour établir une relation de confiance. “Elle sera notre valeur absolue”, a-t-il martelé pour surmonter la méfiance au sujet d’un futur vaccin.