Le professeur Didier Raoult très en colère à cause de l’hydroxychloroquine

Publié le 10 novembre 2020
MAJ le 17 novembre 2024

Alors qu’il avait demandé à l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) l’autorisation temporaire d’utiliser l’hydroxychloroquine plus largement pour traiter le Covid-19, Didier Raoult s’est heurté au refus de l’Agence. Dans une vidéo diffusée ce 3 novembre et relayée par La Dépêche, il estime qu’on souhaite “l’empêcher de soigner” les patients malades et annonce sa décision de saisir la justice et le Conseil d’Etat.

Commercialisée par le laboratoire Sanofi sous le nom de Plaquenil, la molécule préconisée par Didier Raoult est au coeur des polémiques depuis le début de la pandémie. Dans une vidéo publiée sur la chaîne YouTube de l’IHU Méditerranée Infection, le professeur marseillais révèle que son hôpital ne reçoit plus d’hydroxychloroquine pour soigner les patients malades du Covid-19 et accuse Sanofi et le ministère de la Santé de se renvoyer la balle lorsqu’il cherche à savoir qui est responsable de l’interruption de ces livraisons.

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Didier Raoult, directeur de l’IHU de Marseille – Source : L’Express

Didier Raoult saisit le Conseil d’Etat

Selon nos confrères de La Dépêche, la procédure judiciaire annoncée par Didier Raoult fait appel du refus de l’ANSM en Conseil d’Etat mais cible aussi Dominique Martin, directeur de l’Agence, via une plainte pénale. Le motif ? L’ANSM a refusé de délivrer au professeur une recommandation temporaire d’utilisation du Plaquenil pour les patients de l’IHU, ce qui risque d’épuiser ses capacités d’approvisionnement. D’après Didier Raoult, le directeur de l’institution joue un rôle dangereux pour la santé des citoyens français. “Sa réponse est absolument déraisonnable sur le plan scientifique” a-t-il ajouté.

Le patron de l’IHU a également mis en ligne une lettre d’Olivier Bogillot, président de Sanofi France, adressée au ministre de la Santé, révèle l’Express. Ce courrier daté du 30 octobre fait état de “nombreuses et récurrentes sollicitations de l’AP-HM et plus particulièrement du Pr. Didier Raoult pour fournir ce produit (hydroxychloroquine, ndlr)”, alors que le médicament ne dispose d’aucune autorisation de mise sur le marché (AMM) pour soigner le Covid-19. Par ailleurs, et pour que la prescription d’un médicament en dehors de son AMM soit possible, celle-ci doit se justifier par des données scientifiques et se “faire au cas par cas”. De ce fait, le problème concernant le Plaquenil est double, indique Olivier Bogillot, puisque d’une part, le médicament est prescrit “à large échelle” à l’IHU, d’autre part, les données obtenues par des essais randomisés contrôlés indiquent que la molécule préconisée par le Pr Raoult est inefficace pour soigner le Covid-19.

“Sanofi ou Ministère : qui bloque la vente de l’hydroxychloroquine ?” – IHU Méditerranée Infection/YouTube

L’infectiologue veut que les choses soient mises au clair

En faisant référence à un approvisionnement réduit en hydroxychloroquine à l’hôpital, Didier Raoult pointe du doigt le manque de clarté quant aux décisions prises à ce sujet et annonce qu’ “on verra qui ment dans cette histoire”. Le professeur marseillais explique que “Ceux qui pensent que j’ai des liens d’intérêts avec Sanofi doivent savoir que je dois me battre régulièrement pour pouvoir avoir du Plaquenil, à telle enseigne que j’ai fini par demander que soit clarifiée la position de Sanofi vis-à-vis du ministère”.

Il attend donc une réponse plus claire d’Olivier Véran pour identifier un responsable. “Soit c’est Sanofi, et alors le laboratoire prend des risques parce qu’il s’agit d’un refus de vente, soit c’est le ministère qui essaie de passer par une relation biaisée avec Sanofi” martèle l’infectiologue qui exige que cette situation soit éclaircie.

En effet, comme le révèle un article du Midi Libre, le Pr Raoult manque d’hydroxychloroquine pour traiter ses patients car Sanofi refuse d’en fournir en aussi grandes quantités. L’infectiologue révélait également il y a quelques jours ne plus pouvoir traiter tous les malades, soulignant qu’ils allaient devoir “commencer à faire du tri, comme les réanimations, pour traiter en priorité ceux qui ont le plus de risque vital”, peut-on lire sur cette même source.