Un médecin prévient que le Vick VapoRub en excès sur le nez peut provoquer de sérieux problèmes pulmonaires

Publié le 5 octobre 2020
MAJ le 17 novembre 2024

Sous forme de pommade, le Vicks Vaporub est couramment utilisé pour soulager les affections respiratoires. Mais son utilisation n’est pas sans comporter certains risques, selon le Dr Hawa Edriss, pneumologue américaine. Dans une publication Facebook, l’experte raconte le cas d’un patient souffrant de pneumonie lipoïde exogène après en avoir appliqué sur son nez pendant 10 ans. Son avertissement a été relayé par le magazine Says. 

Le Vicks VapoRub est considéré comme un décongestionnant qui améliore la capacité respiratoire. Mais de nombreux récits mettent en avant des usages à risque et des effets indésirables liés à son utilisation. 

Un patient qui appliquait du Vicks Vaporub sur son nez

Dans une publication sur Facebook, le Dr Hawa Edriss, pneumologue à l’hôpital St Joseph dans la ville de Lexington aux Etats-Unis, a mis en exergue les risques encourus par l’application du Vicks VapoRub. Selon ses propos relayés par Says dans un article, un patient qui appliquait du Vicks VapoRub sur son nez pendant 10 ans a fini par souffrir d’une pneumonie lipoïde exogène.

Cette affection pulmonaire peut survenir lorsqu’une personne inhale des substances huileuses minérales, végétales ou animales. Une étude publiée dans la revue Respiratory Medicine Case Reports fait état du cas d’une patiente ayant souffert de la même condition. Selon les chercheurs, cette dernière utilisait le Vicks Vaporub en application externe sur son nez pendant plus d’un an, avant de se coucher.

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Le Vicks Vaporub est présenté comme un décongestionnant respiratoire – Source : Says

Un diagnostic établi après 10 ans

Le médecin a expliqué que l’homme se présentait à l’hôpital avec une détresse respiratoire, et était diagnostiqué à tort avec une pneumonie infectieuse. De ce fait, il recevait des antibiotiques et constatait que son état de santé ne s’améliorait pas.

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En réalité, la pneumonie lipoïde exogène est une affection rare, ce qui complique le diagnostic, explique le Dr Edriss. Elle peut être visible grâce à un scanner thoracique 30 minutes après l’inhalation ou l’aspiration d’un produit dangereux. Des lésions pulmonaires peuvent apparaître dans les 24 heures qui suivent chez une majorité de patients, souligne la pneumologue. Ainsi, elle déconseille formellement d’appliquer du Vicks VapoRub ou des produits à base d’huile sur les narines.

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Le Vicks Vaporub expose à des effets indésirables sévères en cas de mauvaise utilisation  – Source : Says

Une mise en garde partagée par la SPLF

Un avertissement concernant l’utilisation de cette pommade a également été émis par la Société de Pneumologie de Langue Française (SPLF) qui appelle à ne pas banaliser son utilisation. En citant la revue Prescrire, la SPLF met en avant une série d’observations liées à des usages à risque ou à des effets indésirables rapportés par le centre régional de pharmacovigilance Nord-Pas-de-Calais.

Parmi eux: “des pneumopathies lipidiques après applications sur le nez, même sans application intranasale, sur une longue durée”, des taches de dépigmentation sur le visage mais aussi des convulsions. Une mise en garde salutaire car certains gestes peuvent s’avérer fatals, à l’instar de ce bébé mort après l’application de Vicks Vaporub sur le corps.

Les causes courantes d’une pneumonie lipoïde exogène

Une pneumonie lipoïde exogène survient lorsqu’une matière grasse pénètre dans la trachée et se retrouve dans les poumons. Ensuite, elle provoque une réaction inflammatoire sévère qui peut engendrer des séquelles pulmonaires, explique le Dr Adithya Cattamanchi, spécialisé en médecine pulmonaire et éditeur médical pour Healthline.

Les principaux corps gras qui, une fois inhalés ou inspirés, peuvent causer cette condition sont :

    • Les graisses que l’on retrouve dans les aliments : l’huile d’olive, le lait, l’huile de pavot ou encore les jaunes d’oeufs ;
    • Les médicaments à base d’huile ou les sprays nasaux ;
    • Les laxatifs à base d’huile, comme l’huile de foie de morue ou l’huile de paraffine  ;
    • Les huiles utilisées en peintures ou les lubrifiants gras ;
    • Les substances huileuses dans les cigarettes électroniques (des chercheurs estiment que la cigarette électronique est aussi nocive pour les poumons que la cigarette).

Un produit qui ne peut être appliqué que sur la poitrine ou sur le cou
Sur le site internet officiel du produit, il est conseillé d’appliquer du Vicks VapoRub sur le cou ou sur la poitrine “pour permettre aux vapeurs d’atteindre le nez et la bouche”.

Les recommandations que l’on peut lire sur la boîte du produit insistent sur le fait que le Vicks VapoRub ne doit pas être utilisé “par voie orale, avec des bandages serrés ou des coussinets chauffants, dans les narines, sur les plaies ou sur les peaux abîmées”.

Toutefois, en raison des risques encourus par l’utilisation de cette pommade, il est essentiel de ne pas abuser de son utilisation et de se conformer à la notice. “Celle-ci doit être étalée sur la poitrine uniquement, et pas plus de 2 fois par jour pendant 3 jours”, précise Le Figaro dans l’un de ses articles. Par ailleurs, il existe certaines techniques de respiration qui pourraient s’avérer utiles pour vous soulager, à l’instar de la méthode du Dr Sarfaraz Munshi du Queen’s Hospital de Londres.

Mises-en garde

Le Vicks Vaporub est contre-indiqué en cas d’hypersensibilité à l’un de ses ingrédients (camphre, thymol, térébenthine etc.), chez l’enfant de moins de 6 ans, et chez toute personne ayant des antécédents d’épilepsie ou de convulsions. Son usage est également déconseillé à la femme enceinte ou allaitante. En inhalation, il ne peut être utilisé chez les enfants de moins de 12 ans.

Rappelons que l’auto-médication peut entraîner de nombreux problèmes de santé. En cas d’affection des voies respiratoires, il est fortement conseillé de consulter un avis médical.