Une spécialiste de l’OMS donne sa prédiction à propos de la fin de l’épidémie du coronavirus
À l’heure où la France subit un reconfinement pour faire face à une deuxième vague brutale de Covid-19, Catherine Smallwood, responsable des situations d’urgence à l’OMS Europe se confie en exclusivité à nos confrères du Parisien. Depuis son bureau de Copenhague au Danemark, elle fait le point sur la pandémie. Du “jamais vu depuis la grippe de 1918” selon l’experte.
Avec près de 300 000 décès dus au Covid en Europe, les chiffres établis lundi soir sont particulièrement préoccupants et continueront même à grimper selon Catherine Smallwood. L’experte anglaise qui s’exprime rarement dans les médias en a directement fait les frais et aurait elle-même perdu des proches. “C’est la première fois que je vis l’urgence à laquelle je réponds”, a-t-elle indiqué.
Pourquoi l’épidémie a-t-elle accéléré en Europe ?
Interrogée par Le Parisien, l’experte de l’agence onusienne explique que cela serait dû à un relâchement général et à la reprise des activités économiques, sociales et culturelles : “Les pays ont réautorisé les voyages, l’économie a repris, les cinémas, restaurants ont rouvert”. Elle mentionne également un relâchement des gestes barrière et des contaminations de plus en plus importantes qui compliquent le traçage des nouveaux cas. Sans oublier l’impact des températures plus basses qui poussent les gens à rester dans des endroits fermés, où la transmission du virus est plus aisée.
En outre, la lassitude des populations est un facteur à prendre en compte. Pour autant, ce n’est pas cela “qui fera partir l’épidémie”, déplore la spécialiste. Entre temps, il convient de déterminer une nouvelle norme à suivre pour pouvoir à la fois vivre et contrôler le virus, a-t-elle souligné.
L’Europe serait d’ailleurs le nouvel épicentre de l’épidémie, malgré les nombreux cas sur le continent américain. “Tous les yeux sont tournés vers l’Europe, et particulièrement vers l’Ouest”, poursuit l’experte. En cause, la concentration de la population, des mouvements considérables au niveau interne mais également à l’extérieur des pays et enfin, des populations plus âgées avec par conséquent, plus de personnes à risque face au virus.
Le confinement est-il efficace ?
Face à la recrudescence virulente des contaminations, Catherine Smallwood explique que le confinement actuel en France était inévitable. “Les écoles restent ouvertes et c’est une bonne chose. Entre aller au restaurant ou envoyer les enfants en classe, le choix est vite fait”, poursuit-elle. Elle admet que les établissements scolaires présentent certains risques mais que le rôle des enfants dans la transmission du Covid fait toujours l’objet de recherches.
Pour autant, même si elle estime que le confinement actuel est “assez sévère”, il ne peut être la seule mesure entreprise, car le virus recommencera aussitôt à circuler après sa levée. Pour l’experte de l’OMS, il s’agit en réalité d’un outil “de dernière ligne quand il n’y a plus d’autre option”. Pour cette raison, il est essentiel d’agir lorsque la courbe est descendante en mettant en place la stratégie du “tester-tracer-isoler”. Une méthode qui ne peut porter ses fruits que lorsque les cas quotidiens sont assez limités. “Cette stratégie est efficace lorsqu’on a 20, 30, 40 nouveaux par jour, pas une fois que la transmission du virus s’envole” avertit la spécialiste en soulignant par ailleurs qu’au-delà du contact-tracing qui peut être perfectionné, “les actions du gouvernement sont là”.
Elle en appelle également à la responsabilité individuelle pour freiner la progression de l’épidémie. “Si moi, Catherine, je décide ne pas rester chez moi, de faire la fête, quel impact aura mon comportement? Plutôt qu’aller au restaurant, ne puis-je pas prendre moins de risque en me faisant livrer?”, poursuit-elle. Des questions qu’elle juge essentielles lors du déconfinement. “Tout le monde doit être à bord”, insiste l’experte. Une recommandation salutaire lorsqu’on sait que certains jeunes considéraient que faire la fête était plus important que le coronavirus.
Combien de temps vivra-t-on avec le virus ?
C’est une question que nous sommes très nombreux à nous poser et à en croire Catherine Smallwood, “Cela ne se compte pas en semaines ni en mois mais plutôt en années”. A ses yeux, cela dépendra de l’efficacité d’un vaccin et de sa durée. En attendant, les vagues se succéderont, a-t-elle indiqué. L’objectif est donc de réussir à les aplatir pour garder la main sur la situation et éviter les “hauts et les bas” auxquels nous avons été confrontés. Pour y parvenir, la spécialiste de l’OMS révèle qu’il n’y a qu’une seule solution: “c’est de trouver tous les cas de Covid”.
Quant à savoir si le virus finira par disparaître, elle est catégorique: “Une chose est sûre, le virus est avec nous pour toujours. Ce qu’il reste à savoir est quel sera son impact sur notre santé et notre société à long terme”, conclut l’experte.