“L’industrie pharmaceutique est la première source de corruption dans le monde” dénonce un professeur en médecine
Auteur de l’essai polémique “Y a-t-il une erreur qu’ils n’ont pas commise ?”, Christian Perronne, professeur et chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital de Garches ne mâche pas ses mots face à la gestion du Covid-19. Dans un entretien accordé au Nouvel Obs le 26 juin, l’infectiologue dénonce une “corruption de l’industrie pharmaceutique” et pointe du doigt les erreurs des experts et du gouvernement. Retour sur ses propos chocs.
C’est dans un ouvrage acerbe que le professeur Perronne n’a pas manqué de faire savoir son indignation quant à la gestion de la crise sanitaire en France. Gouvernement impréparé, “études payées par des labos”, attentisme de certains experts, il évoque même une forme de corruption autour des laboratoires pharmaceutiques et des professeurs, révélant être “effaré” par l’attitude des responsables.
Un professeur en colère
Dans un article relayant son interview, le Nouvel Obs revient sur les propos polémiques du Pr Perronne, et notamment son livre au sous-titre évocateur : Covid-19 : L’union sacrée de l’incompétence et de l’arrogance. En parlant de cet essai virulent, le chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital de Garches avoue être en colère, “parce qu’on n’aurait jamais dû avoir 30 000 morts”, souligne-t-il.
Président de la Commission spécialisée Maladies Transmissibles (CSMT) pendant 15 ans, aujourd’hui connue sous le nom du Haut Conseil de la Santé Publique, l’infectiologue estime parler en connaissance de cause. “J’ai géré des crises sanitaires avec plusieurs cabinets de ministre, j’ai connu ça de l’intérieur. Et là, ce qui m’a effaré, c’est que les responsables n’ont rien fait. Ou, quand ils le faisaient, c’était à retardement”, déplore le professeur, qui a appelé à maintes reprises à adopter le traitement du Dr Raoult.
“Je connais le système”
Interrogé par Europe 1 quelque jours avant son entrevue avec le Nouvel Obs, le professeur Perronne mettait déjà en exergue l’immobilisme du gouvernement face à la crise sanitaire, dénonçant par la même occasion un manque de tests et de masques dans le pays. Il explique : “D’abord en 2011 j’avais signé un rapport au nom du Haut conseil de santé public à destination des autorités, pour dire comment gérer les masques. Quelques mois après on a dit : les masques ne servent à rien, poubelle”, ajoutant qu’ “ils savaient parfaitement qu’il n’y avait pas de masques« .
Selon Christian Perronne, les commandes de masques ont été passées trop tard, à la fin du mois de janvier. Pourtant, Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé durant cette période aurait alerté Jérôme Salomon sur les risques potentiels d’une épidémie le 20 décembre. Une décision qu’il juge tardive en comparaison avec d’autres pays mieux préparés, notamment l’Allemagne où la France avait d’ailleurs envoyé des malades du Covid-19 pour alléger ses hôpitaux surchargés.
« En maladie infectieuse, on ne sait jamais comment cela va se passer”, indique le professeur. Néanmoins, il faut y être préparé. À ses yeux, c’est ce manque de préparation qui serait à blâmer, « Et c’est pour cela qu’on a été obligé de confiner toute la France”, souligne-t-il en pointant du doigt des pays plus “futés” qui avaient à leur disposition des tests et des masques pour protéger les personnes vulnérables, en particulier les personnes âgées.
“L’industrie pharmaceutique est la première source de corruption dans le monde”
Après avoir créé la polémique, affirmant que des milliers de morts auraient pu être évités grâce à l’hydroxychloroquine, molécule antipaludique préconisée par Didier Raoult pour combattre le Covid-19, le professeur Perronne a pointé du doigt une forme de corruption de l’industrie pharmaceutique.
Il dénonce notamment le monopole de certains groupes, soulignant que “le niveau de corruption a monté de façon fantastique”. Il ajoute également que l’industrie pharmaceutique serait la “première source de corruption dans le monde, devant l’industrie du bâtiment”. Une affirmation qu’il aurait obtenu via un rapporteur de l’ONU il y a quelques années de cela.
Christian Perronne accuse par ailleurs les professeurs du conseil scientifique d’attentisme et d’incompétence dans son livre, soulignant que bien qu’un professeur ait “le droit de travailler pour l’industrie”, il ne peut siéger au sein d’une commission qui rend des avis lorsqu’il touche “des dizaines de milliers d’euros” et “où les molécules du laboratoire en question peuvent être en jeu”. Pour l’infectiologue, il s’agit d’une “faute grave” qui va à l’encontre des procédures qu’il juge plus justes.
Lorsqu’il était président de la CSMT, ce dernier indique que les conflits d’intérêt devaient être présentés avant chaque réunion, en fonction de l’ordre du jour. “Là, ça n’a pas été le cas. Je suis catastrophé de voir cette évolution et les gens ne respectent plus les règles”, conclut le médecin.