Comment le coronavirus attaque le cerveau

Publié le 15 septembre 2020

A l’heure où les mécanismes du nouveau coronavirus présentent encore des zones d’ombre, une équipe de chercheurs dirigée par Akiko Iwasaki, immunologue à l’université de Yale avance que ce dernier pourrait envahir le cerveau. L’étude publiée mercredi 9 septembre a été relayée par le New York Times.

Depuis plusieurs mois, le coronavirus s’est présenté comme un ennemi invisible qui menace le monde entier. Le bilan de la pandémie ne cesse de grimper, avec plus de 920 000 morts à ce jour. Dans ce sens, les scientifiques se mobilisent continuellement pour en apprendre plus à son sujet. Leur dernière observation : le virus serait capable d’attaquer le cerveau. Les recherches qui sont, pour l’heure, au stade préliminaire, doivent encore être évaluées par des pairs.

Des symptômes neurologiques ont été observés

En avril dernier une étude publiée dans la revue de l’Association de médecine américaine JAMA et relayée par Le Parisien avait mis l’accent sur l’impact du Sars-CoV-2 sur le cerveau. Parmi les 214 patients atteints de la maladie, 36,4% présentaient des symptômes neurologiques tels qu’une perte de l’odorat, des douleurs nerveuses, des crises convulsives ou encore des AVC.

Une seconde étude publiée dans le New England Journal of Medicine avait également fourni des preuves concernant les manifestations neurologiques de l’infection virale. En effet, des médecins de Strasbourg ont découvert que plus de 50% des 58 individus atteints de Covid-19, affichaient une agitation ou une confusion.  “Tout le monde dit que c’est un problème de respiration, mais cela affecte aussi quelque chose qui nous est très précieux, le cerveau” avait souligné Andrew Josephson, chef du département de neurologie à l’université de Californie à San Francisco (UCSF).

Une nouvelle étude soutient que le virus pourrait envahir le cerveau

Dans une étude publiée sur BioRxiv, un site qui permet le dépôt des versions préliminaires de publications soumises aux revues, les scientifiques de l’Université de Yale dirigés par le Pr Iwasaki révèlent que le virus pourrait envahir le cerveau, bien que la fréquence de cette situation soit encore peu claire.

Pour expliquer ce phénomène, le New York Times révèle que les chercheurs ont procédé de 3 manières : l’évaluation du tissu cérébral de personnes décédées du Covid-19, en infectant des rongeurs et en infectant des organoïdes (mini-cerveaux créés en laboratoire, ndlr).  Ils ont ainsi découvert que le coronavirus pouvait pénétrer les cellules grâce à une protéine appelée ACE2 puis se multiplier jusqu’à priver les autres cellules d’oxygène.

Durant leur expérience menée sur des souris, ils ont remarqué que les rongeurs qui présentaient le virus dans leur cerveau perdaient du poids et décedaient plus rapidement que ceux qui n’avaient été infectées que par les poumons. Sur la base de ces résultats, les chercheurs ont indiqué que lorsque l’infection touche le système cérébral, elle devient plus sévère que quand elle touche uniquement les voies respiratoires. “Si le cerveau est infecté, cela pourrait avoir une conséquence mortelle”, a déclaré le Dr Iwasaki.

Il faudra attendre l’évaluation par des pairs

Jusqu’à présent, les scientifiques considéraient que les conséquences neurologiques de la maladie du Covid-19 découlaient de ce que l’on appelle “l’orage de cytokine” – une réaction immunitaire anormale qui provoquerait l’inflammation du cerveau – plutôt que d’une attaque directe du virus sur les cellules cérébrales. Or “il ne serait pas complètement surprenant que le Covid-19 soit capable de pénétrer la barrière hémato-encéphalique”, indique le 20 Minutes.

Le Dr Josephson a quant à lui, loué la méthodologie de l’étude, révélant que “comprendre s’il y a ou non une implication virale directe dans le cerveau est extrêmement important”. L’expert souhaite toutefois se montrer prudent, dans l’attente d’une évaluation par les pairs.