Des « boîtes aux lettres » sont installées pour que les parents puissent abandonner leur bébé

Publié le 2 octobre 2020
MAJ le 19 novembre 2024

S’il est généralement attendu des parents qu’ils prennent soin de leurs enfants, différents facteurs peuvent les pousser à abandonner leur nouveau-né. Pour le faire de manière anonyme, certains pays ont adopté un dispositif peu commun : des  « boîtes à bébés  ». Retour sur cette pratique qui ne fait pas l’unanimité, comme le rapportent nos confrères de France Info.

Abandonner son enfant ou le confier à l’adoption est souvent perçu comme un sujet tabou. Pour permettre aux parents de garder l’anonymat, des associations ont donc décidé d’installer des « boîtes à bébés », un dispositif controversé qui existe en Europe depuis le Moyen Âge.

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Un exemple de “boîte à bébé” à l’hôpital St Joseph de Berlin en Allemagne – Source : France Info

Les « boîtes à bébés » existent dans plusieurs pays

Alors qu’elles avaient disparu depuis plus d’un siècle en Europe, les  « boîtes à bébés » ont fait leur retour dans les années 2000 et sont désormais utilisées dans certains pays européens. Leur but est d’offrir un moyen anonyme à des parents désespérés souhaitant abandonner leur enfant, notamment au vu de la médiatisation de certains faits divers sordides, à l’instar des bébés abandonnés dans des sacs plastiques ou en pleine forêt.

Une caméra et un lit chauffant à l’intérieur de ces boîtes permettent la survie de l’enfant, avec un dispositif d’alarme relié à des centres de soins à proximité.

Selon un article paru dans France Info, ces  « boîtes à bébés » existent dans de nombreux pays. Parmi eux: la République Tchèque, la Corée du Sud, la Chine, le Japon, la Suisse, l’Allemagne, ainsi que la Belgique.

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Exemple de “Boîte à bébé” à Anvers en février 2015 – Source : RTBF

Une association s’apprête d’ailleurs à ouvrir la première  « boîte à bébés » de Bruxelles, comme l’indique un article de LCI. Pourtant, ce concept est loin d’être nouveau. En effet, c’est au Moyen-Âge qu’il existait ce qu’on appelait les « tours d’abandon ». L’idée est assez similaire aux boîtes à bébés modernes : donner l’occasion à des parents désespérés d’abandonner leur enfant dans l’anonymat. Pour autant, ce dispositif fait débat.

« Les boîtes à bébés ne sont pas une incitation à l’abandon »

Alors que les Nations Unies s’étaient positionnées contre ce dispositif en 2012, de nombreuses personnes défendent ce système en avançant qu’il permet de protéger la vie de centaines d’enfants. En Belgique par exemple, où il est impossible d’accoucher sous X, contrairement à la France, « La boîte à bébé n’est certes pas idéale, mais il s’agit d’un lieu sécurisé où la maman peut déposer son enfant en étant certaine qu’il soit entre de bonnes mains », explique Aline Duportail, pédagogue à l’association Corvia, à nos confrères de LCI.

Accusée d’inciter à l’abandon des enfants, l’association Corvia se défend en ajoutant que ce dispositif offre un choix plus sûr aux mamans qui abandonnent leur bébé dans la rue, dans des boîtes ou encore dans des parcs.

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Une “boîte à bébé” installée en Indiana, aux Etats-Unis en avril 2016 – Source : NBC News

« Accoucher sous X », le cas français

Si ces boîtes à bébés se multiplient dans certains pays d’Europe ainsi qu’aux États-Unis, comme l’indique un article de BBC, la France reste un cas assez singulier car toute femme sur le territoire français possède le droit d’accoucher sous X.

Cela lui permet d’abandonner son bébé juste après l’accouchement, à condition d’avertir l’équipe médicale de l’hôpital (public ou privé) de son choix. Le site officiel de l’administration française précise qu’aucune pièce d’identité ne peut être demandée à la femme enceinte. Celle-ci peut toutefois lever le secret sur son identité lorsqu’elle le décide.

La différence entre les « boîtes à bébés » et ce procédé, c’est que lorsque l’enfant atteint la majorité, ce dernier peut demander à connaître sa mère, si celle-ci a donné son consentement. À ce jour, environ 600 enfants naissent « sous X » en France chaque année.