Pourquoi tourner sur leur ventre les patients atteints du coronavirus peut sauver leur vie
La pandémie du Covid-19 est au cœur de l’actualité. Pour cause, le virus continue de faire chaque jour des morts pendant que la communauté scientifique continue de chercher un remède à ce fléau. Toutefois, il semblerait que certaines pratiques peuvent aider à sauver des vies comme le fait de tourner les patients en réanimation sur leur ventre. Le Dr Matthieu Jeannot en donne les raisons à nos confrères du Dauphiné.
Ce procédé est souvent utilisé dans les hôpitaux et permet à l’oxygène de mieux circuler dans leurs poumons. La technique est davantage utilisée quand les patients souffrent du syndrome de détresse respiratoire aigüe (SDRA).
Les images de la situation sanitaire en Italie au sein des hôpitaux ont été l’occasion de faire le constat de patients allongés en position ventrale. Aussi étonnante qu’elle puisse paraître, cette position se serait révélée bénéfique pour la qualité de respiration des patients.
Pourquoi cette technique ventrale fonctionne-t-elle ?
« Premièrement, il faut comprendre comment le virus fonctionne » précise Antoine Herpain, médecin et chercheur au service des Soins Intensifs de l’Hôpital Erasme (ULB) à RTBF. Son explication : « Il attaque l’intérieur des poumons, qui deviennent irrités, enflammés, et donc poreux.
L’eau qui est dans le sang va inonder certaines zones du poumon. Ensuite, si le patient reste couché sur le dos à l’hôpital, ce liquide va obéir à la loi de la gravité, et se déposer à l’arrière des poumons, vers le dos. ».
Puisque le sang circule majoritairement à l’arrière des poumons, une quantité considérable arrive dans les zones atteintes et « en ressort sans que le poumon ait pu l’oxygéner au passage », toujours selon l’explication du spécialiste.
Un gain de temps
Ainsi, l’avant des poumons constitue la zone qui demeure moins atteinte que l’arrière et fonctionne bien plus correctement. De ce fait, les équipes médicales procèdent à cette méthode.
Antoine Herpain explique que ce recours permet « de stabiliser le patient et de récupérer une meilleure oxygénation du sang ». Il nuance toutefois que ce n’est pas une méthode capable de guérir le poumon atteint mais que son intérêt réside dans le temps qu’elle fait gagner aux médecins.
Par ailleurs, le spécialiste reconnaît le caractère surprenant de cette technique De ce fait, il la qualifie comme « impressionnante, inconfortable et inhabituelle » avant de mettre en avant son intérêt. Car manifestement, la technique « peut sauver des vies ».
En outre, il ajoute que le procédé n’est pas exempt de risques et qu’il est principalement recommandé pour les patients qui présentent une atteinte particulièrement sévère (comme c’est le cas des ceux qui souffrent du syndrome de détresse respiratoire aigüe).
« C’est une méthode habituelle et bien validée aux Soins intensifs, pour traiter les plus graves problèmes d’insuffisance respiratoire de ce type-là. » conclut le médecin.
Le décubitus ventral
Une étude a été menée sur l’intérêt de cette position ventrale. Il a été question d’évaluer la réaction pulmonaire chez les personnes sévèrement touchés par le Covid-19 et qui nécessitent d’être mis sous ventilation tout en recevant une « pression positive », comme l’explique le docteur Qiu, l’un des auteurs de l’étude.
Quant à la pression positive, elle décrit la mise en situation d’un patient allongé sur le dos pendant qu’il reçoit une ventilation.
Le test en question a été réalisé sur 12 patients souffrant du SDRA et il a été conclu que « certains patients ne répondent pas bien à la pression positive, mais supportent mieux la position allongée sur le ventre. ». Cette étude a été publiée dans l’American Thoracic Society.