Le Covid-19 pourrait devenir endémique – voici ce que cela signifie
Alors que la recrudescence des cas d’infection est surveillée de près, des scientifiques de la Columbia Mailman School cherchent à savoir si le Covid-19 pourrait devenir endémique. Leur étude publiée le 14 octobre par la revue Science a été relayée par nos confrères du site Pourquoi Docteur.
A l’heure où le coronavirus a entraîné plus d’un million de décès dans le monde, des chercheurs se penchent sur l’hypothèse d’un virus endémique. Pour établir leurs prédictions, ils se sont basés sur plusieurs facteurs. Parmi eux: l’immunité, la saisonnalité, le vaccin et le risque de réinfection. Mais avant d’aborder leurs observations, faisons le point sur ce que cela signifie.
Qu’est-ce que l’endémie ?
De manière générale, l’endémie représente une maladie habituellement présente dans une région ou au sein d’une population. Interrogé par nos confrères du Monde, Bruno Lina, membre du conseil scientifique explique que ce terme est utilisé pour “les virus qui circulent dans des zones restreintes comme la dengue dans les zones tropicales”.
Cela s’applique également à d’autres exemples tels que le virus du chikungunya en Asie du Sud ou la fièvre de Lassa dans certains pays d’Afrique de l’Ouest. Par ailleurs, une maladie peut être considérée endémique lorsqu’un vaccin n’octroie qu’une immunité de courte durée ou en l’absence totale de vaccin, comme dans le cas du VIH, responsable du syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA).
Ce qu’il faut néanmoins souligner c’est qu’un virus qui devient endémique ne devient pas pour autant moins dangereux, comme le fait remarquer Fabienne El-Khoury, chercheuse en épidémiologie à l’Inserm. Et pour cause, de nombreuses maladies endémiques sont considérées mortelles et représentent aujourd’hui des problèmes de santé publique, rappelle le quotidien.
A l’heure où il est toujours impossible de prédire l’évolution de la situation sanitaire dans le monde, certains chercheurs se demandent si le Covid-19 peut devenir endémique, de la même manière que la grippe. A savoir que pour parler d’endémie, on parle généralement de cas qui se manifestent de façon sporadique au sein d’une population, “mais l’incidence de la maladie ne baisse pas et n’augmente pas”, comme l’explique Pascal Crépey, enseignant chercheur en épidémiologie et biostatistiques au journal Le Monde.
Une hypothèse qui, pour l’heure, ne peut donc être appliquée compte tenu des indicateurs de croissance du coronavirus. Mais cela n’empêche pas les chercheurs d’essayer d’y voir plus clair pour évaluer les probabilités que cela se produise dans le futur.
Le Covid-19 pourrait-il devenir endémique ?
Pour apporter des éléments de réponse à cette question, les scientifiques américains de la Columbia Mailman School ont publié une étude sur le sujet. Leurs observations relayées par un article du site Pourquoi Docteur s’appuient sur des facteurs tels que la saisonnalité du virus, l’immunité, la réinfection et le vaccin. Ils indiquent alors que “Si la réinfection se révèle banale, et si un vaccin hautement efficace n’est pas administré à la plupart de la population mondiale, le SRAS-CoV-2 s’installera probablement dans un modèle d’endémicité”.
Il reste toutefois à savoir “si les réinfections seront courantes, à quelle fréquence elles se produiront, à quel point les personnes réinfectées seront contagieuses et si le risque de changements cliniques graves avec une infection ultérieure reste à comprendre”, indiquent les chercheurs.
En faisant référence au Covid-19, Fabienne El-Khoury estime qu’ “à moins de trouver un vaccin efficace qui donnera une immunité de longue durée”, ce dernier pourrait à priori, être endémique. Pascal Crépey précise quant à lui que “Ce qui est sûr, c’est que l’endémicité de ce virus ne diminuerait pas sa dangerosité pour les personnes qui en sont infectées et qui sont à risque de faire des formes graves”.
Le vaccin pourra-t-il éradiquer la maladie ?
Nombreux sont ceux qui cherchent à connaître la date à laquelle un vaccin contre le Covid-19 sera disponible. Pourtant, Daniel Floret, vice-président de la commission technique des vaccinations de la HAS, a expliqué au Huffpost que le vaccin pourrait ne pas éradiquer la maladie.
De nombreuses interrogations subsistent malgré les avancées scientifiques autour du Sars-CoV-2. “On sait comment il se transmet, comment il rentre dans les cellules, quelle maladie il donne, qu’il entraîne une réaction immunitaire, mais on ne sait pas vraiment en quoi cette réaction du système immunitaire protège contre une infection extérieure”, explique le spécialiste.
Alors que l’OMS teste près de 200 vaccins actuellement, les autorités de santé restent à l’affût des résultats de la phase 3. En sus, le risque d’effets indésirables ou d’exacerbation de la maladie après l’administration d’un vaccin reste une préoccupation majeure pour les scientifiques.
Par ailleurs, le premier vaccin commercialisé pourrait ne pas garantir une protection maximale contre le coronavirus. “Il est possible que certains ne protègent que contre les formes graves de la maladie”, indique Daniel Floret qui considère que lorsque les vaccins seront autorisés, ce ne sera que le début de la gestion de la crise sanitaire. “Il faudra prendre en compte l’état de la pandémie et son évolution, l’efficacité du vaccin, l’acceptabilité, mais aussi des aspects éthiques, afin de déterminer qui doit être vacciné et dans quel ordre”, détaille le spécialiste.