Coronavirus : Ce que les médecins ont découvert dans le corps des malades décédés
Les autopsies font partie des procédures récurrentes face à l’émergence d’une nouvelle maladie. A l’heure où le coronavirus continue de faire des victimes à travers le monde, la communauté médicale compte sur ces examens post-mortem pour développer sa compréhension du virus Sars-CoV-2, à l’origine du Covid-19. Dans ce sens, le Washington Post révèle que de nombreux médecins ont procédé à un examen minutieux des cadavres à leur disposition. Leurs observations portent principalement sur trois organes : les poumons, le coeur et le cerveau.
Au début de la pandémie, le média américain informe que la majorité des efforts étaient concentrés sur les vies à sauver. Et pour cause, le nouveau coronavirus a entraîné plus de 500 000 décès dans le monde. Néanmoins, et depuis la fin du mois de mai, de nombreux rapports auraient été publiés, confirmant certaines suspicions liées à la maladie, réfutant d’autres, ou révélant de nouveaux mystères quant à ses mécanismes sur le corps humain.
Caillots sanguins dans les poumons
Richard Vander Heide, qui pratique des autopsies depuis 1994, fait partie de ceux qui ont examiné les cadavres des patients atteints par le nouveau coronavirus. Sa première autopsie portait sur un homme de 44 ans, mort de la maladie. En examinant ses poumons, il révèle avoir découvert des centaines voire des milliers de micro caillots sanguins.
Un constat qui n’a pas manqué de le surprendre et l’a poussé à approfondir ses examens. Il s’est donc penché sur le cas d’un deuxième patient et aurait décidé de partager les résultats en ligne avant même que son étude ne soit révisée par des pairs pour être publiée sur une revue scientifique.
En effet, Richard Vander Heide tenait à informer les autres médecins de cette découverte pour qu’elle puisse éventuellement servir à sauver des vies. L’étude finale et publiée dans The Lancet inclura les cas de 10 patients.
38 autres seront soumis à une autopsie en Italie, 25 dans le cadre d’une étude du Mount Sinai Health et 7 à travers une collaboration entre des chercheurs allemands et la Harvard Medical School.
Les observations indiquaient toutes des découvertes similaires de coagulation. Une étude plus récente aurait également découvert une coagulation anormale dans le coeur, les reins, le foi et les poumons de 7 autres patients.
Les cellules du coeur
L’un des premiers rapports inquiétants au sujet du coronavirus stipulait que jusqu’à 30% des patients hospitalisés semblaient souffrir d’une myocardite pouvant entraîner une mort soudaine, indique le Washington Post.
Cela impliquait un durcissement du coeur qui serait alors incapable de pomper correctement. Pour les pathologistes, cette condition est généralement facile à repérer pendant une autopsie.
Néanmoins, et selon les échantillons d’autopsies réalisés jusqu’à présent, des chercheurs ayant examiné 25 coeurs indiquent qu’ils n’auraient vu qu’une inflammation “très modérée” à leur surface, rien qui n’indiquait une myocardite.
Il est important de noter que bien que leurs observations aient été publiées en ligne, ces dernières n’ont pas encore été évaluées par des pairs.
Amy Rapkiewicz, du NYU Langone Center, a étudié 7 coeurs de patients morts du Covid-19. Selon le Washington Post, elle aurait remarqué une présence inhabituelle dans le coeur de cellules que l’on retrouve généralement dans les poumons et la moelle osseuse. “Je ne pouvais pas me rappeler d’un cas similaire (…) c’est remarquable qu’on les aient trouvées dans le coeur”, a indiqué la scientifique.
Pour Richard Vander Heide, on ne voit jamais ce à quoi l’on s’attend en examinant un coeur du Covid-19. Ce dernier révèle que sur quelques patients ayant souffert d’un arrêt cardiaque, les autopsies avaient révélé que les dommages principaux touchaient les poumons et non le coeur.
Les zones clés du cerveau
Parmi les manifestations du coronavirus, l’impact sur le cerveau n’a pas manqué de susciter la curiosité des scientifiques. Perte de goût ou d’odorat, confusion, crises, autant de répercussions neurologiques remarquées chez certains patients au travers de rapports anecdotiques ou de données.
En s’appuyant sur ces derniers, Isaac Salomon, spécialiste en neuropathologie au Brigham and Women’s Hospital à Boston a décidé d’examiner systématiquement la présence du virus dans le cerveau. Il a donc conduit 18 autopsies suite à des décès consécutifs, prélevant des zones clés telles que le cortex cérébral, le thalamus ou encore les noyaux gris centraux.
Il a ainsi découvert que l’inflammation n’était pas aussi importante que les dommages occasionnés par un manque d’oxygène. Selon lui, que les patients aient passé une longue période en soins intensifs ou qu’ils aient décédé subitement, le modèle observé était étonnement similaire. L’une de ses observations publiée dans une lettre du 12 juin dans le New England Journal of Medicine suggère que les dommages se développent pendant une durée plus longue, ce qui le pousse à s’interroger sur l’effet prolongé du virus sur le cerveau des personnes moins malades.
Une équipe du Mount Sinai Health a quant à elle examiné 20 cerveaux dans le cadre de ces autopsies. Si les chercheurs avouent n’avoir trouvé que peu d’inflammation ou de virus, ils ont noté une présence étendue de micro caillots sanguins.
Pour Amy Rapkiewicz, il est encore trop tôt pour savoir si ces nouvelles données d’autopsies peuvent résulter en véritables changements au niveau des traitements, mais cela ouvre la voie à plus de recherches et à de nouvelles voies à approfondir.