« Nous avons recensés des dommages sur plusieurs organes dans les cas de Covid long » affirment des scientifiques

Publié le 16 novembre 2020

À l’heure où l’on cherche toujours à mieux comprendre les mécanismes du virus Sars-CoV-2, des scientifiques se sont penchés sur les patients dits à faible risque. D’après leurs résultats préliminaires relayés par le journal britannique The Guardian, ceux qui présentent des symptômes de la maladie sur une longue durée, une condition connue sous le nom de “Covid long”, pourraient souffrir de séquelles sur leurs organes. 

Les individus jeunes et en bonne santé sont généralement considérés comme peu susceptibles de développer des complications du Covid-19, bien que certains cas montrent que cela n’est pas exclu et que le virus peut avoir un impact inattendu. Pour autant, les chercheurs suggèrent la présence de séquelles au niveau des organes, en particulier chez les patients souffrant d’un Covid long.

Qu’est-ce que le “Covid long” ?

Également connue sous le nom de “Covid persistant”, cette condition désigne des personnes présentant des symptômes de la maladie, longtemps après l’infection au virus. On parle aussi de formes longues du Covid-19, mettant en exergue des cas qui souffrent plusieurs semaines, voire plusieurs mois après avoir été infectés. Selon The Guardian, les effets les plus fréquemment signalés sont l’essoufflement, la fatigue, la douleur ainsi qu’un brouillard cérébral. 

Ces troubles ont parfois été mis en avant sur les réseaux sociaux par des internautes qui ne comprennent pas pourquoi la maladie persiste autant. On se souvient notamment du témoignage d’Anne-Sophie Spiette, une femme belge qui avait révélé souffrir du Covid-19 depuis 5 mois.

De possibles séquelles sur les organes des cas de Covid long

Ce serait l’observation des chercheurs dans une étude prépubliée sur la plateforme medRxiv. Relayée par le quotidien britannique, elle a pour objectif de déterminer les conséquences du Covid-19  à long terme sur les organes d’environ 500 individus à “faible risque”, souffrant de symptômes persistants, par le biais d’une combinaison de tests sanguins, d’IRM, de mesures physiques et de questionnaires en ligne.

Selon les résultats préliminaires obtenus par les chercheurs sur les 200 premiers patients, près de 70% d’entre eux présentent des déficiences ou des séquelles dans un ou plusieurs de leurs organes, notamment le foie, le cœur, le pancréas et les poumons et ce, 4 mois après l’infection initiale.

Cité par The Guardian, Amitava Banerjee, cardiologue et professeur associé en science de données cliniques à University College London a indiqué que la déficience était légère, ce qui est une bonne nouvelle, “mais même avec une approche prudente, il y a une certaine déficience, et elle affecte deux organes ou plus chez 25% des personnes”, a-t-il expliqué. Des observations intéressantes pour l’expert qui ajoute : “nous devons savoir si [ces déficiences] persistent ou s’améliorent – ou s’il existe un sous-groupe de personnes qui pourraient voir leur état s’aggraver”.

Néanmoins, l’étude ne prouve pas que ces séquelles sur les organes sont à l’origine des symptômes persistants, et les données doivent encore être soumises à l’examen de pairs. Amitava Banerjee a également souligné qu’aucun patient n’avait subi de scan avant de développer le Covid-19, ce qui ne permet donc pas de savoir s’ils souffraient déjà de ces déficiences. Il admet toutefois que cela reste peu probable, étant donné que les patients étaient “relativement jeunes et en bonne santé”. En outre, l’âge moyen durant l’étude était de 44 ans.

Une prise en charge nécessaire pour les cas de “Covid long”

Lors d’une conférence de presse qui s’est déroulée en juin, l’Organisation Mondiale de la Santé a reconnu la persistance des symptômes chez certains patients, notamment la fatigue, la toux sèche ou une dyspnée en montant des marches. Une réalité mise en avant par de nombreux internautes sur les réseaux sociaux, indique France Info, avec les hashtag #apresJ20, #apresJ60, ou encore même #apresJ100, qui témoignent de formes longues de la maladie. Un suivi du CHU de Rennes avait également révélé qu’entre 10 à 15% des patients non hospitalisés n’avait pas repris leur activité, 6 semaines après avoir développé la maladie. Pierre Tattevin, chef du service des maladies infectieuses, explique que cela serait dû à des “symptômes inattendus, très invalidants. Un tiers des patients avaient l’impression d’avoir perdu leur capacité respiratoire. Et 40% exprimaient une grande fatigue. »

Cité par The Guardian, Danny Altmann, professeur en immunologie à l’Imperial College de Londres a appelé à prendre ces cas au sérieux pour améliorer leur prise en charge. “Ce que toutes les personnes dans le monde souffrant d’un Covid long cherchent désespérément est d’être prises au sérieux et d’avoir une idée de ce qui pourrait se produire au niveau des organes”, a-t-il indiqué, ajoutant qu’il est indispensable de mieux comprendre ces mécanismes. Le Dr Banerjee a quant à lui mis en avant la nécessité d’une collaboration plus étroite entre les différents spécialistes pour prendre en charge les patients du Covid long. “Envoyer les patients chez un cardiologue, puis chez un gastro-entérologue, puis chez un neurologue serait une manière inefficace de gérer ces choses alors que la pandémie se poursuit” a-t-il conclu.