« Le pire est devant nous » l’alerte d’un directeur des hôpitaux de Paris

Publié le 5 novembre 2020
MAJ le 17 novembre 2024

La crise sanitaire due au Covid-19 se poursuit en France et dans de nombreux pays du monde. Invité de Yann Barthès ce mercredi 4 novembre sur le plateau de l’émission Quotidien, Rémi Salomon, président de la commission médicale d'établissement des Hôpitaux de Paris (APHP) a lancé un cri d’alerte face à la gravité de la situation.

Alors que le virus circule encore de manière importante en France, Rémi Salomon partage son inquiétude avec les téléspectateurs. Il pointe du doigt “l’effroyable dynamique” de l’épidémie et lance un cri d’alarme face à la hausse des cas qui risque de provoquer un désastre sanitaire.

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Rémi Salomon, président de la commission médicale des Hôpitaux de Paris – Source : Maville/Ouest-France

“On risque d’aller à la catastophe”

Invité de Quotidien ce mercredi 4 novembre, Rémi Salomon a exprimé avec émotion ses craintes au sujet de la situation sur le territoire. La vidéo publiée sur la page Twitter de l’émission montre un médecin inquiet, qui en appelle à la responsabilité individuelle et collective pour ralentir l’épidémie. “Quand je vois les gens autour de moi qui vivent presque comme avant finalement, je me dis que le virus circule trop et on risque d’aller à la catastrophe”. 

S’il reconnaît la lassitude des Français face aux médias qui rapportent sans cesse des faits reliés au Covid-19, notamment lorsque certaines informations sont “confuses ou contradictoires”, cela ne doit pas constituer un frein au respect des consignes sanitaires. “Ce soir nous sommes le 4 novembre, hier en France, 439 personnes sont mortes du Covid (…) Le pire est devant nous. Le pic de l’épidémie c’est pour le 15 novembre approximativement”, indique le médecin. Et par le pire, il entend une saturation des hôpitaux qui ne pourront plus prendre en charge tous les patients. “Ça voudrait dire quoi ? Ça voudrait dire qu’on va installer des tentes devant les hôpitaux, et quon va être obligés de choisir quels sont les patients qu’on va pouvoir prendre en charge et ceux qu’on va laisser mourir. Et ça c’est juste pas acceptable. Pour un soignant comme moi c’est juste pas acceptable” a-t-il martelé.

 

Il faut limiter les contacts 

A l’heure où la France subit un reconfinement pour freiner la circulation du virus, Rémi Salomon insiste sur le respect des mesures sanitaires, “c’est à dire que l’on limite au maximum les contacts, c’est ça qui nous permettra de casser cette effroyable dynamique de l’épidémie”. Cela implique de respecter le confinement, se limiter à la cellule familiale, avec un protocole sanitaire qui doit impérativement être appliqué dans les établissements scolaires.

Il précise qu’il n’appelle pas à une fermeture des écoles pour l’instant, mais qu’il est de la plus haute importance de prendre toutes les précautions indiquées par les autorités : “Les enfants à l’école primaire avec le masques. À l’école, au collège, au lycée, on prend les distances. Le moment du repas est probablement le moment le plus difficile parce qu’il n’y a plus de masques, donc il faut vraiment qu’il y ait des distances, quitte à décaler les heures de repas”, a-t-il expliqué. Puis d’ajouter : “c’est comme ça qu’on pourra soigner vos amis, vos parents, vos grand-parents, vos enfants même”. 

La peur du “tri” entre les patients

Compte tenu de la situation sanitaire, Rémi Salomon espère que son message sensibilisera une partie de la population. “Je sais que vous êtes à peu près 2 millions à m’écouter ce soir, et je me dis que même s’il y en a un sur dix qui m’entend et qui change son comportement, c’est toujours ça de gagné”, espère le responsable de l’APHP.

En faisant référence aux nombreux patients atteints du Covid-19, Yann Barthès l’interroge sur la peur du “tri” dans les hôpitaux. Un mot que Rémi Salomon préfère ne pas utiliser mais qu’il redoute tout de même au vu des cas en France. “C’est des choix qu’on serait obligés de faire, des choix qui pourraient se faire sur des critères comme l’âge, on pourrait dire bon il est trop vieux je ne peux pas le prendre en charge”, déplore le responsable en ajoutant que ce sont des situations inacceptables. “Aucun Français, je pense, ne peut accepter ça. Il faut absolument l’éviter et c’est aujourd’hui que ça se passe”, a-t-il alerté.

Et pour cause, il redoute des images similaires à ce qui s’était produit en Italie, où des villes avaient vécu une véritable hécatombe dans leurs hôpitaux. Il raconte d’ailleurs s’être entretenu au téléphone avec des collègues à Milan durant le mois de mars. “Ils avaient des trémolos dans la voix, ils pleuraient presque. C’est épouvantable. Il ne faut pas qu’on en arrive là”, s’inquiète le spécialiste. Et pour l’éviter, c’est maintenant qu’il faut agir, car “dans 15 jours, dans 3 semaines, il sera trop tard”, a-t-il poursuivi.

La peur de retourner dans les hôpitaux

Lorsqu’il se rappelle du contexte hospitalier lors de la première vague, Rémi Salomon avoue avec émotion que l’inquiétude se ressent au niveau des équipes médicales, bien que tout le monde soit soudé et prêt à y aller. “Cette première vague, ça a quand même été violent. Sur le plan physique c’est des journées éprouvantes. Sur le plan moral, c’est dur de voir des gens mourir, des visites qui sont limitées, c’est vraiment des situations qui sont humainement compliquées”, explique l’interlocuteur de Yann Barthès.

Il révèle également s’être rendu dans un service de réanimation des Hôpitaux de Paris le weekend précédent et partage le message poignant d’une infimière pour sensibiliser les citoyens. Parce qu’elle sait qu’il se rend régulièrement sur des plateaux télévisés, elle lui a demandé de les appeler à respecter les mesures sanitaires pour se protéger. “Pour nous, pour les patients, faites-le”, conclut le responsable.