Covid-19 : « Faites gaffe, il se passe quelque chose de très grave » alerte un chef des urgences
A l’heure où la France fait face à une violente recrudescence des cas de Covid-19 sur son territoire, des médecins lancent l’alerte sur la situation dans les hôpitaux. Interrogé par Europe 1 ce mardi 27 octobre, Patrick Goldstein, chef des urgences du CHRU de Lille a mis en garde contre la saturation du système hospitalier, indiquant que la situation actuelle est “très inquiétante”.
Suite à un record battu il y quelques jours avec plus de 50 000 cas de coronavirus enregistrés en 24 heures et une barre de contaminations qui a franchi le million depuis quelques jours, la situation en France inquiète. Et pour cause, les médecins redoutent un engorgement des hôpitaux et une saturation des systèmes de santé.
Ce mardi matin, Patrick Goldstein a lancé une alerte qu’il espère entendue le plus rapidement possible et en appelle à une prise de conscience générale face à la dangerosité de la deuxième vague de Covid-19.
Une situation “largement au niveau du mois de mars”
Interrogé par Europe 1, le chef des urgences a pointé du doigt une situation sévère, précisant qu’elle est largement au niveau du mois de mars. Avec une densité urbaine d’1,2 millions d’habitant dans la métropole lilloise, “nous avons une présence du virus qui est très importante”, souligne le médecin, puis d’ajouter que les interactions avec le système hospitalier sont également conséquentes. Selon lui, le nombre de patients hospitalisés pour Covid-19 dépasse aujourd’hui celui du mois de mars, “par ailleurs, ce ne sont pas les mêmes patients”, a-t-il précisé.
En effet, le patron du Samu du Nord explique que la situation est plus problématique qu’avant car le profil clinique des malades a changé. “La plupart des patients ‘suspects’ de coronavirus venaient dans nos services d’urgence, mais beaucoup en ressortaient. Tous n’étaient pas hospitalisés”, se souvient Patrick Goldstein, puis de poursuivre : “Là, c’est radicalement différent, avec une circulation virale exponentielle, inquiétante, majeure. Les patients vont arriver au bout du septième ou du dixième jour et quand ils arrivent dans les services d’urgence, ils ont pratiquement tous besoin d’hospitalisation” a-t-il révélé.
“Le plus difficile est devant nous”
Pour le patron des urgences lilloises, l’impact de la seconde vague sera plus important et doit être pris en compte par la population. “Le plus difficile est dans les 15 jours, trois semaines qui vont venir”, a-t-il indiqué, appelant à une sensibilisation nécessaire pour ralentir l’épidémie. Interrogé au sujet d’un reconfinement potentiel, Patrick Goldstein indique ce qui est certain, c’est que le couvre-feu à lui seul, est une mesure insuffisante. Pour que cela fonctionne, le chef des urgences appelle à respecter toutes les mesures établies. Il déplore toutefois le manque de prise de conscience des citoyens. « Lorsque que le sport national sera ‘comment détourner les mesures proposées’, on sera en difficulté », a-t-il martelé au micro de Sébastien Krebs, soulignant qu’ “il se passe vraiment quelque chose de très très grave, faites gaffe”.
Il ajoute également que peu importe les mesures adoptées : confinement, extension du couvre-feu, confinement le weekend…Cela ne sert à rien si elles ne sont pas scrupuleusement appliquées. “J’en suis désolé, mais aujourd’hui, le problème n’est pas de boire un verre de plus entre 18 et 21 heures pendant les deux ou trois mois qui viennent”, déclare le patron lillois. On se dirigera vers une véritable saturation des hôpitaux, prédit le médecin, et un impact dévastateur sur le moral des Français dans les mois prochains si le confinement généralisé est établi. Dans ce cas de figure, “les vacances et les fêtes de fin d’année seront tout sauf des fêtes familiales”, a-t-il conclu. Une inquiétude partagée fin septembre par deux prix Nobel qui avaient appelé à un reconfinement avant Noël pour permettre aux Français de pouvoir se retrouver en fin d’année.
L’appel de la FHF à un “reconfinement immédiat”
Selon un communiqué de la Fédération hospitalière de France (FHF) publié ce mercredi matin et relayé par BFM TV, la France est “au bord d’une véritable submersion du système de santé”. La FHF en appelle à un reconfinement immédiat, “le plus large possible”, écrit la fédération pour parvenir à soigner tous les patients, qu’ils soient atteints du coronavirus ou de toute autre maladie lourde ou encore d’accidents graves.
Elle alerte également contre une surmortalité élevée chez les personnes les plus fragiles face au virus qui s’annonce “dans les prochaines semaines”.