Candida albican et Cancer. Y’a t’il un lien ?

Publié le 13 août 2020

Les candidoses sont des infections superficielles et viscérales provoquées par un type de champignon appelé Candida. Microscopique, ce dernier est généralement inoffensif. Néanmoins, il peut dans certains cas devenir pathogène et selon certaines recherches, augmenter le risque de cancer. Explications. 

Selon l’institut Pasteur, il existe 200 espèces de Candida connues, parmi elles, seulement une vingtaine est responsable d’infections humaines. Présent dans les voies du tube digestif, de la bouche, sur la peau ou encore dans l’intestin, ce champignon peut proliférer et parfois devenir invasif. 

Les infections de la peau et des muqueuses peuvent survenir aussi bien chez les individus en bonne santé que chez les personnes immunodéprimées. Ces dernières sont principalement causées par des modifications de l’hydratation corporelle, des niveaux d’acidité du corps, des concentrations de nutriments ou de l’environnement microbien de la peau et des muqueuses. Lorsque cet organisme mycotique infecte les muqueuses vaginales, on parle de candidoses génitales ou vulvo-vaginites. Elles sont provoquées dans 80% des cas par l’espèce Candida albicans.

Qu’est-ce qu’un Candida albicans ?

L’une des espèces de levure les plus connues du type Candida est le Candida albicans. Présent dans 80% de la population, c’est un organisme qui se trouve à l’état naturel dans les muqueuses du corps humain et qui n’entraine dans la plupart des cas aucune maladie ni aucun symptôme particulier. Généralement, c’est lors d’un déséquilibre immunitaire ou hormonal que la candidose peut proliférer et provoquer des mycoses. Toutefois, celle-ci peut également se développer de façon exogène, après une contamination par voie sexuelle, au contact de l’eau de la piscine, de la plage etc.

Habituellement bégnines, et s’il est possible de les soulager avec ces 11 astucesles mycoses peuvent cependant être graves chez les personnes immunodéprimées. Dans les cas les plus graves, l’infection atteint les viscères digestifs ou les poumons, et dans certains cas extrêmes, provoquer une septicémie à candida albicans de pronostic sévère.

Quels sont les facteurs de risque de candidose ?

Candida albicans est présente dans l’organisme des personnes en bonne santé. Néanmoins, il existe certains facteurs qui favorisent le risque de candidose. Il s’agit notamment du stress, de la prise de certains médicaments, du diabète, de la grossesse, du Sida, d’une mauvaise hygiène, du port répétitif de vêtements trop serrés etc. A savoir que si elle n’est pas traitée, la candidose peut récidiver chez un sujet. 

Quelles sont les différentes formes de candidose ?

Il existe trois formes de candidoses. Les candidoses cutanées sont superficielles et se développent dans les zones de transpiration (aine, aisselles, zones interdigitales, pli inter fessier). Les candidoses muqueuses sont également superficielles et se situent au niveau buccal, génital ou œsophagien. Enfin, il y a les candidoses généralisées qui se développent chez les sujets immunodéprimés et qui peuvent dans les cas les plus graves mettre en jeu le pronostic vital.

Quels sont les symptômes de la candidose ?

Les signes de candidose se manifestent de façon distincte selon la localisation et le sexe de la personne atteinte. La candidose cutanée se manifeste par exemple par des plaques rouges bien délimitées, de taille et de forme différentes. Des tâches blanchâtres peuvent apparaitre sur certaines zones, notamment l’aine, les seins, le nombril ou les aisselles. A terme, l’infection provoque également des démangeaisons.

La candidose génitale quant à elle provoque chez la femme des pertes blanches épaisses, des démangeaisons et une inflammation de la vulve et du vagin. Chez l’homme, l’infection se manifeste par une inflammation du gland, des démangeaisons et un écoulement au niveau du canal urinaire.

Comment détecter la présence de Candida albicans ?

Pour diagnostiquer un Candida albicans, il suffit généralement d’un examen clinique. Il est par exemple possible de détecter la présence de l’agent fongique en repérant la présence de dépôt blanchâtre sur les muqueuses. Un traitement est alors prescrit et en cas de résistance, le médecin effectue un prélèvement au niveau des muqueuses pour confirmer ou infirmer la présence de l’organisme mycotique.

Candida albicans peut-il provoquer le cancer ?

Si la candidose se développe principalement chez les patients sous traitement immunosuppresseur, comme c’est le cas des personnes souffrant de cancer, l’infection pourrait, lorsqu’elle prolifère et devient invasive, provoquer la maladie. C’est en tout cas ce que suggère cette étude publiée dans la revue biomédicale Oncotarget.

La recherche, menée sur une cohorte de 34 829 patients à Taiwan, visait à évaluer si l’infection à Candida était associée à un risque plus élevé de cancer. Selon leurs résultats, les patients infectés par Candida avaient un risque significativement plus élevé de cancer par rapport au groupe témoin. Ils avancent donc le postulat que Candida albicans pourrait selon leur conclusion, augmenter de « manière significative » le risque de cancer.

Des résultats confirmés par une autre étude, publiée dans la revue universitaire internationale Critical Reviews in Microbiology. Dans leur publication, les scientifiques expliquent qu’il existe de plus en plus d’études qui soutiennent l’idée selon laquelle il existe un lien entre les infections microbiennes et le cancer. En particulier lorsqu’il s’agit de bactéries ou de virus. Puis d’affirmer que leurs travaux résument les preuves que le champignon Candida albicans augmente le risque de carcinogenèse [le processus de formation d’un cancer, NDLR] et de métastase.

Selon eux, l’espèce fongique est capable de promouvoir le cancer par plusieurs mécanismes, notamment la production de sous-produits cancérigènes ou encore le déclenchement de l’inflammation, entre autres facteurs. Ils concluent en soulignant l’importance de contrôler ce type d’infection dans le cas des patients sous traitement immunosuppresseurs mais également de promouvoir de nouvelles approches thérapeutiques afin d’éviter l’effet potentiellement pro-tumoral de ce champignon.

Comment prévenir la présence excessive de Candida albicans ?

Comme susdit, Candida albicans est présent naturellement dans l’organisme d’un individu sain. Mais pour éviter le développement d’une candidose superficielle, il est conseillé d’adopter un mode de vie sain et équilibré, de réguler son diabète et de porter des vêtements amples. Afin de prévenir la survenue de candidose récurrente, certains gestes sont à adopter.

Pour cela, il est préférable d’utiliser des produits de toilette intime à pH alcalin au savon, d’éviter le port de tampon pendant les règles, de privilégier les serviettes hygiéniques et de veiller à essuyer et nettoyer les parties intimes d’avant en arrière. A savoir que le vagin s’auto nettoie naturellement, il est donc inutile, voire dangereux, d’avoir recours à des méthodes de nettoyage du vagin.  Enfin, si l’infection est présente, il est impératif lors des rapports sexuels d’utiliser systématiquement un préservatif afin de ne pas contaminer le partenaire.

Comment traiter la candidose ?

Une infection due à Candida albicans nécessite la prise de traitements antifongiques locaux, comme l’explique le Dr Anne-Christine Della Valle, médecin généraliste à nos confrères du Journal Des Femmes. Par exemple, des ovules gynécologiques et une crème en cas de candidoses vaginales, et des solutions antifongiques à garder dans la bouche le plus longtemps possible lorsqu’il s’agit de candidoses buccales. Si la candidose est génitale, le partenaire sexuel doit également être traité si ce dernier présente des signes de la maladie. En plus des traitements pharmaceutiques, il est possible de consommer certains aliments aux propriétés antifongiques. A savoir que traitement peut durer plusieurs semaines. « Il est nécessaire d’aller au bout du traitement pour limiter les risques de récidive » indique-t-elle. En cas de candidoses récurrentes ou chroniques, des traitements oraux peuvent être prescrits.